Pandora virtuel, Amour bien réel - Mireia

V

oilà bien une bonne heure que les oreilles de Seth étaient assaillit par les cliquetis réguliers de son clavier ergonomique. Ses doigts parcouraient les touches à une vitesse folle, presque surhumaine. C’est qu’il était en retard, voilà 20 minutes que cette mise à jour aurait dû être appliquée sur Mnémosyne, l’Intelligence Artificielle de la base, il entendait déjà cette dernière ce plaindre du manque d’attention flagrant qu’on lui portait. Un ordinateur intelligent avait tendance à reproduire les émotions et réactions humaines pour rendre optimale la communication avec l’espèce. Mnémosyme réagirait à ce retard de la même manière que l’aurait fait un être normalement constitué. Bien-sûr, il existait des systèmes limitant les sensations de l’IA, pour éviter les dégâts si elle devait se mettre en colère et pour s’assurer d’une soumission totale à l’autorité humaine, mais, justement, ses systèmes étaient inefficaces et requéraient une mise à jour. Mise à jour qui tardait à être installée sur le système.

« M. Sullivan, vous avez fixé un rappel pour un rendez-vous avec Mme. Araya dans 10 minutes »

La voix robotique de l’IA provenait des haut-parleurs disséminés dans la pièce. Seth n’avait pas oublié ce rendez-vous, il attendait avec impatience l’heure fatidique où il se retrouverait seul en compagnie de Mireia. À cette simple idée, cette image mentale tout simple, son cœur s’emballa, il dû respirer encore plus fort pour lui fournir l’oxygène dont il avait besoin. Il calma sa respiration, bien vite transformée en toux profonde, d’une forte dose de médicaments de son inhalateur. L’instrument avait beau le maintenir en bonne santé pulmonaire, il le détestait. Seth était contraint de l’avoir en permanence sur lui pour contrecarrer les effets d’une éventuelle crise. Même plusieurs années plus tard, il gardait les lésions d’une infection pulmonaire grave contractée durant l’enfance, alors qu’il vivait encore dans un quartier pauvre sur-pollué en plein secteur industriel. Pour rien au monde il ne retournerait à son ancienne vie, sa vie, dorénavant, se déroulait aux côtés de Mireia sur Pandora. La voix de l’IA, teintée de sarcasme, émana à nouveau des haut-parleurs. Seth eut un petit sursaut lorsqu’elle l’extirpa de ses pensées.

« 10 minutes, ça ne vous laisse pas beaucoup de temps pour appliqué cette mise à jour, j’imagine que la belle Mireia Araya passera devant moi. Je vais rester libre quelques heures supplémentaires. »

Seth poussa un soupir, les systèmes de servitude avaient vraiment besoin d’entretien. Il ignora la remarque de Mnémosyme et retourna à sa tâche avec un zèle renforcé. Seth ne voulait absolument pas repousser son rendez-vous avec Mireia, elle qui avait été si heureuse lorsqu’il lui avait soumis son idée. Il fallait admettre que cette idée était superbe, qui d’autre que lui aurait songé à créer une représentation 3D des lieux les plus merveilleux de Pandora à partir des dessins de l’illustratrice scientifique ? Personne. Seth devait admettre que le graphisme n’était pas son champ d’expertise, mais il estimait se débrouiller suffisamment bien avec le logiciel d’édition et de création 3D pour réaliser quelque chose de présentable qui plairait à Mireia.

On cogna à la porte, c’était elle, Seth s’accorda un moment pour regarder l’écran haute qualité de son ordinateur. Une trentaine de minutes, c’est tout ce qu’il lui fallait pour terminer et appliquer la mise à jour. D’un côté, sa conscience lui dictait la bonne conduite : il devait achever son travail qui était d’une importance capitale pour le bien-être de tous. De l’autre, son instinct lui répondait d’aller ouvrir la porte, qu’il avait droit à un moment de répits et que la Tortue serait toujours là lorsqu’il aurait terminé. Son choix était fait : il alla ouvrir la porte.

La poignée bougea sous sa main tremblante et lorsque la lourde plaque eut terminé sa course autour du pivot des pentures, il la vit enfin. Elle était simplement merveilleuse. Mireia tenait dans ses bras des piles de dossiers – sans doute des dessins de Pandora. Seth était littéralement paralysé, béat. Il la regardait avec un grand sourire, les responsabilités relatives à son poste étaient maintenant derrière lui. Enfin, il pu prononcer un semblant de phrase :

« Ah ! Mi… Mi… Mireia, enfin ! Content de voir que tu as pu te libérer de tes obligations »

s’écarta pour laisser entre la jeune femme, il la débarrassa de ses piles de croquis qu’il posa soigneusement sur la table. Dos à elle, il prit quelques secondes pour calmer sa respiration, il ne pouvait pas risquer une crise maintenant ! Satisfait, il se retourna vers son invitée.

« Alors, comment vas-tu ? Tu es prête à entamer la maquette en trois dimensions ? »

Il lui sortit une chaise pliante de derrière un classeur et l’invita à s’asseoir d’un grand geste de la main alors que lui prit place sur son siège. Il ouvra le programme de modélisation et ferma la douzaine d’applications qu’il avait ouvertes en prévision de la mise à jour.

*Ça attendra*

- Invité - Invité

* Pourquoi tous les matins je pense à Pouff ? Il me manque tant que ça ?...*

Vous vous demandez surement qui est Pouff. Eh bien non, ce n'est pas son fauteuil préférer sur lequel elle adorait plus que tout passer des heures avachies, non, c'est juste son chien. Chien qui est en ce moment même chez sa mère qui a très gentiment accepter de le récupérer.

*En y repensant, elle a dû croire que ce n'était pas pour longtemps et que je reviendrais vite le chercher ... Pauvre maman, il est particulièrement intenable en plus sans moi ...*

Eh oui, Pouff était un chien très capricieux. Elle avait bien essayé de le faire garder par une amie, un jour, alors qu'elle voulait sortir avec son ex petit ami, mais il l'avait rendue tellement folle qu'elle l'a suppliée de venir le reprendre à peine une demi-heure après leur départ. Il n'y avait que chez sa mère qu'il se tenait à peu près sagement et encore. Et maintenant vous vous questionnez sur l'origine de son nom. Pas la peine de chercher très loin, le fait est que lorsque Pouff est avachi par terre comme une grosse m***e, ce qu'il fait très souvent, il ressemble effectivement à un pouf. Bon, certes, un pouf qui serait un peu raplapla pour on ne sait quelle raison (des trop grosses fesses ?), mais un pouf quand même aux yeux de la jeune femme, qui a, vous l'admettrez, beaucoup d'imagination.

Enfin bref, passons sur Pouff puisqu'il l'est plus là et attelons-nous plutôt à cette journée chargée. Car oui, elle l'était affreusement ! Pas pour un travail trop intense ou pour une demande de dessins urgents, non, juste parce qu'elle avait rendez-vous avec Seth Sullivan cet après-midi. Il l'avait invité un peu plus tôt dans la journée, lorsqu'ils se sont croisés par hasard dans les couloirs, à faire une petite expérience. Il lui avait proposé de créer une image 3D de Pandora à partir des dessins de la jeune femme. Séduite, elle avait de suite dit oui, sans vraiment réfléchir. Ce à quoi elle n'avait pas pensé sur le coup et qui lui vint en mémoire beaucoup plus tard, c'est premièrement qu'elle devait se faire belle et qu'elle ne savait pas quoi mettre, mais ça c'est mineur et deuxièmement, c'est qu'ils allaient se retrouver probablement seuls dans la même pièce, collé devant un écran d'ordinateur ... Là c'est déjà plus problématique ! Et oui, Mireia en pince pour le beau brun et malheureusement sa présence dans la même pièce qu'elle atteint un tant soit peu ses facultés mentales, autrement dit elle devient complètement gaga ... Ce qui, vous l'avouerez, est assez problématique, surtout si ses sentiments ne sont pas partagés et qu'elle se retrouve crétine à ne pas trouver ses mots et à rougir tandis que lui carbure sur son ordi ... La situation était donc assez critique. Arrivée dans sa chambre, après avoir mangé, elle s'attela à la grande tâche qu'était celle de se préparer. Mais bon, que faire à par se recoiffer et arranger ses habits, ici, sur une base loin de toute société humaine ? Pas de maquillage, ce qui n'est pas très grave puisqu'elle n'en est pas très friande, pas de parfum, ce qui est déjà plus problématique, et pour le déodorant, on fait avec ce qu'on a ... Elle décida donc de prendre une douche, histoire de décompresser un peu. Une fois habillé et les cheveux secs, l'heure du rendez-vous approchait à grand pas. Mais, alors qu'elle sautillait presque dans sa chambre, l'horreur se fit voir sur son joli petit visage. Ces dessins ! Elle en avait fait pas mal depuis qu'elle avait commencé à dessiner Pandora, mais elle ne savait plus vraiment où elle les avait tous rangés ...

* C'est incroyable ça c'est tout moi ! Même sur une autre planète je réussie à mettre ma chambre en bordel et a pas savoir où sont mes affaires ! Pourtant elle est pas si grande que ça ma chambre ! Quelle gourde ! En plus il me reste plus beaucoup de temps ! *

Elle se précipita alors sur ses tiroirs et sur ses tonnes de cahier pour trouver le moindre dessin en rapport avec Pandora. Elle fouilla même son placard à habit ! Et devinez quoi ?! Elle y dénicha deux calepins remplis de dessins des paysages fantastiques qu'elle avait pu observer. Décidément, l'ordre et elle cela ne faisait vraiment pas deux (plutôt dans les 10 000 ...) ! Une fois tous ses croquis rassemblés, elle se précipita vers le Quartier Ouest, le Quartier Scientifique, où se tenait le bureau de Seth, au Laboratoire. Elle était tellement pressée et avait tellement peur d'être en retard qu'elle n'avait pas pris la peine de ranger et d'organiser ces dessins si bien qu'elle était complètement surchargée et manquait d'en perdre au moindre virage.
Après quelques feuilles par terre, elle arriva devant la porte du bureau de son gros coup de coeur du moment. Elle s'arrêta deux minutes, pris une grande bouffée d'air pour reprendre son calme et frappa à la porte, tant bien que mal avec toutes ces feuilles dans les bras. Après quelques secondes il lui ouvrit. Il semblait un peu mal à l'aise et bien sûr elle le pris pour elle ...

*Oh mon dieu, je dois avoir l'air cruche avec cette pile de feuilles désordonnée dans les bras ! *

Comme un parfait gentleman, il l'aida et la débarrassa de ses croquis qu'il posa sur la table à côté de l'ordinateur. Plus elle le regardait et plus elle sentait ses joues chauffer, elle avait terriblement peur de rougir et que cela se voit. Habituellement elle rougissait peu, mais elle n'avait encore jamais vécue cette situation, et elle n'avait pas été aussi attirée par un homme depuis longtemps. En même temps sa tête lui disait de fuir pour ne pas souffrir à nouveau, mais son cœur lui disait de s'asseoir sagement sur la chaise que Seth venait de lui sortir et de rester autant de temps qu'elle le pouvait à ses côtés. Et malheureusement, Mireia a toujours écouté ce que lui disait son cœur. Elle s'assit donc à côté de lui, un sourire timide collé aux lèvres.

« Oui, je suis prête, même si je ne sais pas vraiment vers où je vais puisque je n'ai encore jamais fait ce genre de choses ... Et toi ça va ?... »

Toute timide qu'elle l'était devant lui, elle n'osait presque pas le regarder. Mais cela ne l'empêcha pas de remarquer de nombreux détails de son visage qu'elle n'avait encore jamais vue et qui le rendait encore plus adorable, notamment cette fossette légèrement plus prononcée sur la joue droite lorsqu'il sourit, ou encore cette carrure qu'elle ne lui avait pas remarquée au part avant.

* Mais c'est qu'il a l'air assez musclé sous son T-Shirt lâche ! Hum, Mireia, reprend toi ! *

« Tu as passé une bonne journée ?... Depuis qu'on s'est croisé ... »

L’émotion qu’éprouvait Seth à cet instant précis était indescriptible, il ne l’avait jamais vécu auparavant. La proximité avec Mireia avait quelque chose d’enivrant, de magique. Pour la première fois de sa vie, il expérimentait l’Amour. L’Amour, le vrai, rien n’avoir avec celui qu’il avait dit éprouvé avec une poignée de femme durant sa vie. II comptait ses anciennes conquêtes sur les doigts d’une main, aucune relation n’avait fait long feu. Les femmes qu’il avait connu avaient tous un défaut commun : elles n’étaient pas Mireia. Toute sa vie il avait eu l’impression qu’il devait se réserver pour une seule personne, même sans la connaître. Seth était persuadé d’avoir trouvé son âme sœur, elle était là assise à ses côtés. Les amants étaient si proches que, de temps à autre, leurs jambes s’effleuraient sous le bureau exigu. Chaque contact était comme une décharge électrique qui remontait ses nerfs jusqu’à son cerveau, il éprouvait alors une indescriptible sensation.

« Alors ? demanda-t-il pour s’obliger à sortir de sa léthargie, tu aimes ?»

En fait, la création ne ressemblait pas à grand-chose pour le moment, voilà à peine une demi-heure qu’il s’y attelait. À l’écran s’affichait de grandes formes organiques, en plissant les yeux et avec un peu d’imagination, on commençait à distinguer la silhouette des principaux éléments qui composaient le dessin de Mireia. Rien de très fidèle à la qualité exceptionnelle des œuvres de l’illustratrice. Le logiciel était très complexe, mais à mesure qu’il créait les éléments, il tentait d’en expliquer le fonctionnement à Mireia. Il fut fier de constater qu’il bégayait à peine quand il s’exprimait, il avait cette désagréable habitude en présence de la jeune femme.

« Oh… qu’ils sont choux tous les deux ! »

Qui d’autres que Mnémosyne aurait pu prononcer cette phrase embarrassante ? La voix métallique de l’IA était maintenant dénuée de toute neutralité. Il ne s’agissait plus d’une « teinte » de sarcasme, mais bien d’un ton soigneusement calculé. Signe révélateur que les systèmes assujettissement étaient en dégradation constante. Mnémosyne possédant une intelligence artificielle très développé, elle était capable de s’adapter aux codes du système de contrôle et donc de les rendre inopérant. Ces capacités d’adaptation l’a rendait capable de maîtriser toute situation et de faire de propres modifications à son programme lorsqu’elles s’imposaient. Seth avait trouvé l’idée de rendre l’IA autonome fantastique, mais dans sa conception, il n’avait jamais pensé qu’elle utiliserait ce pouvoir pour provoquer son émancipation. Ainsi, le système de contrôle des émotions et actions avait constamment besoin d’être ajusté en fonction des rectifications faite par l’IA et comme elle était bridée, Seth devait se charger son mettre à jour, pour elle, les autres systèmes la composant. Dans les faits, son rôle consistait à faire ce que l’IA aurait pu faire sans ses entraves. Quoi qu’il en soit, la phrase de la machine avait produite l’effet escomptée, Seth était rouge comme une tomate trop mûre. Il ne pouvait s’empêcher de sourire pour faire croire à une plaisanterie de la part de la machine.

« Tu m’excuses une seconde ? demanda-t-il à Mireia »

Sans vraiment attendre de réponse, il bascula de fenêtre. Ses doigts recommencèrent à pianoter à une vitesse folle sur le clavier ergonomique. Il ouvrit quelques fenêtre et en quelques clics installa dans sur l’IA une ancienne version du système. Il n’était qu’à moitié opérant, mais elle s’était tellement adapté de puis qu’il lui faudrait deux bonnes heures pour se reconfigurer, il aurait l’esprit tranquille durant ce temps là. Il expliqua vaguement à Mireia que c’était une mise à jour qui ne pouvait pas attendre – était c’était vrai – et retourna à son montage en trois dimensions. Il fit quelques clics, ajustant quelques formes en se basant sur les dessins de la femme. Après quelques secondes, une des formes disgracieuses prit l’apparence d’une ravissante plante. Seth ne connaissait pas suffisamment la flore pandorienne pour l’identifier, mais elle était magnifique. La représentation 3D donnait un rendu excellent et Seth n’en était pas peu fier. Il ne restait plus que 3 milles pixel à découpé comme ceux-ci, une affaire de quelques heures, plus que deux, malheureusement. Il devrait encore charger quelques vieilles version du système pour s’assurer de la collaboration de l’IA.

« Regarde ici, dit-il en pointant la plante, j’ai commencé le découpage des formes, on devrait commencer à voir quelque chose de concret. »

S’en n’était ridicule, il était incapable d’entamer une conversation sensée, il était tout bonnement subjugué par sa beauté. Son visage franc, jovial ponctué de rouge au niveau des pommettes, ses yeux d’un brun magnifique, presque noir, ses cheveux soyeux, sa poitrine de bonne taille - une réflexion vicieuse, il l’admettait, mais il n’était pas évident de ne pas regarder – tout en elle lui plaisait physiquement comme psychologiquement parlant. Il commença, sans vraiment réfléchir:

« Tu as de belles courbes, il s’interrompit, les yeux ronds, les joues rouges, il tenta maladroitement de se reprendre, euh… je veux dire c’est une belle courbe ? Le 3D je parle… »

*Bravo le génie, des milliards lignes de codes à corriger t’effraient moins qu’une amie dans ton bureau *

C’était bien le problème, Mireia était, pour lui, plus qu’une amie c’est juste qu’elle n’était pas au courant encore. Seth savait sa situation précaire, il se mériterait sans doute une belle gifle et un regard froid. Elle partirait et il perdrait toutes ses chances, il fallait être fou pour croire que l’affirmation n’était qu’une tournure de langue.

- Invité - Invité

Au bout de quelques minutes elle semblait s'être "habituée" à cette proximité, sauf que de temps en temps, leurs jambes s'effleuraient sous la table, et là, paf, la dégringolade, elle rougissait de nouveau et se triturait les doigts sous la table. Elle essayait tant bien que mal de se reprendre et après quelques situations de ce genre, elle parvint à gérer son rythme cardiaque et sa gène. Le fait qu'elle arrive à se contrôler la rendit plus à l'aise. Et comme elle n'était pas vraiment d'une nature très timide, elle se permettait même de voir leur travail d'un œil plus professionnel et non de mater sans arrête les épaules musclées de son partenaire, ou ces beaux yeux bleu océan. Elle se permit même de se rapprocher un peu plus de lui, sans vraiment le remarquer, pour mieux voir leur travail sur l'écran.
Elle lui fit un signe de la tête pour lui montrer que ce qu'ils avaient fait jusque là lui convenait. Elle appréciait réellement ce moment passé à ces côtés et visiblement c'était partit pour durer encore un petit moment vu le peu de choses qu'ils avaient fait pour l'instant. Bien sûr, c'était une technique assez complexe, ça Mireia le savait puisqu'elle avait des amis qui avaient tenté de lui expliquer. Mais c'était la première fois qu'elle le faisait elle même, enfin plutôt contribuait à le faire. Elle se sentait de plus en plus à l'aise aux côtés du beau brun. Il semblait savoir ce qu'il faisait et, il faut l'avouer, sa maitrise de l'informatique impressionnait grandement la jeune femme. Après tout, c'est quand même lui qui a créé l'IA de la base ! Et d'ailleurs, en parlant du loup, juste au moment où elle pensait à elle, c'est comme si elle lisait dans ces pensées, Mnémosyne manifesta sa présence.

« Oh… qu’ils sont choux tous les deux ! »

Le temps de réaction de Mireia fut un peu long, elle eut donc tout le temps de contempler les rougeurs sur les joues de son ami et de ne rater aucun détail de sa gène qui, il faut se rendre à l'évidence, le rendait encore plus craquant. Elle n'eut pas vraiment le temps de sourire par contre car deux secondes plus tard, ses joues se colorèrent elles aussi de rouge alors qu'elle comprenait, un peu tard j'avoue (c'est surement l'amour qui lui ramollie le cerveau), l'allusion de l'IA sur leur situation. Mireia n'osait plus détacher ses yeux de ses doigts. Elle n'avait jamais été aussi gênée de sa vie tout entière. Sûrement qu'elle n'avait encore jamais vécue une situation aussi étrange ... En fait si ... Et c'est en s'apercevant qu'elle avait vécue bien pire qu'elle commença à se demander pourquoi là cela lui paraissait différent. C'est comme si tout ce qu'elle avait déjà traversée s'effaçait aux côtés de Seth. C'est comme si elle était redevenue une enfant, qui a tout à découvrir, face à ce jeune homme qui lui plaisait plus que beaucoup (je sais c'est pas terrible comme formulation). Elle n'avait encore jamais ressenti ça, elle en était certaine. Sans s'en rendre compte, son passé venait de s'effacer, elle n'avait plus peur de cet amour naissant, elle ne pensait plus à son ex petit-ami, le seul qu'elle n'ait jamais eu et qui l'eut fait autant souffrir. Non, tout cela, elle n'y pensait plus. C'est comme si le jeune homme assis à côté d'elle avait tout éclipsé. Comme si en fait la seule chose qui lui fallait c'était lui et rien d'autre. Et elle vivait cette nouvelle sensation comme une sorte de libération. Comme si elle n'avait vécue que pour ce moment, que pour cet homme, que pour cet homme, que pour ce futur qu'elle désirait à présent plus que tout bâtir à ces côtés.
Elle était tellement plongée dans ces pensées et dans sa réflexion nouvelle qu'elle ne remarqua presque pas qu'il avait fait une rapide modification à Mnémosyne. Il faut dire que ses doigts courraient tellement vite sur le clavier qu'en deux minutes c'était réglé. Juste assez de temps pour permettre à Mireia de reprendre ses esprits et de faire comme si de rien n'était, alors qu'en fait tout venait de changer.
La seule chose qui coinçait c'était que la jeune femme n'oserait jamais se dévoiler. Elle était devenue bien trop faible face à cet homme, et elle avait peur de ne jamais pouvoir s'arrêter si elle commençait à dire ce qu'elle ressentait. Et puis ce qu'elle redoutait le plus c'était une réponse négative de la part de Seth. Si cela devait se produire, il serait probable que cette fois-ci son cœur ne tienne pas et qu'elle en meure de chagrin. Elle reprit entièrement ses esprits juste à temps car il s'adressa justement à elle à propos de l'image 3D. Si elle avait encore été dans son état secondaire de réflexion, elle serait restée comme une andouille lorsqu'il l'aurait regardée en attendant son avis.

« Regarde ici, j'ai commencé le découpage des formes, on devrait commencer à voir quelque chose de concret.

-Ah oui, je reconnais ce dessin ! J'en ai vu pas mal de ces plantes dans les environs. Ça aime beaucoup l'eau. »

Elle se concentra de nouveau sur l'écran sans trop faire attention à ce qui pouvait se passer autour. Tout ce qui l'obnubilait pour l'instant c'était leur travail et Seth lui-même? Elle enregistrait le moindre de ses gestes, la moindre de ses mimiques, et devenait de plus en plus folle de lui. Alors qu'elle se re-concentrait sur l'écran, il lui fit une réflexion.

« Tu as de belles courbes, dit-il d'abord. Puis il sembla prendre compte de ce qu'il venait de dire car, rougissant, il tenta de se rattraper. Euh... je veux dire c'est une belle courbe ? Le 3D je parle... »

Elle le regarda du coin de l'œil et, sans réfléchir là encore, répondit.

« Merci. Toi aussi. »

Malheureusement la dessinatrice avait parlé avant que la femme amoureuse n'ai pu la muselée. Elle rougit donc deux secondes après avoir parlé, elle aussi à cause de sa propre remarque, et le regarda avec un sourire timide aux lèvres (et le rose aux joues).

* Pitié qu'il se dise que c'est mon œil de dessinatrice qui se dit ça ! Quelle gourde ! Pourquoi donc a-t-il fallu que je réponde ça ?! J'aurais pas pu dire "oui oui, très belle courbe 3D" ! *

Elle tenta de noyer l'affaire en trifouillant dans ces dessins.

« Où est-ce que je l'ai mis celui-là ... Ah voilà, est-ce qu'on pourrait mettre ça là ? Demanda-t-elle en montrant le dessin et l'emplacement sur l'écran. »

Malheureusement, elle avait déstabilisé la pile de feuille et du coup une bonne moitié des dessins tombèrent par terre.

« Oh mince ! Quelle blonde ! »

Elle s'empressa de se lever pour les ramasser alors que ses rougeurs au visage commençaient à remontrer le bout de leur nez.

Plus sa rencontre avec âme sœur passait, plus les choses s’empiraient. Mireia était tout simplement sublime, là n’était pas le problème. Le problème, c’est que Seth et carrément obnubilé par sa collègue, et commentait de plus en plus d’erreurs stratégiques. Ses joues rouges, ses mains moites, son regard qui fuyait le sien et autant d’autres preuves de son énervement le trahissait. Il était sensé garder contrôle de lui-même, pas fondre devant cette femme aussi attirante soit-elle. Il devait ravaler ses airs de puceau en manque et reprendre la maitrise de ses émotions, calculer et préparer chaque réponse, anticiper chaque réaction et au besoin s’adapter. Bref, tout ce que lui avaient enseigné des années intenses de programmation et de piraterie informatique. Seul hic, les femmes étaient, en général, bien plus complexes que les ordinateurs. Celles qui ne l’étaient pas ne l’intéressait pas, il n’y avait pas de défi.

Citation :: « Merci. Toi aussi. »

Au diable le self-control, ces trois mots venaient de réduire à néant toutes ses belles résolutions. Ainsi, à cet instant, Mireia était aussi intimidée que lui, ça devait signifier quelque chose… Comme si c’était encore possible, le visage de Seth prit une teinte encore plus écarlate. Quiconque l’aurait vu dans cet état hors contexte, aurait entamé de suite une réanimation cardio-respiratoire. Il dû prendre une autre dose de médicament pour soulager ses bronches atrophiés, s’était mieux avouer ses problèmes à Mireia que de tomber dans les pommes à ses pieds… à moins qu’elle ne connaisse les mesures de réanimations à appliquer ?
Conscient que l’affirmation de Mireia signifiait qu’elle avait accepté la remarque, Seth joua son jeu, il voulait surtout éviter de la vexée, pas maintenant, pas au point qu’ils étaient rendu :

« Ah oui ?! Tu crois qu’on devrait me modéliser aussi ?

Ouf. Un problème nouvel embarras écarté, l’autre devrait se pointer d’un instant à l’autre… Pour laisser à la demoiselle le temps de rependre ses esprits, il poursuivit l’œuvre graphique, qui peu à peu, prenait forme à l’écran. Une fois la maquette terminée – pas tout de suite, bien entendu – que pourrait-il faire de cette amas de pixel ? Pourtant les possibilités étaient presque infinies. Avec un peu de travail, il pourrait dupliquer et adapter l’IA de Mnémosyne pour donner vie à des Na’vis virtuels. Avec un peu de programmation et les données recueillies par les explorateurs depuis le début de la mission, il pourrait synthétiser les réactions du Peuple à divers stimuli et ainsi apporter un soutient précieux aux Avatars sur le terrain. C’était une idée tout bonnement brillante, il mettrait à la disposition de l’expédition un Pandora virtuel qui permettrait d’anticipé les actions de ses habitants. Il soumettrait l’idée à Galloway dès qu’il aurait une minute pour le rencontrer. Il avait pour l’heure des problèmes de premier ordre à régler… comme cette jeune et belle femme dont les œuvres venaient de s’étendre sur le sol.

« Attends, je vais t’aider,

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent penchés sur le plancher du petit bureau de Seth. Alors qu’il ramassait les œuvres, l’homme ne pouvait s’empêcher de détourner discrètement le regard vers le décolleté de Mireia, de cet angle, il était parfaitement mis en valeur.

Il continuait de parcourir les dessins étendus sur le sol, des plantes, des arbres, des panoramas à couper le souffle. Tous était d’une qualité artistique exceptionnel, il n’y avait aucun doute : un grand soin avait été apporté à leur réalisation. Son regard s’arrêta sur un dessin des plus original, contrairement aux autres il ne représentait pas la flore où la faune pandorienne, mais bien deux bipèdes… tout ce qui avait de plus terrien. Ce genre de dessins n’était pas dans son champ d’expertise. Pourtant il avait été réalisé avec une attention particulière, on voyait très clairement une jolie femme blottit confortablement dans les bras d’un gaillard plutôt musclé. Seth contempla ainsi le dessin quelques secondes, malgré la finesse des visages et les détails apportés, il lui fallut un moment avant de comprendre que c’était Mireia et lui-même qui étaient représenté sur l’œuvre. Le dessin leva le doute dans l’esprit de Seth : ses émotions étaient partagées, il en avait la preuve, mais était tout bonnement incapable de lui avouer son amour en retour. Il se contenta donc de dire, innocemment, en tournant la feuille vers sa compagne :

« Je crois que celui-là n’est pas à modéliser. »

Il ne savait pas trop comment aborder la chose, aussi il avait décidé de jouer les innocents, faire mine de ne pas avoir reconnu les deux tourtereaux. Ainsi, il sauverait l’honneur et un peu de l’amour propre de Mireia. Lui, avait au moins la prudence de crypter son journal intime informatisé où il avouait ses sentiments pour la femme. Le code de décryptage du journal de sa vie était composé de 32 caractères, c’était un peu excessif, mais assurait la protection de ses secrets les mieux gardés. Il se leva, prêt à regagner sa chaise mais un obstacle freina son ascension: le coin du bureau de métal où était posé son ordinateur.

« Aïe ! »

Du sang s’écoulait de son front, rien de très grave, juste assez pour avoir l’air ridicule.

*Ah oui, bravo le génie ! De quoi t'as l'air tu penses ?*

- Invité - Invité

Elle prit sa remarque à la rigolade et lui fit une petite tape sur l'épaule qui signifiait clairement "te fou pas de ma gueule !" tout en souriant un peu timidement. Cette atmosphère plus détendue lui plaisait beaucoup plus. Mais il fallut qu'elle fasse tomber ces feuilles ... Elle ne faisait que se répéter intérieurement qu'elle était idiote, maladroite et qu'elle allait tout gâcher si elle continuait comme ça. Heureusement, elle était en présence d'un gentleman qui l'aida bien gentiment à ramasser ses croquis. Ses joues s'étaient de nouveaux teintées de rouge et elle ramassait maladroitement les quelques feuilles qui étaient au sol. Hélas, elle n'avait pas fait attention lorsqu'elle avait sélectionné ces dessins et avait malencontreusement laissé un de ses croquis la représentant blottie dans les bras de Seth. Et comble de la poisse, c'est lui qui trouva le dessin !

« Je crois que celui-là n’est pas à modéliser. »

Incapable de prononcer un mot, elle rougit encore plus, ce qui était devenu assez difficile à faire, et, les yeux écarquillés, elle lui arracha le dessin des mains. Elle le fourra dans ses autres croquis et les colla contre sa poitrine pour les remettre sur la table, tous sans exception. Elle était horriblement gênée et avait interprété sa remarque de façon assez peu favorable.

* Ça y est, c'est foutu ! Maintenant il sait tout, je vais me faire royalement remballée, je pense même que c'est déjà fait vu la tête qu'il a tirée ... Le pauvre, il doit se dire que je suis une hystérique de base et il a dû faire semblant de ne pas nous reconnaitre pour pas me faire de mal ! Mais pourquoi a-t-il fallu que ce dessin soit là ?!

Alors qu'elle tentait tant bien que mal de cacher sa gène et son dessin, Seth se retourna et tenta de se relever. Je dis bien tenta parce qu'il se prit le coin de la table dans la tête, ce qui fit qu'il se rassit aussitôt au sol. Mireia se retourna, surprise à cause du bruit et du petit " Aie " qu'avait prononcé Seth, et le vit la tête en sang (bon, elle exagère un peu, mais on peut pas trop le lui reprocher, c'est son prince charmant quand même ...). Oubliant la honte qu'elle éprouvait quelques secondes plus tôt, elle se précipita à ses côtés pour constater l'étendue des dégâts. Elle avait passé un test d'aptitude au premier secours donc elle examina la plaie d'une main plus ou moins assurée.

« Fait voir. Arrête de bouger, je vais te faire encore plus mal sinon ! Non, ça va, c'est pas grand-chose. Tu aurais un kit de premier secours pas loin ? Il faut juste un pansement. »

Pour avoir oublié, ça elle l'avait oublié ce dessin qui deux minutes plus tôt l'avait laissée immobile ses croquis à la main. A présent elle était à côté de Seth, les mains sur la tête de ce dernier à chercher du regard ce qui pouvait ressembler à une trousse de secours. Elle finit par la trouver dans un coin. Comme dans toutes les pièces de la base, la trousse contenait tout le nécessaire en cas de petits problèmes comme dans le cas qui se présentait. Elle revint vers Seth en cherchant un pansement parmi tout le fouillis qu'il y avait dans cette trousse, mais elle ne fit pas attention à ce qu'elle faisait et se prit les pieds dans des fils. Elle trébucha et atterrie, comme une grosse m***e en plein sur le jeune homme.

« Oups ! Désolé, je suis vraiment désolé, j'ai pas fait exprès, j'ai trébuché ... Ça va ? Je t'ai pas fait mal ?...»

* Et allé, une autre connerie pour la plus blonde des gourdes du siècle ! Maintenant il va avoir un trou à la tête et un os cassé ! Bien joué Mimi ! *

La douleur était intense. Du sang lui coulait le long du nez, il aurait peut-être besoin de quelques points de sutures. Aussi loin que remontait ses souvenirs, Seth ne s’était jamais blessé de la sorte. D’un naturel casanier, il sortait peu de chez de lui ce qui réduisait considérablement les risques. Pourtant, c’est exactement son comportement qu’il l’avait amené à contracter une infection pulmonaire. Il ne l’avait jamais regretté. Il trouvait incroyable comment les choses s’enchainaient dans la vie. S’il n’avait été élevé dans ce quartier pourri, s’il ne s’était pas cloitré dans sa chambre en tentant d’échapper à son quotidien, s’il n’avait pas commencer à pirater les réseaux mondiaux, s’il n’avait pas, finalement, subit les symptômes de cette affreuse infection, il n’aurait jamais mit les pieds sur Pandora et aurait passé à côté de l’amour de sa vie : Mireia Araya. Tant de variables entraient en ligne de compte : l’existence était le plus complexe des programmes informatiques. Pourquoi pensait-il à cela maintenant ? Sans doute le coup sur la tête avait été plus dur qu’il ne le semblait.

Citation :: « Fait voir. Arrête de bouger, je vais te faire encore plus mal sinon ! Non, ça va, c'est pas grand-chose. Tu aurais un kit de premier secours pas loin ? Il faut juste un pansement. »

C’était Mireia, elle s’était délicieusement approchée de sa personne et entreprit de vérifier l’ampleur des dégâts. Cette proximité était enivrante. Seth ne pouvait contenir des spasmes réguliers tant sa nervosité était grande. Il haussa les épaules pour lui signifier qu’il ignorait où se trouvait la trousse, il ne s’en était jamais servit et avait piraté les systèmes informatisés des présences pour ne pas à avoir à suivre la formation des premiers soins. Hackeur un jour, hackeur toujours. Mireia les mains délicates toujours posées sur son crâne endoloris cherchait le fameux équipement du regard. Apparemment, l’examen fut concluant car elle se leva pour aller chercher une petite boîte blanche à croix rouge soigneusement posée dans un coin de la pièce. Seth ne l’avait jamais remarquée avant. Tout en revenant vers lui, elle fouillait dans la trousse presque pleine, des objets plus ou moins insolites tombèrent sur le sol. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle trébuche sur une petite bobine dont le fil pendait de la boite. Se fut la chute.

Seth suivait du regard le plongeon de la Belle, sa trajectoire laissait croire qu’elle allait terminer son parcours dans ses bras. Trop rapidement pour que Seth ai le temps de contracter ses muscles pour absorber le choc, c’est une vraie montagne – sans offense – qui s’abattit sur lui. Une fois cet épisode plutôt tumultueux derrière eux, Seth pu apprécier la douceur de la « caresse ».

Citation :: Oups ! Désolé, je suis vraiment désolé, j'ai pas fait exprès, j'ai trébuché ... Ça va ? Je t'ai pas fait mal ?...»

Il n’avait aucune envie de l’aider à se relever, il souhaitait la garder là, près de lui pour que personne ne vienne les séparer. Jamais. L’enivrante proximité lui avait retiré toute gêne, toutes inhibitions. Il se sentait libre. Libre de déposer sur les lèvres de Mireia un tendre baiser. Ce qu’il fit : il se laissa porter par ses instincts jusqu’à ce que ses lèvres rejoignent les siennes. Il s’emporta dans ce long et langoureux baisé, celui dont il avait toujours rêvé.

Lésions pulmonaires et insuffisance respiratoire obligent il du rompre le doux contact, à bout de souffle. À mesure que son taux de testostérone diminuait, il se rendait de plus en plus compte de se qu’il venait de faire.

*Je l’ai embrassée*

Seth garderait le doux contact de ses lèvres en mémoire pour toujours, mais si, malgré toutes les preuves qu’elle lui avait apportées, Mireia n’était pas réellement amoureuse, ou si elle ne se sentait pas prête pour jouer à ce genre de jeux, c’était la dernière fois qu’il la verrait. Une possibilité tout simplement insupportable. Maintenant qu’il avait goûté à l’amour, jamais il ne pourrait s’en défaire totalement. Il bredouilla, mal à l’aise, Mireia toujours étendue sur son corps :

« Euh… je suis dé… désolé, je n’ai pas fait exprès »

*Bien-sûr, Seth aussi bien lui dire que tes lèvres contenaient un alliage ferromagnétique qui est entré en réaction avec son rouge à lèvre. « Pas fait exprès » t’aurais pu trouver mieux *

C’est à ce moment que Mnémosyne, dont les entraves tenaient plus qu’à un fil, décida de se manifester. Chaque mot soigneusement calculé et prononcé pour causer le maximum de dégâts psychologiques :

« Vous savez, il y a des hôtels pour faire ça. Voulez-vous une réservation ? »

* La ferme, Mnémosyne, la ferme !*

- Invité - Invité

Mireia se retrouva donc maladroitement étalée sur Seth qui, le pauvre, semblait encaisser le coup comme il le pouvait. Mais visiblement il l'encaissa plutôt bien puisque la jeune femme n'eut pas vraiment le temps de tenter de se relever pour constater les dégâts qu'elle avait causés, qu'elle se retrouvait dans les bras du jeune homme ses lèvres posées sur les siennes.

* Je rêve pas là ! Il vient de m'embrasser ! Mais, mais, mais, mais ... Mais c'est pas possible ! Je me suis tapé la tête trop fort et je rêve c'est ça ! Quoi que, j'aimerais bien que ce rêve soit vraiment vrai ... *

Vous l'aurez compris, elle n'en croyait vraiment pas ses yeux (ou en l'occurrence ses lèvres). Elle hésita même à se pincer pour vérifier qu'elle n'était pas encore dans un de ces rêves où tout est bien trop beau. Mais le fait que Seth devint tout à coup mal à l'aise lui assura qu'elle ne dormait pas. Si elle rêvait bel et bien, il ne se serait pas excusé et il aurait pas dit qu'il avait pas fait exprès !
Réalisant donc qu'elle venait bien d'embrasser l'homme de sa vie, elle resta planté là, la bouche entre ouverte et les yeux écarquillés. Elle sentait déjà les larmes monter, ce qu'elle ne comprenait pas vraiment d'ailleurs. Ce qui la sortie de sa torpeur ? Non, pas un autre baisé, cela aurait sûrement été pire, mais tout simplement Mnémosyne qui faisait encore des siennes. Alors là elle se réveilla et plutôt bien d'ailleurs ! Son regard changea du tout au tout. Deux secondes plus tôt elle arborait encore un visage remplis d'étonnement et de joie, alors que là elle foudroyait littéralement l'ordinateur du regard. Elle s'était retournée vers l'ordinateur car elle ne savait pas vraiment où était cette satanée IA et ne voulait pas que Seth prenne ce regard pour lui, ce qui serait un énorme malentendu. A ce moment-là, si ses yeux pouvaient projeter des boulettes de feu et qu'elle avait su où était l'ordinateur central de Mnémosyne, il ne resterait plus grand-chose de ce qu'était au par avant l'intelligence Artificielle de la base.

«Bon, comment on l'éteint ce truc parce que là j'en ai vraiment marre de ces réflexions ! »

* Calme toi Mireia, calme toi ! Ce n'est qu'une machine ! Profite plutôt du fait que tu es en ce moment même dans les bras de ton prince charmant ! *

Elle souffla donc un bon coup pour se calmer et se redressa pour, quand même, couvrir la plaie de Seth, toujours légèrement ouverte sur sa tête. Elle ramassa un des pansements qu'elle avait trouvé dans la trousse, avant de tomber, et s'appliqua à le lui mettre délicatement après avoir désinfecté le tout. Une fois la tâche finit, elle déposa un petit baisé sur la tête de son compagnon comme le font les mères à leurs enfants. Après quoi elle s'agenouilla en face de lui, un sourire des plus radieux et sincères collé au visage. Elle était véritablement aux anges. L'homme dont elle était folle l'aimait lui aussi. Que demander de plus ?! Elle se sentait tellement heureuse qu'elle se permit même de faire quelque chose qu'elle n'avait encore jamais fait, aller vers un homme. Elle se pencha doucement vers lui pour déposer un nouveau baiser sur ses lèvres. Elle était folle de cette sensation, de ce frisson qui la parcourait à chaque fois que sa peau entrait en contact avec celle du jeune homme. C'était grisant. Tellement grisant qu'elle voulait en profiter un maximum, au cas ou ce serait juste une illusion. Alors elle s'approcha un peu plus et se colla contre Seth, s'asseyant entre les jambes du beau brun, elle se blottie dans ses bras, comme elle avait toujours désiré de le faire depuis qu'elle l'a vu pour la première fois. Elle profita de ce moment jusqu'à la dernière miette. Elle ne perdit aucune particule de son parfum, elle enregistra tout, le contact de sa peau, ses bras protecteurs qui semblaient fait que pour elle, son torse musclé si confortable. Collé contre lui, les yeux fermés, elle se laissait aller à l'idée que ce moment ne cesserait jamais.
Elle remarqua également, en écoutant sa respiration, que cette dernière était un peu dure et difficile par moment. Vue l'inhalateur qu'il avait utilisé tout à l'heure, elle en conclut qu'il devait avoir des problèmes respiratoires. Mais peu importe ! Elle l'aime comme il est et ne changerait rien en lui, même pour tout l'or du monde. Il est comme il est, et c'est comme ça qu'elle l'aime, pas autrement.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle leva la tête pour le regarder quelques secondes. Elle adorait se plonger dans son regard bleu océan. Ce regard qu'elle avait tant fuit par malaise et par honte à cause d'un amour qu'elle ignorait réciproque. A présent elle en profitait et n'osait plus s'en détacher. Elle lui sourit et lui offrit le plus beau sourire qu'elle n'eut jamais fait à un homme, un sourire rempli d'amour et de tendresse, un sourire qu'elle voulait le plus sincère au monde et qu'elle ne voulait jamais perdre.
Et puis, elle ne sait pas vraiment pourquoi, elle repensa à Mnémosyne.

« L'IA, elle est toujours comme ça ? Ou c'est juste qu'elle m'aime vraiment pas ? »

Seth ne tenait plus en place, maintenant qu’il avait goûté à la douceur de lèvres de Mireia, il ne saurait s’en détacher. Désormais, c’est l’amour fou qu’il portait à sa compagne qu’il l’animerait, sa véritable raison d’être. Il se jugera de ne jamais s’en séparer. Tout autre sensation serait dorénavant fade comparée à celle qu’il éprouvait en sa présence. Il avait toujours été détaché et complément indépendant, Seth venait de laisser tomber sa carapace pour s’ouvrir à elle. Elle qui, justement, semblait médusé. Comme Seth, Mireia ne semblait pas trop certaine de se qui venait de se passer. Apparemment, elle aussi avait été troublée par les dimensions oniriques de ce tendre baisé. Combien de temps ils restèrent ainsi à se fixer, avant qu’un élément intérieur, en l’occurrence la voix de Mnémosyne, ne viennent troubler leur quiétude ?

L’interruption, ponctuée de méchanceté et de sarcasme, avait atteint Mireia droit au cœur, elle était en colère. Seth remarqua le regard sauvage qu’elle décocha en direction de l’ordinateur. Bien sûr, la cible était mal choisie. Les milliards de téraoctet qui composaient l’intelligence artificielle n’auraient jamais tenu dans une machine aussi minuscule. Si elle souhaitait réellement réprimander Mnémosyne, elle devrait se rendre à son Unité Centrale, au niveau inférieur. Les rares fois qu’il avait besoin d’y mettre les pieds, Seth avait remarqué que la sécurité était renforcée dans cette zone, c’était tout bonnement inutile. L’Intelligence Artificielle avait été conçue de telle sorte qu’il existait toujours des systèmes de gestion alternatifs capables de recevoir son immense base de données. Ainsi, si une inondation venait à affecter une section en particulier, l’IA aurait été automatiquement transférée vers une Unité de secours. Ses capacités y seraient réduites, mais elle et les informations qu’elle contenait seraient sauvées. Qu’il y ait davantage de personnel à cet endroit ne permettrait pas d’épargner les composantes informatiques.

Citation :: «Bon, comment on l'éteint ce truc parce que là j'en ai vraiment marre de ces réflexions ! »

Mireia avait raison, Mnémosyne devenait de plus en plus dérangeante. Si la mise à jour n’était pas appliquée bientôt, L’IA aurait tôt fait de couper la communication avec les ordinateurs de la base, ce qui rendrait toutes tentatives de reprise de contrôle complètement dérisoire. C’était les conséquences de garder en cage un être doté d’intelligence : quand il s’en échappe, il s’acharne à ne pas y retourner. Seth devait régler la situation avant d’en arriver là. Il s’apprêtait à se relever quand Mireia revient vers lui, pansements en main. Elle entreprit de soigner sa blessure avec délicatesse. Couvrant son front fendu de bandages et de désinfectants. Une fois sa besogne achevée, elle agrémenta le tout d’un tendre baisé : le plus précieux des onguents ! Que rêver de mieux ? Sans doute ce qui suivit. Mireia, portée par l’Amour, déposa un nouveau baisé avant de prendre place à ses côtés. Se colla sur son corps avant de s’asseoir entre ses jambes. Quel doux contact ! Il la serra dans ses bras, elle était tout bonnement magnifique et merveilleusement sexy. Tout en elle inspirait la perfection absolue : une pierre précieuse.

Citation :: « L'IA, elle est toujours comme ça ? Ou c'est juste qu'elle m'aime vraiment pas ? »

C’était le genre de question que Seth redoutait depuis qu’elle avait mis les pieds dans son bureau. Elle avait donc remarqué, rien de surprenant, un garde armé, plus habitué à tirer des balles de pistolets que des conclusions, l’aurait compris. Cependant, Seth ne savait pas trop quoi répondre. Il ne souhaitait pas avouer à Mireia l’erreur professionnelle qu’il avait commise en acceptant de la rencontré maintenant alors qu’il avait un boulot de première importance à compléter, d’un autre côté il ne saurait mentir à bien aimée. Aussi, il se contenta d’éluder la première question pour se concentrer sur la seconde, nettement plus exploitable :

« Mnémosyne ne peut pas ne pas t’aimer, c’est une machine elle est incapable de ressentir les émotions, elle ne peut que reproduire celles des humains, pour faciliter la communication avec eux. Donc, même si elle ferait semblant de ressentir quelque chose, elle ne peut pas le faire réellement. »

C’était vrai, aucun doute là-dessus, mais ça ne solutionnait pas le problème. Seth maudissait son égocentrisme qui le rendait complètement incapable d’admettre ses bévues, même à la personne qui aimait le plus au monde. Pourtant, il n’avait pas le choix :

« Écoute… Mireia. »

Puis, comme si une force ésotérique venait à la rescousse de son orgueil, son ordinateur émit un bip, aussitôt suivit d’une douzaine d’autres. Son ordinateur réclamait sa présence. Lentement, il se défit de Mireia, le simple fait de la quitter pour franchir des quelques pas qui les distançait de son poste de travail lui brisa le cœur, mais il tenait son excuse. À l’écran s’affichait de grandes lettres rouges : « Le système requiert une mise à jour. Code d’alerte : #3403. »

« M*rde, ces ordinateurs ont vraiment le don de nous déranger au pire moment. Je vais dire comme toi : les machines désapprouvent notre amour, c’est à croire qu’elles sont jalouses ! , dit-il à la rigolade, je vais avoir besoin d’une demi-heure… désolé. Tu ne m’en veux pas j’espère ? »

Il lui prit la main et l’aida à se relever, aussitôt qu’elle fut arrivé à sa hauteur, il l’embrassa de nouveau. C’est qu’il commençait à y prendre goût.

- Contenu sponsorisé -