Andrea naquit dans un quartier modeste de Rio de Janeiro, elle passa son enfance dans la misère mais était entourée d’amour par sa famille et était donc heureuse. Sa mère, excellente cuisinière, tenait un petit restaurant sans prétention. Elle passait ses journées aux fourneaux à préparer les plats typiquement brésiliens que les locaux et certains touristes venaient consommer pour une modique somme. Andrea aimait sa mère plus que tout mais elle regretta, quand elle fut en âge de s’en rendre compte, que celle-ci n’ait pas plus d’ambition. Si sa mère avait cru un peu plus en elle, elle aurait pu travailler dans des cuisines qui n’étaient pas infestées de rats et gagner sa vie bien plus décemment. Mais voilà, les Moreno n’aspirait pas plus d’argent. Ils se contentaient de cet équilibre familial et des plaisirs simples de la vie. Le père d’Andrea travaillait dans une usine où il polissait toutes sortes de pièces en métal sans bien savoir ce qu’elles deviendraient par la suite. Pour amuser ses deux filles, il racontait qu’il taillait les pièces d’immenses vaisseaux qui partiraient explorer plusieurs galaxies. Andrea et sa petite sœur Lola ne connaissaient que l’école et les rues de Rio de Janeiro. Elles avaient vu des images de Pandora à la télévision et leur imaginaire de petites filles n’avait pas eu à se forcer pour faire de cette planète un véritable fantasme.

Malgré les différentes catastrophes naturelles dont notamment une tornade qui détruit tout leur quartier, la famille Moreno conservait une vision positive de leur vie. Aucun d’entre eux n’avait été blessé pendant la tempête, la mafia laissait leur famille tranquille, ils avaient des amis fidèles qui leur prêtèrent main forte pendant les moments difficiles. Mais Andrea, sans le laisser voir souvent à sa famille, engrangeait beaucoup de colère et de rancœur vis à vis de leur situation. Elle enviait les familles aisées, rêvait de sortir de ce cercle vicieux de la pauvreté et maudissait les éléments qui semblaient se liguer contre son bonheur. Elle étudiait à l’école autant qu’elle le pouvait pour réussir à changer de vie. Tout un chacun répète sans cesse à la nouvelle génération qu’il faut être brillant à l’école, que les études ouvriront les portes vers un avenir meilleur. Mais Andrea comprit rapidement que rien n’était moins vrai dans son cas. Elle travaillait dur, passait des heures sur des leçons que son père et sa mère ne pouvaient en aucun cas lui expliquer, dormait peu mais rien ne changeait dans sa vie. Elle devait toujours aider sa mère à faire tourner le restaurant, elle devait toujours se lever pour calmer sa petite sœur en larme quand ses parents étaient épuisés de leur journée de travail et surtout, elle n’obtenait aucune bourse pour ses études. Parce que son école de quartier minable n’avait aucune ressource pour lui apporter son aide, parce que personne ne prêtait attention à elle.

Sa professeur de portugais ne cessait de lui répéter qu’elle pouvait faire de grandes études, mais le directeur de l’école lui conseillait d’apprendre à faire le pain car ses parents ne pourraient jamais lui offrir les études qu’elle envisageait. Frais d’inscription à l’université, livres, uniformes, logement… Andrea voyait ses espoirs engloutis par les différences sociales tandis que sa mère tombait malade. Elle avait 14 ans et sa petite sœur 7 ans quand l’infection pulmonaire mit fin aux jours de leur tendre mère. Au chagrin s’ajouta l’aggravement des difficultés financières de la famille. Le père de famille, effondré et paniqué, finit par faire appel à la mafia. Il leur emprunta de l’argent sous le regard accusateur de sa fille qui lui en voulu éternellement pour cet acte. En saisissant ce qu’il considérait comme leur dernière chance, il précipita ses deux filles dans un gouffre sans fond.

Très rapidement, le père ne pouvant respecter les échéances de remboursements, des hommes armés vinrent les menacer. Les deux sœurs eurent à assister à plusieurs violences exercées contre leur père. Ils ne s’en prirent jamais à la plus jeune, mais attirèrent souvent Andrea vers eux afin de lui arracher ses vêtements devant son père et de lui proposer de l’argent pour profiter de ses charmes. Si son père avait été très influençable par le passé en se laissant embrigader dans ce prêt inextricable, il s’insurgeait à chaque allusion des mafieux sur la possibilité que son aînée puisse vendre son corps pour rembourser. Cependant, suite à une nouvelle altercation au cours de laquelle son père se fit trancher deux doigts devant elle et sa sœur, Andrea décida de réparer les erreurs de celui-ci et d’arranger la situation familiale en se prostituant.

Elle avait 16 ans lorsqu’elle se livra à la mafia, corps et âme, pour que sa famille soit épargnée. Sa beauté lui valut de devenir prostituée de luxe pour les riches Brésiliens. Le fait qu’ils soient fortunés n’en faisaient pas des hommes classes et corrects, bien au contraire. Ils supposaient que leur argent leur offrait tout ce qu’ils désiraient. Ainsi, Andrea fut traitée comme une moins que rien, comme un vulgaire objet pendant deux années. Elle fut régulièrement tabassée, elle avorta plusieurs fois et pleura de longues heures d’insomnies. Elle se sentait humiliée, elle était pleine de rage mais continuait pour sa sœur et son père qu’elle chérissait énormément. Son père mourût d’une crise cardiaque peu de temps avant qu’elle réussisse à effacer toute sa dette. Ainsi, Andrea se retrouva avec sa sœur de neuf ans dont elle devait prendre soin en plus de son travail. Elle s’en était douté, rembourser la dette ne serait pas suffisant, ils ne la laisseraient pas partir aussi aisément.

Ainsi, lorsqu’à 18 ans, un touriste Américain tomba amoureux d’elle, elle en profita. Vivre dans la misère, côtoyer la mafia et exercer l’activité de prostituée lui avaient appris beaucoup de choses sur l’être humain. Elle n’avait pas eu besoin de cours de psychologie pour comprendre les psychopathes qu’elle croisait tous les jours. Ainsi, elle avait développé, pour survivre, un art d’anticiper et de manipuler. Elle perçut dans les yeux de ce client régulier la flamme de l’amour et elle joua la jeune fille en détresse éprise de son prince charmant venu la libérer. En réalité, il n’avait rien de charmant, il avait vingt ans de plus qu’elle, il était bedonnant et sa voix mielleuse dégoûtait la jeune brésilienne. Seulement, ce n’était pas le moment de faire la fine bouche, elle était orpheline, la mafia la détenait et sa petite sœur passait ses nuits seule dans un taudis sans nom. Elle tomba alors virtuellement amoureuse de son sauveur, elle pleura dans ses bras, le supplia de ne pas la quitter et un mois plus tard, elle entrait pour la première fois dans un avion, une main serrée autour de celle de sa sœur et l’autre autour de celle de son futur mari.

Elle s’installa avec sa petite sœur dans le somptueux appartement de son prince et découvrit tout ce dont elle avait toujours rêvé. Le cinéma, les bâtiments gigantesques de Los Angeles, les Casinos, les robes hors de prix, les livres par milliers à sa disposition, la liberté d’expression, de mouvement… La vie en d’autres termes. Elle épousa son sauveur huit mois après son arrivée sur le territoire des Etats-Unis d’Amérique et se plongea dans une réflexion sur les diverses possibilités qui s’offraient à elle. Elle voulait absolument trouver un métier, faire carrière dans quelque chose d’important et elle gardait dans un coin de la tête ce fantasme irréalisable : Pandora. Ce qui provoqua sa décision fut les longues soirées passées devant la télévision quand son mari était en dîner d’affaires. Elle découvrit les meurtres, la criminalité, les gangs… Elle croyait que la mafia ne sévissait que dans son pays mais se rendit compte que même dans cette mégalopole, ils semaient la terreur. Elle décida alors de combattre le crime et étudia pour réussir les examens d’entrée pour la LAPD. Elle se met au sport intensif, apprend divers sports de combats tels que le Krav Maga et le Kung Fu et se rend compte qu’elle excelle dans le maniement des armes à feu. Elle est très douée et réussit du premier coup à rejoindre la police de Los Angeles.

Ses nouvelles fonctions la comblent, elle aime protéger le peuple Américain. Mais elle ne se cantonne pas à des opérations musclées pour envoyer une poignée d’hispaniques ou de noirs derrière les barreaux. Elle suit plusieurs formations en psychologie et devient une interlocutrice privilégiée avec le monde des ghettos grâce à ce qu’elle a vécu. Elle essaye donc à son échelle d’aider les pauvres gens qui se laissent avoir par les gangs comme son père s’était laissé avoir par la mafia et elle remet plusieurs délinquants dans le droit chemin.

Au bout de six ans de mariage, elle ne supporte plus de se mentir sur la relation qu’elle entretient avec son époux. Elle a développé pourtant une certaine affection pour lui au fil du temps et elle lui est éternellement reconnaissante mais, même si elle ne croit pas en l’amour, elle ne peut continuer à vivre dans l’hypocrisie. Ils se séparent en douceur, il ne lui en veut pas car il a compris. Ils restent bons amis même après le divorce et il vient régulièrement voir Andrea et sa sœur qu’il a accueillie sous son toit comme sa fille. Retrouvant son ambition dévorante, Andrea voit l’occasion d’offrir un meilleur confort à sa sœur en intégrant le SWAT. Elle aime beaucoup son métier et passe donc les tests avec succès.

A peine fut-elle intégrée que les candidatures pour l’expédition sur Pandora furent ouvertes. La jeune américo-brésilienne mourrait d’envie de tenter sa chance mais avait peur de laisser sa sœur seule. Elle avait bien réussi à lui obtenir la nationalité Américaine, mais elle n’avait que seize ans et avait peur de l’abandonner. Mais la plus jeune s’insurgea et poussa sa sœur à réaliser son rêve coûte que coûte car : « L’occasion ne se présentera certainement plus jamais ».

Elle céda à sa sœur assez facilement puisqu’elle en rêvait depuis son plus jeune âge. Ainsi, elle lut des dizaines de livres sur Pandora et envoya sa candidature. Elle y joignit plusieurs lettres de recommandations de ses anciens supérieurs et collègues de la LAPD ainsi que d’autres provenant de ses nouveaux patrons du SWAT. Elle écrivit une lettre de motivation très convaincante, dressa un CV détaillé et pria tous les Dieux qu’elle put. Elle n’y croyait pas réellement, pourtant sa réputation en tant qu’excellente négociatrice et combattante hors pair la placèrent dans la première sélection. Le cœur battant, elle passa toutes les épreuves et faillit défaillir quand elle apprit qu’elle faisait partie des 400 personnes qui allaient rejoindre Pandora. Elle suivit l’entraînement draconien jusqu’à la date fatidique du départ et se laissa placer dans la bulle de cryogénisation avec les larmes aux yeux. Ca y était enfin, elle allait voir la plus magnifique des planètes… Elle partait pour Pandora.

Depuis qu’elle est arrivée sur Pandora, Andrea ne fait que s’extasier des merveilles qu’offre cette planète. Elle est là pour défendre toute l’équipe contre d’éventuelles attaques de bêtes et, depuis qu’ils sont au courant, contre les mercenaires mais elle préfère encore se promener dans la forêts et sentir les odeurs délicieuses des plantes de Pandora. Elle effectue son travail quand on lui demande mais apprécie particulièrement les missions tranquilles où elle peut effleurer les fleurs multicolores et admirer les cascades suspendues. Ce monde féérique c’est son Eden, et elle aimerait sincèrement que la mission de négociation fonctionne et que sa sœur puisse la rejoindre sur ses terres un jour ou l’autre. Pour l’instant, elle n’a aperçu les Na’vis que de loin et son pauvre niveau en langue ne lui permettrait de toutes façons pas de leur faire de longs discours. Pourtant, elle est fascinée par ce peuple, peut-être parce qu’il a été opprimée. Probablement parce qu’il a beaucoup souffert et qu’elle se retrouve un peu en eux. Elle aimerait pouvoir communiquer avec eux à l’aide d’un membre de l’équipage maîtrisant leur langue, elle voudrait sincèrement découvrir leur culture plus avant. Les livres sont bien beaux mais ils ne remplacent pas la réelle perception des choses.

Dans la base, Andrea donne souvent son avis, peut-être un peu trop même, pour les stratégies de négociation. Elle se sent vraiment concernée par le sujet et veut donc tout faire pour que la mission fonctionne. Mais son caractère colérique et franc lui vaut la réputation de ne pas être vraiment fiable. Ainsi, certains considèrent que ses talents de négociatrice sont nuls et elle compte bien leur prouver le contraire.