Opal est la fille d'un colonel de l'armée canadienne, Oliver Hendrix. Bien que strict, c'était un homme bon et droit, qui a toujours essayé d'inculquer ses valeurs à sa fille, à laquelle il était attaché plus que tout.
Oliver était déjà vieillissant lorsqu'il a rencontré Prudence Smith, jolie secrétaire de quinze ans plus jeune que lui. Il en est tombé amoureux, et le couple s'est rapidement marié. Malheureusement, Oliver a eu tout le loisir de constater que malgré son caractère charmant, Prudence n'était pas d'une stabilité mentale à toute épreuve, et surtout bien trop immature pour être sa compagne idéale. Bien qu'elle appréciait le confort que procurait le fait d'être mariée à un homme riche et puissant, elle voulait continuer à profiter de la vie d'une façon qui ne convenait que moyennement au colonel. Cependant, étant très épris, il fit de son mieux pour fermer les yeux sur ces défauts et continuer d'être le plus heureux possible.
Malheureusement, tout s'aggrava lorsque Prudence tomba enceinte. Elle n'était pas prête pour cela, et incapable de l'accepter, fit un déni de grossesse. Oliver ne savait que fait, voyant sa femme afficher des rondeurs de plus en plus marquées tout en continuant de nier l'évidence. Jusqu'au moment de l'accouchement, elle refusa d'admettre qu'elle était enceinte ; inutile de dire que la naissance de sa fille fut un choc des plus durs pour elle, n'y étant absolument pas préparée. Elle faillit y perdre la vie et y laissa presque la raison. Le médecin qui s'était occupé de l'accouchement était un ami du colonel Hendrix, et décida de lui parler franchement : selon lui, Prudence n'était pas du tout apte à avoir un enfant, et avait été gravement éprouvée par cette épreuve inattendue. Pour sa sécurité et surtout celle de sa fille, il valait mieux qu'elle renonce à cette dernière. Oliver en fut dévasté, comprenant parfaitement qu'il lui faudrait choisir entre sa femme et sa fille. Choix qui lui fut plus ou moins imposé ; Prudence était tellement choquée et traumatisée de ce qui lui était arrivée, qu'elle ne put supporter de continuer à vivre avec lui, et divorça sur le champ avant de partir aux USA refaire sa vie. Oliver fut très peiné de la perte de sa femme, mais se consola avec sa petite fille, pour qui il entretint toute sa vie une grande affection.

Opal grandit donc sans mère, chose qui lui manqua un peu. Elle fut toute son enfance élevée par une succession de nounous, toutes compétentes voir affectueuses, mais cela ne comblait en rien le manque qu'elle ressentait. De sa mère, elle n'eut que de vagues informations données par son père qui manifestement ne tenait pas à s'étaler sur le sujet ; elle renonça donc rapidement à en savoir plus. Elle ne revit jamais Prudence et n'a aucune idée de ce qu'elle a pu devenir.
Le colonel Hendrix était un membre important de l'armée canadienne, aussi Opal a toujours grandit dans les hautes sphères décisionnelles. Elle avait l'habitude de côtoyer des personnages importants et célèbres, bien qu'au début elle ne comprit pas vraiment de quoi il en retournait. Son père avait refusé de faire un choix entre son travail et sa fille, aussi continuait-il à s'investir considérablement dans le premier, tout en traînant la deuxième avec lui. Opal était, heureusement pour Oliver d'ailleurs, une enfant déjà d'un calme et d'une patiente à toute épreuve, et elle supportait d'aller dans des endroits peu amusants pour une très jeune fille. Elle assistait aux conférences, réunions, comités, toujours aimable et discrète. Pour des raisons pratiques, elle suivait des cours à domicile avec un précepteur, et aurait donc mené une enfance terriblement solitaire et morne si elle n'avait pas rencontré Katherine Johnson.

Kate était la fille d'un ministre très militant qui luttait contre les corporations. Adrian Johnson menait son cheval de bataille avec une férocité qui lui valut de nombreux ennemis parmi les puissants contre lesquels il luttait. Son leitmotiv auquel il faisait souvent référence était l'échec cuisant de la RDA sur Pandora, et il s'en servait comme exemple à tour de bras. Comme Opal, Kate n'avait pas de mère, et comme elle, elle menait une existence solitaire ayant pour seule compagnie son père et le personnel chargé de son éducation et de sa sécurité. Elles avaient six ans quand elles se rencontrèrent, et devinrent immédiatement inséparables. Elles grandirent ensembles, partageant tout, leurs craintes, leurs rêves, leurs espoirs.
Kate adorait Pandora, baignée dans sa culture de par les activités de son père. Depuis toute petite, elle collectionnait tout ce qui parlait du sujet, et ne rêvait que d'une chose : pouvoir y aller un jour. Quand elle était enfant, elle se prenait même parfois pour un Na'vi, avouant à Opal qu'elle aurait mille fois préférer changer d'espèce. Elle apprit leur langue en autodidacte ainsi que tout ce qu'on pouvait savoir de leur culture. Avec une telle compagne, Opal apprit quasiment tout ce qu'elle savait sur les Na'vi et Pandora avant de choisir de participer à l'expédition. Même bien après, quand elle servit de garde du corps à Kate et que toutes les deux étaient bien plus âgées, elles continuaient de se parler en Na'vi, se servant de cette langue comme d'un code secret. Opal aimait aussi Pandora, sans partager pour autant l'enthousiasme de son amie ; elle n'aurait probablement jamais appris tout cela de son propre chef.

Opal et Kate avaient treize ans, quand la pire chose qui pouvait leur arriver se produit. Adrian Johnson avait déjà eu plusieurs menaces et tentatives de blessures, mais lorsqu'il échappa de justesse à l'explosion d'une bombe qui tua quatre autres personnes, il réalisa que s'il voulait continuer sa croisade, il ferait mieux de se mettre en sécurité. Craignant également des représailles pour sa fille, il la plaça sous surveillance dans un endroit secret, l'arrachant à Opal. Celle-ci pleura beaucoup la perte de son amie ; inconsolable et morose, elle perdit toute joie de vivre et se replia sur elle-même.
Oliver, ne supportant pas de la voir triste, essaya de trouver une solution à ce problème. Finalement, il finit par avoir une idée qui lui parut être convenable, d'autant plus qu'elle l'arrangeait aussi. En effet, il avait toujours voulu transmettre son savoir dans le domaine des armes à feu et du combat à sa fille, mais celle-ci n'en avait jusqu'ici pas trouvé d'intérêt. Il réussit à la convaincre de choisir le métier de garde du corps et d'apprendre à se battre, afin de pouvoir retrouver son amie et la protéger. Opal vit dans cette solution un pis-aller, qui ne lui permettrait pas de récupérer son amie immédiatement mais qui, elle l'espérait, lui permettrait de la retrouver et de vivre de nouveau avec elle.
Opal s'entraîna aussitôt, avec toute l'ardeur dont elle était capable. Sans laisser tomber ses études, elle suivit des cours de tir et de formation au close-combat. En vérité, l'essentiel de ce qu'elle apprit lui vint de son père, vétéran de l'armée, qui lui fournit de précieux conseils tout en étant enchanté de pouvoir enseigner tout ce savoir à sa fille. Si elle sait se battre au corps à corps, Opal afficha rapidement une prédilection pour les armes à feu, et devint une tireuse d'exception.
Après avoir obtenu son diplôme de fin d'études obligatoires, elle passa quatre ans en école de police en ayant pris une spécialisation dans la défense de personnes, afin de parfaire son éducation déjà solide. A vingt-et-un ans, elle était prête. Elle retrouva enfin Kate, avec qui elle avait perdu tout contact depuis plus de huit ans. Après les retrouvailles, elle lui jura de la protéger quoi qu'il arrive.

Malgré toutes les précautions prises, Adrian Johnson avait quand même succombé à un assassinat, deux ans plus tôt. Kate avait décidé de suivre les traces de son père, et d'honorer sa mémoire en reprenant le combat contre la main mise des corporations. Opal l'approuva et la suivit sans réserve, malgré tous les dangers que cela pouvait entrainer. Leur duo fit des merveilles et se montra d'une grande efficacité ; Kate avait toute confiance en Opal et n'hésitait pas à prendre des risques, sachant que son amie serait là pour la protéger quoi qu'il arrive. La menace posée par la comète Halley était un peu le cadet de leur soucis ; elles n'arrêtèrent leur croisade pour rien au monde. Elles obtinrent des résultats encourageants, mettant à jour des arnaques et des corruptions, ce qui valut à Kate une certaine célébrité, qu'Opal appréciait moyennement, consciente que cela ne faisait qu'augmenter les risques que courraient son amie.

En 2243, Opal continuait toujours de servir fidèlement son amie. Toutes les deux devaient prendre l'avion pour se rendre à une conférence très importante où Kate essayerait de convaincre les politiques de voter une nouvelle loi modérant l'influence du lobbie des corporations. Cependant, alors qu'elles s'apprêtaient à partir, Opal reçut un appel en urgence lui annonçant que son père venait de faire une crise cardiaque et avait été admis à l'hôpital. Très inquiète et déchirée entre son père et son devoir envers Kate, elle fit part du problème à cette dernière, qui insista aussitôt pour qu'elle renonce à l'accompagner et aille au chevet de son père. Opal céda avec réticence, peu encline à laisser Kate partir sans elle, mais son inquiétude pour son père l'emporta et elle se dépêcha de gagner l'hôpital. Malheureusement, elle était à peine arrivée qu'elle apprit la mort d'Oliver ; les médecins n'avaient pas réussi à faire repartir son coeur, et devant l'absence de toute réponse cérébrale, avaient déclaré le décès. Dévastée, Opal réussit cependant à surmonter son chagrin et à prendre les choses en main, profitant de l'absence de Kate pour organiser les obsèques et régler les dernières affaires de son père.
Quelques jours plus tard, elle se rendit à l'aéroport pour y attendre son amie. Alors qu'elle patientait, ayant hâte de recevoir le soutient et la compassion de Kate, une nouvelle catastrophe la frappa de plein fouet : on lui annonça sans plus de précision que son avion s'était écrasé et qu'il n'y avait aucun survivant.

Il n'y avait pas de mot pour exprimer l'horreur et le profond désespoir que ressentit la jeune fille. Que s'était-il passé ? Comment cela avait-il pu se produire ? Sans se soucier de l'avis des experts participants à l'enquête, elle se mêla de l'affaire et se rendit compte que plus elle en apprenait, plus elle avait de sérieuses raisons de croire que cet accident était en fait un attentat. Mais ce dernier avait été soigneusement dissimulé, si bien qu'elle ne pu rien prouver, et malgré toute son insistance, ne rencontra aucun soutient et réussit tout au plus à se décrédibiliser.
Dévastée, Opal avait perdu tout goût à la vie. Elle n'avait à présent plus aucun but, aucune motivation à laquelle se raccrocher. Pendant un an, elle sombra dans une profonde dépression, passant son temps en solitaire chez elle, vivant de l'héritage de son père et incapable de se décider à se remuer et se reconstruire. Elle ne cessait de se dire qu'elle n'aurait jamais dû laisser Kate partir sans elle, refusant d'admettre qu'elle aurait simplement péri avec elle ce qui n'aurait pas arrangé les choses. Elle perdit du poids et sa condition physique s'altéra, quoi que légèrement ; elle continua en effet de s'entraîner comme une furie, bien que cela était plus un moyen de se défouler qu'autre chose.

Opal fut profondément surprise et dubitative lorsqu'elle apprit l'existence du projet de retour vers Pandora. En effet, d'après ce qu'elle avait compris, cette expédition était plus pour préparer Pandora à la colonisation humaine qu'une tentative de pardon envers les Na'vi. S'il n'y avait eu Kate, elle n'aurait probablement jamais envisagé d'y aller. Mais aller sur Pandora, rencontrer les Na'vi et partager leur culture avait toujours été le rêve de son amie. Opal décida que le meilleur moyen de lui rendre hommage et d'expier ses fautes envers elle était de s'y rendre à sa place et de réaliser ce rêve qui aurait pu devenir réalité si elle avait vécu.
Aussitôt dit, aussitôt fait ; ce nouveau but l'aida à surmonter sa peine et elle réussit à se sortir de la mélasse dans laquelle elle s'embourbait depuis plus d'un an. Une fois sa décision prise, elle passa son temps à se remettre en forme, à s'entraîner de façon plus productive et à rafraîchir ses connaissances sur Pandora et la langue Na'vi. Elle participa à la section propre à son pays, et donna tout ce qu'elle put dans sa lettre de motivation, où elle mit toute l'ardeur et la passion que Kate avait pu lui communiquer. De longs mois plus tard, elle eut enfin la confirmation qu'elle avait passé la présélection, et se rendit au Texas avec les autres candidats.
Opal passa les tests avec un calme et une confiance qui l'étonnèrent elle-même. Elle se sentait un ne peut plus prête, et au fond d'elle était sûre de réussir. D'autant plus étonnant de sa part, elle qui a si peu confiance en elle... Manifestement, la motivation lui donnait des ailes. Et ce ne fut pas sans résultat, puisqu'elle apprit avec bonheur en novembre 2247 qu'elle faisait parti des heureux élus. Elle fit immédiatement ses bagages et alla retrouver ses camarades à la base Guyanaise où elle allait suivre son entraînement pendant deux longues années.

Opal fut quelque peu surprise d'avoir été choisie comme pilote d'Avatar. Elle avait postulé parce que c'était selon elle le meilleur moyen d'approcher les Na'vi, mais ne s'attendait pas réellement à être prise, pensant qu'on lui préfèrerait ses qualités de tireuse pour défendre la base. Néanmoins, elle fut ravie de ce choix, et comme les autres privilégiés mourrait de hâte à l'idée de parcourir Pandora dans ce corps si particulier.
Elle suivit sa formation avec une application exemplaire, avide d'apprendre et conscience du danger que représentait la planète pour un humain non averti. Toujours discrète et réservée, elle ne se mêla pas beaucoup aux autres membres de l'équipe, pas même aux autres pilotes d'Avatar qui formaient pourtant un groupe très soudé. C'est pourtant avec eux qu'elle passa les meilleurs moments de ces deux années ; lorsqu'elle découvrit avec émerveillement ce corps mi-humain mi-Na'vi qui allait être le sien, et surtout la première fois que son esprit fut projeté dans celui-ci pour le contrôler. Elle n'avait pas de mots pour décrire cette très étrange sensation de se retrouver ailleurs que dans son propre corps, mais une chose était sûre, bien que ce soit bizarre, c'était aussi en même temps assez agréable. Fascinée, elle en retrouva le sourire et apprécia tellement ses sorties qu'elle en venait à regretter lorsqu'elle devait regagner son corps d'origine. Se dire qu'on possède deux enveloppes charnelles dont on peut changer à loisir est mine de rien une pensée assez perturbante, mais bon...

2050, date du départ pour Pandora. Opal ne laissait personne derrière elle qu'elle ait pu regretter, aussi monta-t-elle à bord du Fortuna sans aucune hésitation. Quelque part, elle se sentait persuadée que, au moins pour elle, ce voyage serait un aller simple. De toute façon, l'idée de « perdre » cinq ans de sa vie plongée dans un sommeil cryogénique était déjà assez pénible pour avoir envie de renouveler l'expérience, du moins à son avis.

Cinq ans plus tard, Opal fut tirée de sa stase et put enfin gagner « la Tortue », petit nom du camp de base. La découverte de la flore luxuriante de Pandora fut un grand choc pour elle ; même si elle avait vu beaucoup de reconstitution du milieu, rien n'était comparable à cette nature inviolée et sauvage, elle qui avait à peine côtoyé les arbres chétifs de la Terre.
Une fois remise de ses premiers bouleversements, elle s'adapta assez vite à sa vie sur la Tortue, bien que la situation sur le lac ne soit pas des plus convenables pour elle à cause de son allergie au soleil. Toujours aussi discrète, elle continuait de mener sa vie et d'exécuter sa mission avec sa réserve habituelle. Pour le moment, vu que l'expédition vient tout juste d'arriver, elle n'a eu l'occasion de sortir que deux fois à l'extérieur, pour accompagner Eileen dans ses recherches. Elle n'a vu les Na'vi que de loin, et espère pouvoir rapidement leur parler.

Comme tout le monde, elle est atterrée par la découverte des mercenaires ; elle les imagine fort bien à la solde de ces maudites entreprises contre lesquelles Kate et elle ont tant lutter. Elle ne peut que prier pour qu'ils ne causent pas de problèmes...