Astro'news, Article du 8 mars 2245 : Raven Galloway, nommé responsable de l'expédition vers Pandora

Né le 21 octobre 2197 à Liverpool, Raven Galloway est le fils du très célèbre Cameron Galloway, ancien ministre de l'éducation dans les années 20, et Rachel Galloway, parlementaire du Merseyside dix ans plus tard. Les Galloway font carrière dans la politique depuis plus de quatre générations, et sont connus pour leur incorruptibilité et leur éloquence. Élevé dans la tradition familiale, Raven fit honneur à son nom, en atteignant de très bonnes places aux classements durant tout son parcours scolaire. Il fréquenta les meilleures écoles sans difficulté et était promis un avenir brillant selon tous ses professeurs. Pourtant, ce n'est pas les sciences politiques qui l'attirent à la sortie du lycée, mais la psychologie, qu'il étudiera à l'université d'Oxford, pendant trois ans avant de suivre un cursus de mise à niveau en politique et économie de deux ans. Avec dans ses bagages la maîtrise de trois langues : anglais, français et chinois, et le soutien de nombreux hommes politiques, il n'eut donc aucun mal à devenir diplomate pour l'état britannique.

On lui connait des débuts quelque peu difficiles, la diplomatie étant un milieu assez fermé et exigeant. Il dira lui-même n'avoir été convaincu de sa vocation et de son utilité qu'une dizaine d'années après s'être lancé. Ainsi, c'est sur un plan plus personnel qu'il s'épanouit après ses études, avec la rencontre en 2225 d'Ariane Levallois, journaliste française pour Le Monde. Ils se marieront deux ans plus tard, et auront trois enfants : Jade, en 2228, et Keith et Andrew, deux faux jumeaux, en 2230. Ils s'établiront à mi-chemin entre leurs villes d'origine : à Nantes, en France, où on leur connait une vaste propriété incluant une dizaine de chevaux, l'équitation étant l'une des passions communes des deux époux.

C'est dans les années 30 que le succès est au rendez-vous pour Raven Galloway. Il réussit quelques négociations mineures, en Chine tout d'abord où il se construisit une certaine notoriété notamment grâce à sa connaissance de la langue et des coutumes, puis en Russie. Mais c'est en 2237 qu'il signe sa plus grande réussite : Etats-Unis et République populaire de Chine s'affrontaient encore une fois sur la question sensible de l'armement nucléaire, quelques échauffourées faisant craindre une nouvelle guerre nucléaire. Connu pour son impact auprès des chinois, Raven Galloway a été recommandé aux américains par le gouvernement britannique. Il intervint et dirigea pendant trois jours les négociations de Hong-Kong, qui se soldèrent par un traité de destruction de 1000 têtes nucléaires dans chaque pays et l'assurance de non-agression. Raven Galloway venait de se hisser parmi les grands noms de la politique internationale.

Demandé de toute part, il fut pris dans une frénésie qui dura plusieurs années... jusqu'à ce que son épouse y mette fin, en demandant le divorce, en septembre 2239.

- FLASH-BACK -
Avachi dans le sofa de leur maison nantaise, Raven fixait sans la voir la table basse qui lui faisait face. Son épouse, ses talons cliquetant sur le marbre, s'avança et déposa des papiers devant lui. A ses côtés, son avocat restait plus immobile qu'une statue.
« Maintenant, pour préserver ta chère réputation, tu vas signer ce divorce à l'amiable et tout sera fini avant ton prochain départ. » annonça-t-elle avec suffisance en croisant les bras sur sa poitrine.
« Réputation ?! Ma réputation ?! I don't fucking care about that ! » explosa finalement Raven, depuis une demi-heure qu'il supportait les accusations et les exigences de celle qu'il aimait. « Si je dois signer ces papiers ce n'est pas pour mon job, ma réputation, moi-même ou même toi ! Je vais signer ces papiers parce que j'aime mes enfants et que je ne laisserais personne les blesser, pas même toi et ta demande de divorce ! Tu le sais parfaitement alors ASSEZ ! » Il attrapa papier et stylo, feuilleta violemment le papier sans même le lire, et parapha comme il lui était demandé. Il jeta ensuite les papiers au pied de l'avocat et se leva d'un bond. Ignorant sa femme, il monta les escaliers l'emmenant à l'étage. Quelques bruits de pas discrets lui indiquèrent que, comme il l'avait craint, ses enfants avaient suivi toute la scène. Il les retrouva dans la chambre de l'aînée. Ils le fixaient tous, le visage grave et les yeux larmoyants. Il s'agenouilla auprès d'eux et laissa couler ses larmes tandis qu'il les serrait contre lui pour la dernière fois. Il venait de renier ses droits de garde, fataliste, sachant que son métier n'aurait jamais permis le contraire.

On lui connait alors une période d'accalmie, que les tabloïds ont expliqué par une période de dépression intense suite à son divorce et à sa séparation de ses enfants. Ce qui est certain, c'est qu'après avoir cédé sa demeure nantaise à sa femme, il a vécu pendant un an auprès de ses parents, à Liverpool où se trouve leur demeure familiale. Lorsqu'il reprend, c'est avec un coup d'éclat, en intégrant les services diplomatiques de l'ONU, à partir de 2241. Connu pour sa position très ferme sur l'interdiction de tout voyage par une corporation marchande vers Pandora, il fit partie de la Commission à la Protection de Pandora, et effectua plusieurs allocutions sur ce thème et d'autres devant les représentants des Nations Unies.

En 2244, lorsque la possibilité d'une collision entre la Terre et la comète d'Haley défraie la chronique, de nombreux organismes privés et gouvernementaux paniquent. C'est le Crash Boursier. Poussé par ce vent de crainte apocalyptique, de nombreuses mesures hâtives auraient pu être prises au détriment de toute sagesse. Lors de la cession exceptionnelle du 18 septembre, Raven Galloway réussit à prendre la parole, appuyé par le gouvernement britannique, et parle en ces termes :

« Aujourd'hui, les forces de l'univers nous rappellent combien il était prétentieux pour l'Homme de croire qu'il lui était possible de toute contrôler, même les lois de la physique les plus incontrôlables. Cet évènement nous rappelle combien l'intervention de l'Homme dans l'organisation universelle peut entrainer la plus catastrophique des conséquences. Mais face à ce rappel effrayant, ne prouvons pas encore une fois que l'Homme n'est que folie et peur de la Mort. Nous avons quarante-six années devant nous. Ces quarante-six dernières années, des progrès remarquables ont été faits dans le domaine de la science. J'ose prétendre que dans les quarante-six prochaines à venir, on en fera tout autant et que l'Homme qui a été capable de produire cette catastrophe sera capable de l'arrêter. (Brouhahaha) Mais... (Augmentant la voix) mais ce n'est certainement pas en perdant notre sang-froid aujourd'hui que vous donnerez à vos enfants une vie meilleure ! Ce n'est pas en permettant à des opportunistes de profiter de cette situation de panique que vous prouverez votre capacité à gérer une telle situation. C'est en gardant la tête froide et en vous tenant aux idéaux qui sont celles de l'humanité depuis un siècle que vous prouverez à vos enfants que vous avez fait ce que vous deviez faire, et que vous pourrez les regarder dans les yeux en rentrant chez vous ! »

Le gel des décisions fut voté lors de cette séance, jusqu'à la mise en place du Sommet International de Shangaï, où les scientifiques ont enfin eu la parole pour proposer des solutions et propositions visant à éviter le pire. L'espoir revint et la panique retomba quelque peu. Cependant, les lobbies n'ont jamais cessé d'exercer leur pression, et Pandora était devenue un sujet récurrent lors de cette période de trouble. Le 28 décembre 2244, Raven Galloway s'exprime de nouveau à l'ONU, en sa qualité de Président de la Commission à la Protection de Pandora :

« Il est humain, et prudent, d'envisager le pire pour éviter le pire. Mais certains semblent atteint d'un excès de prudence maniaque si j'en crois les échos de propositions de quelques lobbys. Pandora, Pandora... ils n'ont plus que ce mot à la bouche, le présentant - à juste titre - comme le salut de l'espèce humaine. Cependant, quand on fait rimer Pandora et corporation, il n'est nul besoin d'être poète pour savoir identifier de la mauvaise poésie ! (Approbations, applaudissements.) L'humanité a peur du pire, peur de ne plus laisser derrière elle que le silence et des fossiles pour seuls témoins de notre passage sur cette terre. Pandora oui, mais Pandora pourquoi ? Pour la survie et l'enrichissement de quelques capitalistes égocentriques et ambitieux qui ne reculeraient devant rien pour assurer leur sécurité ?! Ou pour la survie d'une espèce, de ses peuples aux multiples cultures et à l'histoire si complexe, qui serait prête à habiter et vivre en collaboration avec les Na'vis pour assurer sa subsistance et la perpétuité de sa mémoire ?! (Acclamations) La mémoire d'une humanité qui a toujours su passer outre les pires moments de son histoire pour en ressortir spirituellement meilleure ! N'est-ce pas là ce que nous pouvons espérer la tête haute ?! (Approbations diminuant jusqu'au silence) Je ne suis pas naïf, je ne pense pas que nous puissions prétendre à la préservation éternelle de Pandora sans présence humaine : tôt ou tard, les lobbys auront raison d'une résistance centenaire et faiblissante. Le retour de l'Homme sur Pandora est inévitable. Ce que nous devons décidé c'est dans quelles conditions ce retour doit avoir lieu. (Pause) Ce que je vous propose, c'est une expédition internationale à visée scientifique et diplomatique, gouvernée par l'ONU (brouhaha croissant, augmentation de la voix) ET libre de toute prise corporatiste et lobbyiste ! (Standing ovation ; suspension de séance). »

Raven Galloway avait en somme deviné que le vent tournait et que l'interdiction ne tiendrait pas longtemps. Il avait donc coupé l'herbe sous le pied des multinationales qui souhaitaient en faire leur initiative et placé cette expédition sous la coupole unique des gouvernements. C'était un pari un peu fou, mais qui réussit : le 11 février 2245, l'ONU vote ce projet à 86% de voix pour. Raven Galloway est nommé dirigeant du projet à 53% de voix.

Raven s'était à peine installé à son bureau que son adjoint entra dans la pièce, un gobelet de café dans une main, un micro-disk dans l'autre. Attrapant le café qu'il porta à ses lèvres, Raven entra le micro-disk dans son ordinateur et haussa un sourcil lorsque la liste de données s'afficha.
« C'est la liste des candidats retenus après les tests, tu voulais l'avoir non ? » fit Carl, son adjoint en haussant un sourcil. Lorsque Raven hocha la tête, il rajouta : « Et tu vas sérieusement la lire en entier ? »
« Bien sûr... bon, les détails seront pour plus tard, mais je vais diriger ces gens pendant deux ans et plus encore, il faut bien que je les connaisse non ? »
« Quatre cent personnes Raven, il te faudra plus que deux ans pour les connaitre par coeur. »
« Oui... C'est pour ça que je commence maintenant. » approuva Raven en levant les yeux, un sourire en coin. En reposant les yeux sur son écran, il hocha la tête avec satisfaction. « Deborah Harel a complété les tests, bien. »
« Elle peut, tu t'es quand même déplacé exprès au Cambodge pour la sortir de taule ! Franchement Raven... »
« C'est l'une des meilleures. J'ai besoin des meilleurs pour cette entreprise. Et puis, elle était emprisonnée à tort. » s'expliqua-t-il en haussant les épaules.
« 500 milliers d'euros Raven ! Pour une archéologue ! Y en avait des dizaines prêts à prendre sa place ! »
« Oui... mais c'est elle qui a été sélectionné. » conclut le diplomate en reposant son café. « Alors, la Guyane, tout est prêt ? Le planning aussi ? »
« Ouais, ouais... tu vas sérieusement suivre le programme de taré qui est prévu pendant deux ans ? »
« Bien sûr, je suis peut être désigné comme responsable mais pas arriviste. Souffrir ensemble, ça rapproche les gens et assoira ma position... et puis, ça me remettra en forme. »
« Ouais... t'es maso Raven, c'est tout ce qu'il y a à savoir. »
« Du tout. Passionné et prêt à tout faire pour que cette entreprise marche, tout simplement. »
« Oh... crois-moi, avec toi à leur tête, ça va marcher ! » assura Carl en refermant la porte du bureau derrière lui.