Back to Pandora
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -27%
PC Portable 17” LENOVO Ideapad 3 – 12 ...
Voir le deal
399.99 €

Don't watch my tears - Leanne

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Andrea Moreno
- Andrea Moreno -
Look straight ahead,
go forward and never look back


Messages : 278
Points : 198

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Protectrice
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeLun 17 Mai - 21:54

    Aujourd’hui, c’était un jour comme les autres. Andrea s’était levée aux aurores, elle avait observé la demi pénombre de la nuit laisser place à l’éclatante lumière du soleil. Puis, elle était allée prendre un petit déjeuner complet afin d’être opérationnelle pour les éventuelles sorties imprévues de la journée. Elle avait ensuite enfilé sa tenue de sport grise, lacé ses lacets avec concentration et jeté son sac sur son épaule. Dans le couloir, elle comptait machinalement les portes qu’elle croisait, le regard vague glissant sur les murs impersonnels de la base. Elle poussa la porte de la salle d’entraînement. Il était très tôt, personne n’était encore là. Elle enfila ses gants de boxe, se plaça devant sac suspendu et respira un grand coup.

    Aujourd’hui, ce n’était pas un jour comme les autres. Le lever du soleil rappelait à Andrea que sa mère avait succombé au petit matin il y avait de cela vingt trois ans exactement. C’était sur une autre planète, c’était dans un autre temps. C’était à l’époque où Andrea était encore heureuse et innocente. Le jus d’orange parut fade à Andrea et ce dont elle avait envie c’était de frapper aussi fort qu’elle pouvait sur quelque chose. De frapper, de crier et peut-être même de s’accorder quelques larmes. Les gants matelassés autour de ses poings lui donnaient l’impression de pouvoir cogner sans jamais s’arrêter.

    Le premier coup, net et précis, fit danser le sac dans les airs. Celui-ci était pour cette pollution qui avait eu raison des poumons de sa bien-aimée maman. Le second coup ne laissa pas le temps au sac de revenir vers Andrea. Celui-ci est pour la mafia qui a réussit à corrompre l’esprit influençable de son père. Un nouveau suivit immédiatement pour ces caïds qui torturaient son père devant les yeux de sa jeune sœur. Et une pluie de poings s’abattit sur le matériel d’entraînement pour les années où elle avait vendu son corps, abandonné ses rêves de faire des études. Pour toutes ces mains malsaines qui avaient parcourut son corps, pour les menaces de la mafia, les intimidations, le chantage, elle frappa encore plus fort en poussant des grognements de rage.

    Elle était en colère contre le destin, contre les hommes qui avaient fait de la Terre une véritable décharge, contre le mal qui régnait partout sur la planète bleue et qu’une expédition avait ramenée sur Pandora un siècle auparavant. Elle était furieuse de ne pas réussir à occulter ce passé qu’elle exècre. Mais, en cet anniversaire de la mort de sa maman, elle ne peut fuir. Elle a beau avoir évité tous les calendriers depuis des semaines, elle a beau s’être efforcée de penser à autre chose. Elle avait très mal dormi, son inconscient lui rappelant comme chaque année que c’est en ce jour précis que sa vie a basculé.

    Elle tabassait toujours avec acharnement ce sac inerte qui ne répondait pas, ses râles de colères se mêlaient à son souffle haletant et elle commençait à sentir ses phalanges devenir douloureuses à travers le molleton des gants. Elle frappa encore, puis s’effondra sur le sol au pied du sac qui se balança d’une manière ridicule en frôlant ses cheveux en bataille. Elle se rendit compte alors que ses joues étaient humides, quelques larmes avaient coulées. De rage ou de tristesse ? Probablement les deux.

    Andrea ôta ses gants, observa ses mains rougies et passa ses doigts sur ses larmes comme pour vérifier qu’elles étaient réelles. Pleurer n’était pas dans l’habitude de la jeune femme, elle criait, s’énervait, pétait littéralement les plombs mais elle ne fondait jamais en larmes. Surtout pas en public. Elle observa le bout de ses doigts où perlaient les larmes échappées de ses yeux par mégarde. Elle resta pensive un instant jusqu’à entendre un bruit derrière elle. Aussitôt, elle essuya ses yeux d’un revers de manche et se retourna pour découvrir qui était aussi matinal qu’elle.
Revenir en haut Aller en bas
Leanne Campbell
- Leanne Campbell -
Co-Admin | Let the sun fall down

Messages : 1287
Points : 654

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Anthropologue.
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeJeu 20 Mai - 11:29

4:45

Leanne poussa un long soupir et frappa son oreiller du poing. Pourquoi n'arrivait-elle plus à dormir depuis presque une heure ? Elle ne s'était pas couchée spécialement tôt la veille et avait pourtant eu une journée éreintante ! Et quelle était cette sensation étrange de ne plus être fatiguée mais de ne pas avoir envie de sortir du lit ? Pestant contre ce sommeil qui la laissait en plan, Lee leva un bras et alluma son réveil, qui avait aussi la fonction de lecteur de musique. Les Bullet Train entamèrent un morceau de rock, mais n'eurent pas l'occasion d'aller bien loin : la jeune femme appuya sur un bouton et le style changea radicalement. Du piano se diffusa dans la chambre, calme et reposant. Lee adorait les chansons qui bougeaient, mais pas ce matin. Elle était sensée trouver un moyen de se rendormir, pas de se donner envie de quitter sa couette. Et puis les Bullet Train... elle aimait mais en saoulait un peu. Depuis qu'ils s'étaient fait assassiner sur scène lors d'un concert à Las Vegas, on n'entendait plus qu'eux à la radio ou à la télévision. Lee détestait ce genre de médiatisation, et espérait qu'en étant coupée de tout ça maintenant qu'elle se trouvait sur Pandora, elle réapprendrait, avec le temps, à chanter sur les morceaux de ce groupe. En attendant, le piano était un choix plus judicieux pour retrouver les bras de Morphée. Encore fallait-il que cela marche.

Mais Leanne faisait partie de ces gens qui ne cessaient jamais de réfléchir. Maintenant que son cerveau était sorti du mode veille, il commençait déjà à travailler. La blondinette songea à son arrivée sur Pandora quelques jours plus tôt : la réalisation de son rêve le plus cher. Combien de gens pouvaient affirmer en être là ? Combien avouaient avoir atteint le but ultime de leur existence ? A seulement vingt-neuf ans, Lee en était capable. Depuis le collège, elle s'intéressait à cette lune où vivait un peuple respectueux de la Nature. Ses parents lui racontaient l'histoire de Jake Sully alors qu'elle n'était pas plus haute que trois pommes, et elle en redemandait. Parfois, dans ses songes de petite fille, elle s'imaginait à sa place, prête à tout pour sauver Pandora. Lee vivait littéralement à travers ce monde depuis de nombreuses années. Elle étudiait la langue dans son coin au lycée, avait écrit sa thèse sur ce sujet et avait réussi. Oui, son rêve, c'était d'y aller en paix et d'apprendre les coutumes des Omaticayas et autres Na'Vis. Elle n'aurait jamais cru cela possible un jour, toutefois, les expéditions vers Pandora ayant été interdites par les Nations Unies. Pourtant, en ce moment précis, elle se trouvait dans une chambre flottant sur un lac de cette magnifique planète. La vie était belle ici. Et elle voulait profiter de chaque minute, de chaque seconde, car un jour... il faudrait penser à rentrer.

Cette idée la fit bondir du lit. Peu importe qu'il soit tôt, si elle avait envie de se lever, autant le faire ! Cette fois encore, elle tendit une main vers le lecteur et choisit quelque chose de plus motivant. Elle prit quelques instants pour s'étirer et se dirigea vers la salle de bains. Après un quart d'heure seulement, elle était prête : douchée, habillée et... affamée ! Son estomac protesta tout le long du chemin qui la guida vers le réfectoire. Elle ne croisa que deux ou trois personnes, des gens qui ne lui étaient pas spécialement familiers. Elle les salua poliment avant de se servir un petit-déjeuner copieux. Que faire ensuite ? La plupart de ses amis et connaissances dormaient encore profondément. Elle pourrait mettre un masque et sortir sur l'un des ponts extérieurs, mais souhaitait s'en tenir à quelque chose de plus productif. Si elle se laissait aller à rien faire, il se pourrait bien que d'ici une heure ou deux, elle ait envie de retourner au lit. Et évidemment, il serait trop tard pour cela. Hors de question de passer sa journée à bailler parce qu'elle avait été incapable de dormir cette nuit ! Non, elle devait trouver un truc qui la réveille pour de bon. Pourquoi pas un peu de sport ? Souriant face à cette idée qui lui plaisait déjà, Lee débarrassa sa table et se dirigea de nouveau dans sa chambre afin de se mettre en tenue adaptée.

Vêtue d'un short blanc et d'une brassière bleu ciel, tenant des gants de boxe noirs dans une main, Leanne ouvrit la porte de la salle d'entraînement. Cette dernière était immense et contenait tout le matériel de sport nécessaire afin que chacun puisse travailler tous ses muscles. Aujourd'hui, Lee avait envie de s'en prendre au sac de sable et avait donc apporté ce qui lui fallait. Jetant un oeil à ce dernier après avoir refermé la porte derrière elle, elle remarqua que quelqu'un était agenouillé juste devant. Et pas n'importe qui : son amie Andrea. Celle-ci l'avait entendue et tournait désormais un regard surpris vers Leanne. Ses yeux étaient rougis, comme si elle pleurait ou venait de le faire. Concernée par l'état de son amie, Lee fronça les sourcils avant de s'approcher. Elle savait qu'Andrea ne se confiait pas, jamais. Elle était comme elle : souffrant en silence et combattant ses problèmes seule. Mais il était peut-être temps pour elle de parler à quelqu'un. Leanne posa ses gants au sol et s'assit à côté de la brunette.


« Tu veux en discuter ? » demanda-t-elle de sa voix imprégnée de douceur, comme toujours. « Je ne sais pas ce qui te tracasse autant, mais... ce qu'on dit sur le fait de se sentir mieux une fois qu'on l'a partagé, c'est vrai. »

Elle esquissa un petit sourire en sa direction, attendant qu'elle fasse son choix. Leanne ne lui avait pas menti : elle avait gardé son enlèvement secret pendant très longtemps. Seuls ses parents étaient au courant de ce qu'elle avait vécu. Et puis une fois arrivée à l'université, elle avait rencontré Saona et avait appris à lui faire confiance. Un jour, elle avait tout simplement senti qu'elle pouvait tout lui raconter sans craindre quoi que ce soit de négatif de la part de sa colocataire et amie. Depuis, c'était comme si Saona l'aidait à porter ce fardeau, ce qui, par conséquent, le rendait beaucoup plus léger. Pour ressentir une telle chose, nul besoin de raconter ces fameux secrets à tout le monde. Souvent, une seule personne suffisait largement, pour autant que ce soit la bonne. Leanne l'avait trouvée en Saona, et même si elle n'était pas vouée à devenir cette amie-là pour Andrea, elle voulait lui faire comprendre que se confier n'avait rien d'une faiblesse. Au contraire.
Revenir en haut Aller en bas
Andrea Moreno
- Andrea Moreno -
Look straight ahead,
go forward and never look back


Messages : 278
Points : 198

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Protectrice
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeLun 31 Mai - 13:08

    Andrea n’appréciait pas mettre à nu ses faiblesses, elle ne fléchissait jamais devant quelqu’un. La tristesse, la mélancolie et la peur étaient pour elle des sentiments très personnels et si elle les laissait filtrer devant un être humain elle courait un risque. Le risque d’être découverte, d’être comprise et qu’on utilise chacune de ses faiblesses et de ses douleurs pour la détruire. Elle conservait cette habitude depuis son enfance dans les ruelles de Rio où la mafia guettait chaque faille pour s’y engouffrer. Si Andrea avait fini par se prostituer c’était parce que son père n’avait pas réussi à cacher sa douleur de veuf et à surmonter les épreuves en silence. Au lieu de taire sa banqueroute, de travailler davantage et de supprimer un repas quotidien à ses filles, il avait contracté un dangereux crédit auprès de la mafia. Bien entendu, il avait voulu bien agir, il avait voulu que ses filles puissent manger à leur faim et continuer d’aller à l’école. Seulement, sa bienveillance avait mené son aînée à se prostituer pendant des années et sa cadette à assister à des scènes de violence inouïes. Alors, lorsqu’elle travaillait pour la mafia, lorsque son corps leur appartenait, elle restait stoïque et seule sa colère constante trahissait l’existence de sentiments chez elle. Même lorsqu’elle était agressée par des clients, lacérée de coups de couteaux, maltraitée, laissée pour morte, elle ne laissait ses larmes couler qu’une fois certaine d’être absolument seule. Jamais elle ne supplia ses bourreaux, jamais elle ne se mit à genoux devant les mafieux pour demander leur indulgence. Et voilà qu’en ce jour de deuil, sur une lune magnifique, dans une salle d’entraînement, elle exposait ses larmes au premier venu.

    Vivement, elle essuya ses larmes d’un revers de manche et se retourna vers la porte d’entrée. Le visage soudain fermé, sans expression, elle reconnut Leanne et sentit un certain soulagement la gagner. S’il y avait une personne qu’elle pouvait autoriser à la surprendre dans une telle position, c’était bien elle. Quand elle avait rencontré cette blondinette pour la première fois, c’était aussi dans une salle d’entraînement mais en Guyane. Elle s’acharnait sur le sac de sable comme Andrea l’avait fait quelques minutes plus tôt et la protectrice lui avait demandé avec ironie ce que lui avait fait le matériel pour mériter tant de violence. La réponse avait surpris Andrea, elle traitait d’une personne qui avait fait perdre son innocence à celle dont elle ne connaissait pas encore le nom. Une fois les mots échappés, Leanne avait parue surprise qu’ils aient franchi ses lèvres et s’était mise en tête de fuir. Andrea l’avait retenue, sans savoir vraiment pourquoi… Plus tard, elle avait conclu qu’elle s’était reconnue dans cette perte d’innocence et dans la colère que les coups de poings de la blonde traduisaient. Elle s’était sentie proche de la jeune femme et lui avait offert son aide pour l’entraînement aux sports de combat. Etrangement, la brésilienne s’était sentie obligée de la prendre sous son aile, de la protéger autant qu’elle le pouvait. Ca n’avait rien d’une obligation contraignante, c’était comme si tout son corps avait un besoin viscéral de prévenir ce visage lisse et doux des malheurs de ce monde. Leanne lui rappelait un peu sa petite sœur, fragile et forte à la fois, elles avaient toutes deux enduré de violents tourments et elles faisaient de leur mieux pour avancer.

    Andrea et Leanne savaient qu’elles avaient vécu des choses difficiles, elles le ressentaient. Mais jamais elles n’en parlaient. Andrea ne s’était jamais permise de demander à la jolie blonde de l’éclairer sur le sens des premiers qu’elle lui avait adressés. Mais en voyant Leanne laisser tomber ses gants et venir la rejoindre sur le sol vernis de la salle de sport, elle sentit que les langues allaient se délier. Mais elle ne ressentit aucun soulagement, tout au contraire. Oppressée, elle eut l’impression que les murs se refermaient sur elle, qu’elle était piégée, prisonnière, obligée d’expliquer ces larmes que personne ne voyait jamais. Elle inspira profondément quand Leanne lui demanda si elle voulait discuter de ce qui n’allait pas. Elle répondit d’une voix un peu bourrue en fixant son regard sur les gants de boxes de son amie abandonnés au sol :

      « Non, pas vraiment. Ca n’avancera à rien… »


    Mais Leanne insista avec sollicitude en lui assurant que partager ses problèmes ne pourrait qu’alléger sa souffrance. Elle continuait à fixer les gants de boxe sur le sol, l’expression fermée et butée. Partager était prendre un risque, partager allait la mettre à découvert et elle n’aurait plus la barrière du non-dit pour se protéger. Mais après tout, fallait-il vraiment qu’elle se protège de Leanne ? Elle se contraint à lâcher la contemplation du sol pour scruter le visage de la pilote d’avatar. Ses yeux traduisaient une réelle compassion et un désir de soulager la peine de son amie, son petit sourire d’encouragement semblait si sincère… On pouvait voir sur le visage d’Andrea qu’un véritable dilemme se jouait dans son esprit. Elle s’était promis de ne pas montrer ses failles, de ne laisser personne pénétrer sa carapace et pourtant, elle avait envie de faire confiance à Leanne. Leur camaraderie basée jusqu’à présent sur un respect mutuel de leur passé secret pouvait-elle prendre un tournant différent ? Quel intérêt Leanne aurait-elle à se servir des informations qu’Andrea pourrait lui livrer sur son passé pour lui faire du mal ? Aucun, a priori… Elle soupira à nouveau et marmonna en détournant son regard de celui de son amie :

      « Je ne sais pas, Leanne… Je n’ai aucune envie de me plaindre, de te faire pitié ou de pleurer dans tes bras. Tout ça, c’est pour les faibles. Et je ne suis pas faible. »


    Ou du moins, personne ne doit le savoir. Tout le monde doit la voir comme une personne forte, dangereuse, pour que personne n’essaye de la blesser à nouveau. Elle avait déjà assez de souffrances accumulées, tues, enfouies… Mais après tout, elle n’avait pas besoin d’imbiber le T-shirt de Leanne de ses larmes, elle n’avait pas besoin de lui raconter en détail les sévices qu’elle avait subis. Elle pouvait commencer doucement, progressivement en livrant une partie de son mystère. Elle leva les yeux vers la grande horloge digitale qui affichait la date du jour et l’heure, voilà ce qu’elle pouvait lui confier. Elle désigna d’un geste désinvolte de la main les chiffres et les lettres lumineuses placardées au dessus d’un panier de basket. Et elle illustra :

      « C’est aujourd’hui. C’était il y a vingt-trois ans que ma mère est morte d’une infection pulmonaire. »


    Sa voix était monocorde, lisse et aucune émotion ne transparaissait dans sa voix. Elle s’y était entrainée à force de nier de violents sentiments de tristesse. Ce contrôle d’elle-même lui avait souvent servi, notamment pour passer au travers du détecteur de mensonges. Elle venait de confier une partie de sa douleur à Leanne, une infime partie qui résidait pourtant en la perte de sa douce mère. Elle soupira à nouveau, ne sachant pas si elle se sentait soulagée ou pas. Peut-être n’était-ce pas de ce fardeau qu’elle avait besoin de se débarrasser…
Revenir en haut Aller en bas
Leanne Campbell
- Leanne Campbell -
Co-Admin | Let the sun fall down

Messages : 1287
Points : 654

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Anthropologue.
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeJeu 3 Juin - 13:27

Leanne avait le don de savoir « lire » une personne comme elle lirait un roman. Elle connaissait Andrea depuis la Guyane et avait donc eu le temps de se forger une opinion sur la protectrice. Ainsi ne fut-elle pas étonnée le moins du monde lorsque cette dernière refusa de se livrer, marmonnant presque que cela serait bien inutile. Elle avait tort, Lee le savait pour s'être trouvée dans la même situation : porter seul un fardeau aussi lourd que celui qui semblait écraser Andrea n'était pas impossible, mais cela tuait à petit feu. Pour se sentir mieux, il fallait le partager avec une quelqu'un en qui l'on avait confiance et qui nous aiderait à le tenir à bout de bras. Saona avait été cette amie-là pour Leanne - et l'était toujours ; après deux ans de colocation, la jeune blonde avait enfin décidé que sa voisine de chambre pouvait connaître son grand secret. Depuis cette révélation, Lee revivait. Car à chaque fois qu'elle faisait des cauchemars ou que ses douloureux souvenirs remontaient à la surface, elle avait une personne sur qui compter. Une personne qui savait l'écouter et la réconforter. Sans Saona, Leanne ne savait pas si elle aurait pu remonter la pente, ce fameux jour où « Max » avait été retrouvé, et où ses nombreux assassinats avaient été révélés par la presse. Oui, parler et se confier était important. Andrea aussi devait en être consciente, il suffisait simplement à Lee de la pousser un peu. Bientôt, elle accepterait cette nécessité de ne plus garder son passé pour elle seule et finirait par en discuter, même si l'anthropologue n'était pas choisie dans le rôle de la confidente. Leanne ne forçait pas Andrea pour être celle à qui son amie raconterait tout, elle ne serait pas fâchée si la brunette s'ouvrait à quelqu'un d'autre. Du moment qu'elle le faisait. Lee voulait simplement lui faire prendre conscience que vivre ses malheurs seule n'était pas la bonne solution. Serait-elle entendue ?

Elle pensa que oui, et eut raison. Les yeux fixés sur les gants de boxe que Leanne lui avait empruntés, Andrea expliqua d'un air grognon qu'elle n'avait pas envie de se plaindre, de lui inspirer de la pitié ou de pleurer dans ses bras. Car tout cela appartenait aux faibles, et elle ne l'était pas. A cet instant précis, Lee songea à toutes les fois où elle avait versé des larmes sur l'épaule de Saona. Mais elle n'en tint pas rigueur à Andrea : elle savait que dans le fond, la jeune brésilienne ne pensait pas ce qu'elle disait. Ou peut-être que si, mais à ce moment-là, elle aussi devait se considérer comme quelqu'un de faible. Leanne, au fil des mois et des années, avait su deviner une certaine face cachée chez Andrea. Elle avait observé ses réactions, écouté ses mots avec la plus grande des attention, noté ses gestes. Tout le monde voyait Andrea Moreno comme une femme forte, indépendante, et dure. A un tel point que son amitié avec Lee en avait étonné plus d'un : ils ne comprenaient pas comment deux personnes aussi différentes pouvaient aussi bien s'entendre, ni pourquoi Andrea avait accepté d'entraîner Leanne au combat. En fait, ils ne savaient pas. Ils n'avaient aucune idée de la réalité : la douce anthropologue et la tigresse protectrice n'étaient pas si éloignées l'une de l'autre. La seconde avait juste choisi de se cacher derrière une carapace aussi solide que le roc afin que plus personne ne l'atteigne droit au coeur. Quant à la première, elle avait tout simplement refusé d'en arriver là, voyant toujours le meilleur chez les gens. Lee était sûre que le jour où Andrea laisserait tomber le masque - si ce jour devait arriver - elle découvrirait quelqu'un de pétillant, plein d'humour, émotif et surtout, généreux. Quelqu'un qui savait se confier, et pleurer pour évacuer. Sans en ressentir aucune honte, car il n'y avait aucune faiblesse là-dedans : c'était simplement se montrer humain.

Pour l'heure, Andrea avait choisi de cacher une part de son humanité aux yeux des autres. Leanne se demandait à chaque fois qu'elle la voyait, si elle était la seule à avoir deviné que derrière ce rempart de froideur, se trouvait un véritable trésor. Ou si d'autres personnes la connaissant et la côtoyant se doutaient de quelque chose. D'un autre côté, Leanne en était arrivée là grâce à leur première rencontre, plutôt atypique. « Il n'y a rien de pire que de perdre son innocence avant l'heure. » Voilà comment leur relation avait débuté. Lee avait passé une très mauvaise nuit et n'avait quasiment pas dormi : les cauchemars de son enlèvement n'avaient cessé de la hanter. Elle s'était rendue dans la salle de sport avec la ferme intention d'en faire voir de toutes les couleurs au sac de sable, dans le but de se défouler un maximum. Si ce n'était pas cet objet qui prenait, sa colère et sa frustration seraient retombées sur tous les gens qu'elle aurait croisé ce jour-là. Ainsi, Andrea était entrée dans l'immense salle et avait demandé, la voix pleine d'ironie, ce que le sac lui avait fait pour être victime d'une telle violence de sa part. Remontée, Leanne avait répondu sans réfléchir, dévoilant ce qu'elle avait l'habitude de ne partager qu'avec Saona. Elle avait vu, l'espace de quelques secondes, une expression étrange sur le visage d'Andrea. Comme si elle comprenait. Ceci ne l'avait pas retenue pour autant et Lee avait voulu s'enfuir pour retrouver le calme de sa chambre, mais sa nouvelle connaissance lui avait doucement attrapé le bras, lui proposant de s'entraîner un peu avec elle.
Depuis, Andrea et Lee sont amies, et toutes deux sont conscientes que l'autre a vécu un ou plusieurs événements tragiques dans leur passé respectif, mais... elles n'en ont jamais parlé. Jamais. Jusqu'à aujourd'hui.


« Je sais, » répondit doucement Leanne lorsque son amie lui assura ne pas être faible.

Elle n'ajouta rien d'autre, sachant que ce serait inutile. Elle pouvait lire sur les traits d'Andrea le dilemme qui s'imposait à elle. Parler ? Se taire ? Elle devait probablement se demander si Lee ne s'empresserait pas de tout raconter à qui voulait l'entendre. Mais la jeune blonde espérait que ces deux dernières années les aient assez rapproché pour que ces doutes s'effacent immédiatement. A sa place, Leanne n'en aurait aucun. Encore un point commun : aucune n'accordait facilement sa confiance même s'il était plus aisé de devenir l'amie de Lee que celle d'Andrea. L'anthropologue avait mis vingt-quatre mois pour raconter toute son histoire à Saona, alors qu'elles vivaient carrément sous le même toit et se voyaient tout le temps, mangeaient et regardaient la télé ensemble le soir, allaient aux mêmes fêtes et partageaient quelques amis en commun. Oui, il avait été difficile de donner son entière confiance à Saona, et il avait été tout aussi difficile de croire en Andrea. Mais aujourd'hui, Leanne savait que si elle devait un jour lui raconter son enlèvement, elle ne ressentirait aucune appréhension. Elle espérait qu'il en soit de même pour la protectrice ; et sut bientôt que c'était le cas. Andrea finit par lever la tête vers l'horloge murale indiquant la date et l'heure, et expliqua d'une voix neutre que sa mère était morte une vingtaine d'années plus tôt. En comptant la cryo, Andrea avait du la perdre durant son adolescence. Un coup dur, très dur. Lee avait la chance d'avoir ses deux parents encore aujourd'hui, qui lui manquaient déjà d'ailleurs - même si elle avait l'impression de leur avoir dit au revoir une semaine plus tôt tout au plus. Elle était très proche d'eux, surtout de sa mère avec qui elle partageait beaucoup de choses. Elle ne s'imaginait pas vivre sans la savoir à ses côtés, et n'aimait pas penser à ce qu'il serait advenu de son existence si sa mère était morte durant son jeune âge. Andrea avait du énormément souffrir.


« Tu étais proche d'elle ? » demanda-t-elle alors, car elle ne pouvait oublier le ton détaché qu'Andrea avait pris pour le lui dire.

Mais encore une fois, c'était probablement par peur de trop se laisser aller. Si le décès de sa mère ne la touchait pas tant que ça, elle n'aurait pas passé les dernières minutes à pleurer toute seule dans la salle de sport de la base. Néanmoins, quelque chose clochait. Quelque chose d'important. Lee avait comme le pressentiment que la perte de sa mère n'était pas tout ce qui occupait l'esprit d'Andrea. Quand elle l'avait surprise, on aurait dit qu'elle versait ces larmes pour une raison... différente. Plus marquante encore. Comme quelqu'un qui songe soudain à tout ce qui lui est arrivé et qui se sent submergé par la tristesse de voir ce qu'est sa vie. Lee pouvait se tromper, elle pouvait se faire des films, mais elle avait la sensation qu'elle voyait juste. Certes, perde sa mère était terrible, mais après vingt-trois ans, pleurait-on encore cette personne comme au premier jour ?


« Andrea... » commença Lee, voulant se montrer parfaitement sincère mais ayant peur de la froisser. « Je ne veux pas m'imposer ou dépasser les bornes, mais... J'ai eu l'impression, en arrivant, que tu n'allais pas bien du tout et... Je me demande si ta mère en est l'unique raison. »

Voilà, elle l'avait dit. Maintenant, restait à savoir comment son amie réagirait face à cette « intrusion » ; quiconque d'autre se serait fait envoyer bouler après un regard assassin et de copieuses insultes. Mais Lee et Andrea s'entendaient bien, alors si cette dernière n'avait pas envie d'en parler, si elle trouvait que Leanne entrait un peu trop dans sa vie privée, elle saurait la remettre en place sans hurler, par respect pour leur relation. Leanne s'excuserait et elles cesseraient de se pencher sur le passé de la brésilienne, finissant sûrement par s'entraîner ensemble comme elles le faisaient souvent. Alors, tout redeviendrait comme avant entre elles : ce serait une amitié basée sur le fait qu'elles avaient perdu leur innocence avant l'heure et qu'elles en avaient bavé dans la vie, sans qu'une des deux ne sache rien de l'autre.
Pour autant, Leanne espérait qu'il en soit autrement. De son point de vue, le moment de se dévoiler était venu ; et elle était sûre que le partage de leurs secrets ne ferait que les rapprocher un peu plus.
Revenir en haut Aller en bas
Andrea Moreno
- Andrea Moreno -
Look straight ahead,
go forward and never look back


Messages : 278
Points : 198

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Protectrice
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeSam 12 Juin - 19:25

    La révélation qu'elle avait faite n'était en rien un secret d'état, elle ne parlait jamais de ses parents mais si on lui avait demandé quelque chose à leur sujet, Andrea aurait dit qu'ils étaient décédés. L'infection pulmonaire de sa mère n'avait été que le déclencheur du malheur des Moreno, cette perte avait plongé la famille dans une cascades de problèmes. Et chaque solution créait de nouveaux problèmes. Un cercle vicieux et infini qu'Andrea avait pris sur elle d'arrêter en vendant ses charmes, son corps, sa chair. Elle frissonna intérieurement mais n'en laissa rien paraître face à Leanne. Celle-ci semblait si avide de l'aider à soulager son coeur, elle voulait porter son fardeau avec elle. L'émotion qui se lisait sur son visage doux apprenait à la jeune brésilienne que la blonde ne tarderait pas à lui livrer une partie de sa propre histoire. Andrea avait-elle envie de connaître les horreurs qui étaient arrivées à sa protégée? Voulait-elle sentir l'injustice la révolter à nouveau? Elle n'en était pas sûre. Cette frêle et charmante jeune femme lui rappelait trop sa soeur Lola et se souvenir de tout ce que cette enfant avait vu et subi lui était très douloureux. Surtout qu'elle l'avait laissée sur Terre... C'était une gentille fille, elle avait l'air équilibrée et heureuse quand elles s'étaient quittées. Mais sans sa soeur en guise d'ange gardien, allait-elle mal tourner? Cette hypothèse déchirait le coeur de la protectrice et quand elle plongeait dans le regard de Leanne, elle reconnaissait la lueur de désespoir de celui cadette.

    Elle lui avait parlé un jour d'une très bonne amie à qui elle avait tout raconté. Selon elle, ça l'avait soulagée, elle tenait vraiment à cette complicité avec cette "Jess" rencontrée au cours de sa scolarité à Los Angeles. Puis, un jour, Jess a décidé de mettre fin à leur amitié pour une bête histoire d'adolescentes. Si seulement, elle n'avait pas choisi de dire des atrocités sur le passé de son ancienne amie, tout cela devant des camarades de classe. Elle avait traité Andrea de pute et leur père de lâche. Lola en avait pleuré pendant des jours, puis elle était passé à autre chose. Elle était forte cette petite, bien plus qu'Andrea ne l'admettait. Cette histoire n'avait fait que renforcer l'opinion d'Andrea sur le fait de se confier. Elle détourna son regard quand Leanne lui demanda si elle était proche de sa mère de son vivant. Elle revit cette petite brune en tablier bleu turquoise perchée sur une chaise pour atteindre les plus hauts placards de sa cuisine. Andrea adorait la regarder cuisiner pour son petit restaurant, les plats traditionnels embaumaient la pièce et l'enfant avait le droit de goûter les sauces pour donner son avis. La gorge légèrement serrée, Andrea répondit :

      "Oui... Nous étions heureux tous les quatre..."


    Un lourd silence s'installa, Andrea ne voulait pas le briser. Son défunt bonheur d'enfance se reforma dans son esprit. La modeste maison, les modestes cadeaux, les modestes vêtements mais de l'amour à en revendre et des sourires sincères peuplaient ses plus vieux souvenirs. Tout avait basculé dans sa quatorzième année, vingt-trois ans auparavant... Mais devait-elle en dire plus à Leanne? Devait-elle s'ouvrir? Mettre à nu les plus,obscures recoins de sa vie et risquer qu'ils ne lui soient renvoyés en plein visage et lui causent à nouveau de la souffrance? De toutes manières, elle souffrait déjà beaucoup alors fallait-il laisser les choses ainsi ou saisir la main tendue de Leanne? Perdue dans ses réflexions, Andrea releva la tête à la timide interpelation de sa protégée. Elle exposa prudemment ses doutes sur la cause réelle de la crise de nerf qui venait de prendre la protectrice. Ces questionnements étaient légitimes, pourquoi serait-elle autant bouleversée après tout ce temps? Il devait y avoir autre chose, des circonstances que la Bresilienne préférait taire mais qui devaient forcément exister. La jeune femme était perspicace et Andrea s'en sentit quelque peu agressée. Comme si un intrus essayait de forcer l'entrée de sa maison. Elle répondit sèchement :


      "Tu te demandes trop de choses."


    Elle se leva brusquement et s'éloigna dans la vaste pièce. Elle marcha lentement en essayant de respirer à une cadence normale pour calmer l'angoisse qui venait de la saisir en sentant que Leanne avait lu si facilement en elle. Cet exercice était plus que difficile pour elle. Se livrer était une mise en danger, elle ne supportait plus de se sentir vulnérable. Au fur et à mesure, elle retrouva une respiration normale et les battements de son coeur ralentirent. Elle se retourna alors vers son amie. Sa contemplation rendit sa crise de panique ridicule, cette jeune femme était de l'or en barre alors pourquoi la craindre autant? Elle avait aussi un lourd passé, Andrea le savait... Et si elle appremait ce qui lui était arrivé, elle pourrait probablement plus aisément s'ouvrir. C'était peut-être affreux de le penser ainsi mais si elles partageaient leurs passés respectifs elles disposeraient chacune de munitions, d'instruments pour anéantir l'autre. La Brésilienne ne voulait pas se planter face à un canon chargé sans disposer de sa propre artillerie. Elle rejoignit à pas lents la blonde immobile et s'excusa :


      "Je sais que tu veux m'aider, désolée... Mais tu sais après la perte de ma mère, il s'est passé toutes sortes de choses affreuses. Les partager, ça me fait peur... Je crois que si tu... m'en disais un peu plus sur ton propre passé... Je me sentirai moins... vulnérable..."


    Elle marqua une pause en espérant ne pas vexer Leanne avec une telle requête. Etrangement, même si elle angoissait à l'idée de révéler son passé, elle ne trouvait pas le courage de rebrousser chemin. Quitter la pièce aurait pourtant été chose facile, opposer un refus catégorique à la pilote d'avatar n'aurait rien du lui coûter... Et pourtant, elle ne savait si c'était parce qu'elle n'en pouvait plus, mais elle ressentait malgré elle l'espoir que Leanne pouvait dire vrai. L'espoir que partager pourrait la soulager. Elle inspira profondément et se lança subitement :


      "Mon histoire est plutôt longue. Elle commence ainsi : mon père s'est endetté après le decès, la mafia a su tirer profit de ses faiblesses. Et il leur a emprunté de l'argent... Et toi, ton histoire a un début?"
Revenir en haut Aller en bas
Leanne Campbell
- Leanne Campbell -
Co-Admin | Let the sun fall down

Messages : 1287
Points : 654

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Anthropologue.
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeDim 13 Juin - 11:31

Andrea détourna les yeux et se perdit dans ses pensées. Leanne se contenta de poser son regard sur le mur qui lui faisait face et attendit que son amie soit prête. De nombreux souvenirs remontaient certainement à la surface, alors que la conversation était tournée sur le décès de sa mère. Des souvenirs d'enfance ou d'adolescence, juste avant que la maladie ne l'emporte. Le temps avait peut-être passé, mais ce genre de blessure ne guérissait jamais vraiment. Un rien était capable de la rouvrir, comme en ce moment précis, alors que Lee posait des questions sur la vie de famille de la brunette. Cette dernière finit par répondre d'une voix cassée qu'ils étaient heureux, tous les quatre. La pilote songea alors à la soeur d'Andrea. Elle savait juste que son amie en avait une car elle l'avait rapidement mentionnée un jour, durant un entraînement. Mais Lee ne connaissait ni son prénom, ni son âge ni son occupation. C'était bien connu : les deux jeunes femmes avaient beau partager une amitié, aucune des deux ne savait de quoi était fait l'univers de l'autre. Une étrange relation certes, mais qui leur convenait parfaitement bien. Jusqu'à aujourd'hui, heure des confidences.

Et en parlant de confidences, Leanne avait la fâcheuse impression que la tristesse d'Andrea ne s'arrêtait pas à la mort de sa mère. Il y avait autre chose, un événement en particulier qui la chagrinait tout autant, sinon plus. Lee connaissait son interlocutrice même si elle ne savait rien sur elle ; disons qu'elle avait eu l'occasion de l'observer pendant deux ans et qu'elle en avait donc appris beaucoup sur sa personnalité, à défaut d'avoir les détails de son histoire en main. Certes, elle semblait tenir à sa mère, et son absence était un énorme poids sur ses épaules, néanmoins celle-ci remontait à vingt-cinq ans. Andrea était une femme qui allait de l'avant, qui ne se laissait pas abattre par les obstacles que la vie mettait en travers de son chemin. Elle était courageuse et déterminée. Leanne ne l'imaginait pas aussi perturbée uniquement à cause de ce qui s'était passé un quart de sicèle plus tôt. Quasiment certaine de voir juste, la pilote osa en parler à Andrea, espérant que sa réaction ne serait pas aussi violente que si un inconnu tentait de la mettre à découvert. Elles, au moins, étaient amies et cela jouerait forcément en la faveur de Lee.

En effet, ce fut le cas. Au lieu de lui lancer un regard assassin et de lui coller une beigne avant de lui hurler de sortir, Andrea se contenta de lui dire sèchement qu'elle posait trop de questions. Ce qui, venant d'elle, était la preuve qu'elle s'adressait à quelqu'un qu'elle appréciait. Car encore une fois, les choses ne se seraient certainement pas passé de la même façon s'il s'était agi d'une personne dont elle n'avait strictement rien à faire. Malgré le refus d'Andrea, Leanne ne se sentit pas offusquée, bien au contraire. Elle posa son regard sur son amie qui déambulait désormais dans la vaste salle de sport et poussa un soupir. Bon, ce ne serait visiblement pas pour aujourd'hui... Ca pouvait aussi signifier qu'Andrea ne se confierait jamais à Lee. Par manque de confiance ? Ou parce qu'elle n'avait pas envie de suivre ses conseils, préférant garder ses secrets pour elle toute seule ? Quoi qu'il en soit, Leanne avait bien l'intention de respecter le choix d'Andrea. Pour l'heure, elle attendit que la protectrice reprenne son calme, gardant le silence et jouant machinalement avec ses gants de boxe.

Au bout de quelques minutes, la jeune Brésilienne se rapprocha de nouveau. Lee, toujours assise sur le sol, leva des yeux désolés vers elle et ouvrit la bouche pour s'excuser. Mais Andrea prit la parole juste avant, et ce fut elle qui s'excusa. Elle expliqua que toutes sortes de choses affreuses s'était abattues sur sa famille après la mort de sa mère, que les partager l'effrayait et que si Leanne elle-même parlait un peu de son propre passé, elle se sentirait mieux. Leanne sourit intérieurement : elle savait parfaitement pourquoi Andrea lui demandait une telle chose, même si elle ne le disait pas à voix haute - ça ne se faisait pas, et même la franchise de la jeune brune n'allait pas jusque-là, du moins pas quand cela concernait une amie. Malgré sa requête, Andrea fut la première à se livrer, évoquant la mafia et l'emprunt de son père, avant de demander à Lee si son histoire avait un début. L'anthropologue répondit à côté, mais il était important qu'Andrea le sache.


« Je suis désolée que tu aies du donner ta confiance à une personne qui t'a finalement trahie. » Elle laissa passer quelques secondes, puis expliqua sa déduction. « Si tu me demandes de te raconter mes secrets, c'est parce que tu as peur d'être la seule à partager ; alors que si tu sais des choses sur moi, ça change tout. A la moindre menace, tu pourras riposter. » Elle sourit. « Je lis facilement les gens, et j'ai passé un moment à fréquenter le monde la psychologie. J'étais une patiente à la base, mais ça m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur le sujet. » Cette fois, son sourire s'effaça pour laisser place à un sérieux inébranlable. « Ecoute, je peux comprendre que ce soit difficile pour toi de me croire, mais je voulais te le dire : je ne suis pas ce genre de personne. Quand on me confie quelque chose, je le garde pour moi. C'est un principe que j'ai toujours respecté et ça n'est pas près de changer. » Elle haussa les épaules et adopta un ton un peu plus léger. « Maintenant, il n'y a aucune raison que tu sois la seule à te dévoiler, alors oui, mon histoire a un début. »

Ce fut à son tour de supporter les souvenirs qui lui revenaient par vagues destructrices. Elle se revoyait dans cette cave humide et sale, remplie de bêtes grouillantes qui venaient dévorer les repas qu'elle refusait de toucher. Elle revoyait son kidnappeur s'approcher d'elle et lui hurler dessus, avant de lui tordre le bras, de la frapper pour qu'elle se décide à manger. Il avait peur qu'elle se laisse mourir, et il n'avait pas envie de ça. Il avait envie de partir loin avec elle afin que la police et ses proches ne soient plus une menace. Il la voulait pour elle toute seule et chaque heure qui passait, Lee se disait qu'il réussirait. Car elle ne voyait pas l'ombre d'un agent de l'autorité.... Et elle pleurait, encore et encore.
La Leanne d'aujourd'hui n'avait rien oublié, tous les détails lui revenaient avec une précision incroyable. Elle arrivait encore à ressentir les mêmes choses rien qu'en y repensant ; cette indicible peur, cette tristesse qui la conduisait petit à petit au fond du gouffre. Elle pouvait même se rappeler de l'odeur immonde de cette cave. Parfois, elle faisait des cauchemars, se réveillant en sursaut et en sueur, des larmes mouillant ses joues. Il s'était passé presque vingt ans depuis son abduction, mais elle avait l'impression d'avoir vécu tout ça hier.


« J'avais dix ans quand un homme m'a enlevée, » commença-t-elle, ses yeux brillants d'émotion plantés dans ceux d'Andrea. « J'ai passé cinq jours entiers au fond d'une horrible cave, à subir sa colère et ses coups. Quand on m'a retrouvée, j'étais couverte de bleus et d'ecchymoses. J'ai du rester quarante-huit heures en observation à l'hôpital, parce qu'ils craignaient que la force de mon ravisseur ne m'ait infligé des blessures internes. J'avais tellement mal que je ne pouvais plus bouger. Et ça, » dit-elle en montrant une cicatrice qui barrait le dessus de son bras, pas spécialement longue ni profonde mais voyante quand même, « c'est un petit souvenir de lui. Parce que je lui ai dit qu'on me retrouverait bientôt et qu'il irait en prison. »

Lee baissa les yeux, et s'autorisa un soupir. Repenser à tout cela était bien plus dur qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle ne se confiait pas pour la première fois, au contraire. Elle avait longuement parlé de cette période avec Saona, expliquant ce qu'elle avait vécu et ressenti, répondant aux questions de sa meilleure amie. D'ailleurs, même si aujourd'hui Lee parlait à Andrea, il y avait certains détails que Saona serait la seule à connaître, car bien trop affreux et personnels pour être révélés à une « simple amie », même de confiance. Pour autant, elle était fière d'avoir su le dire à quelqu'un d'autre, et surtout, que la protectrice puisse la comprendre un minimum. Apparemment, elle non plus n'avait pas eu que de bonnes expériences dans la vie. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que la mafia avait exigé un remboursement de cet emprunt, et que quand une telle organisation vous avait dans le collimateur, les choses prenaient une tournure dangereuse. Très dangereuse.

« Est-ce que... Est-ce que tu as du venir sur Pandora pour échapper à la mafia ? » demanda-t-elle, peu sûre d'elle - loin d'elle l'idée de froisser Andrea mais d'un autre côté, elle ne la jugerait pas si la réponse était oui. Lee avait bien quitté la Terre pour échapper à la folie humaine... Ca revenait sensiblement à la même chose, non ? Toutefois elle s'empressa d'ajouter, afin de tempérer ses propos. « J'imagine que ça doit être difficile voire impossible de faire en sorte qu'ils nous oublient dès lors qu'on est impliqué, même involontairement... »
Revenir en haut Aller en bas
Andrea Moreno
- Andrea Moreno -
Look straight ahead,
go forward and never look back


Messages : 278
Points : 198

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Protectrice
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeSam 3 Juil - 20:47

    Andrea expira profondément après avoir commencé à dévoiler son histoire à Leanne, les mots étaient sortis tous seuls et elle avait du se freiner pour ne pas tout raconter d’un bloc. Les vannes étaient ouvertes et Andrea savait que maintenant qu’elle avait fait le premier pas, il serait beaucoup plus facile de continuer. Peut-être trop à vrai dire, elle conservait une méfiance ancrée en elle. C’est pour cette raison qu’elle s’interrompit en plein dans son récit pour demander à son amie de lui livrer à son tour une partie de son histoire. Mais cette pause permettait aussi à la jeune femme de ne pas perdre son sang-froid, de ne pas se laisser submerger par l’émotion. Elle ne voulait pas craquer en plein milieu de son récit, et à la fin non plus d’ailleurs. Leanne l’avait déjà surprise en larmes et elle était sur le point d’en savoir plus sur elle que quiconque alors elle lui épargnerait la voix tremblante et les yeux humides. Même Lola, la petite sœur d’Andrea, n’avait jamais eu droit à un récit. Elle avait vécu elle-même certaines parties de cette histoire, mais il restait de grandes zones d’ombre qu’elle n’avait pu combler qu’à force de déductions. Andrea n’avait jamais parlé de prostitution à sa sœur, elle ne voyait aucun intérêt à charger l’enfant du poids de cette histoire. Que lui aurait-elle dit ? Lola, tu sais que si les gens de la Mafia ont cessé de venir nous menacer, nous frapper c’est parce que j’ai accepté de leur appartenir. J’ai fait ça pour toi, surtout pour toi, et quand j’étais prise d’une violente envie de tout arrêter, je pensais à toi et je continuais pour préserver le peu d’innocence et d’insouciance qu’il te restait. Vis avec ça maintenant, petite sœur. C’est à cause de toi que je suis brisée…

    Bien sur que non, elle n’aurait pas pu lui causer un tel tord. Tout avait été tu, même son père faisait comme s’il ne savait pas ce qui se tramait. Pourtant, ils avaient compris. Il n’était pas facile de cacher les marques, de mentir pour justifier l’état de ses vêtements. Ils ne posaient plus de questions après quelques semaines, ils avaient compris qu’elle ne leur parlerait pas et préféraient ne pas la torturer davantage. Le secret, le déguisement, Andrea les avait toujours pratiqués avec plus ou moins de succès. Mais Leanne était en train de faire tomber le voile. Cette dernière comprit pourquoi la brune lui demandait de raconter une parcelle de sa propre vie et si Andrea en avait été capable, elle aurait rougi. Elle était un peu gênée et corrigea quand Leanne s’interrompit quelques secondes :

      « Ma sœur a été trahie, pas moi. Je n’ai encore jamais rien raconté à personne… »


    Ca paraissait improbable et pourtant c’était le cas, elle n’avait jamais suivi de thérapie et ça avait d’ailleurs failli lui coûter sa place sur l’expédition. En fouillant son passé, ils avaient découvert l’histoire atypique d’Andrea et son dossier avait failli être relégué. Par chance, le responsable, Raven Galloway, avait insisté pour qu’elle passe l’entretien et qu’il y assiste. Andrea, malgré tout ce qu’elle avait vécu, était très forte et elle était stable psychologiquement. Elle aurait pu l’être davantage bien entendu, son point faible était la gestion de la colère. Mais Galloway avait du estimer que ce n’était pas un handicap et que sa colère et sa révolte seraient des éléments intéressants pour l’équipe puisqu’elle avait été recrutée.

    Andrea baissa les yeux pendant que Leanne lui expliquait comment elle avait déduit que sa requête cachait un manque de confiance. Elle assura à la protectrice qu’elle ne faisait partie de cette race de personnes qui utilisent les faiblesses des autres pour servir leurs propres intérêts ou obtenir une vengeance quelconque. Andrea ne demandait qu’à la croire, mais c’était plus fort qu’elle, elle avait besoin que le partage soit réciproque. Aussi, quand Leanne annonça qu’elle allait accéder à sa requête, elle releva les yeux vers elle et la gratifia d’un regard de reconnaissance. Puis, patiente, elle se tut en attendant que son amie soit prête à exposer son propre passé. A la fois réticente à l’idée d’apprendre ce que la vie avait pu faire subir à son amie et curieuse, elle lui adressa un regard d’encouragement. Elle compatissait vraiment, car elle savait à quel point faire revivre ses vieux démons était pénible. Dès l’instant où Leanne ouvrit la bouche, Andrea cessa de respirer, suspendue à ses lèvres, plongée dans son regard ému, révoltée par ce qu’elle entendait. L’histoire de la blonde fut livrée avec beaucoup moins de parcimonie que celle d’Andrea et le choc des mots était intense. Andrea imagina son amie à dix ans, jolie, insouciante, heureuse. Tout comme sa sœur et elle avant le décès de leur mère. Puis, tout à coup, en l’espace de quelques secondes, la violence, l’enfermement, plus de famille, plus d’espoir et seulement une cave habitée d’un bourreau. Avec un frisson de révolte, Andrea saisit la main de Leanne à la fin de son récit et s’exclama :

      « J’espère qu’il croupit en taule ou qu’il a agonisé longtemps avant de mourir… Aah, s’il était devant moi, bastardo, je ne me retiendrai pas… »


    Sous le coup de la colère, sa langue natale refit surface. Elle avait une façon bien à elle de montrer son affection, d’apporter son soutien. Elle n’était pas du genre à prendre une voix mielleuse en plaignant son amie et en la berçant dans ses bras. Elle n’utiliserait pas d’expressions telles que « pauvre petite », « tu as du beaucoup souffrir » ou encore « je t’aime et je serai toujours là pour toi ». Aux paroles, Andrea préférait les actes. Elle ne se sentait pas obligée d’assurer son amie de son soutien car elle était effectivement là pour elle, elle l’avait prise sous son aile, elle ne faisait pas de promesses en l’air. Et puis, elle se doutait que Leanne n’aurait pas envie qu’un mélodrame plein de larmes, d’embrassades et de pitié se joue suite à son récit. Tout comme la brune n’avait pas envie de voir l’apitoiement dans le regard de la pilote d’avatar quand elle lui avouerait son passé de prostituée.

    Leanne se demandait si Andrea avait fui la mafia grâce à l’expédition sur Pandora. La protectrice trouva cet idée plutôt rocambolesque, cela ferait certainement un succès au box-office. La Brésilienne des bas quartiers est poursuivit par la mafia et elle réussit enfin à les semer en contournant Jupiter. Par chance, elle atterrit sur Pandora etc etc. Mais après tout Andrea n’en voulait pas à Leanne, avec les heures sombres que vivait l’humanité plus rien ne semblait impossible. Mais par chance, Andrea avait fui la mafia bien avant que cette expédition soit mise en place, elle n’osait imaginer les années qu’elle aurait passées dans son pays natal sans l’aide de ce touriste Américain qui était devenu son mari. Elle secoua simplement la tête et reprit son récit :

      « Non, cela fait déjà plusieurs années que nous leur avons échappé. Mais ça n’a pas été gratuit. Bien sur, mon père n’a jamais pu les rembourser. Ils sont venus d’innombrables fois, mettre la maison sans dessus dessous, agresser mon père, menacer ma sœur… Ils ont même torturé mon père devant nous, ils lui ont tranché deux doigts, ils l’ont tabassé… »


    Andrea inspira car malgré toutes ses résolutions, elle sentait la colère et la tristesse la regagner à l’évocation de cet épisode. Elle serra les dents et s’efforça de conserver une voix posée pour continuer :

      « Ca devenait invivable, ma petite sœur n’en dormait plus, nous étions terrorisés et savions qu’ils viendraient exécuter toute la famille très rapidement si le paiement ne venait pas. Alors j’avais 16 ans, je suis allée les voir et j’ai dit que je travaillerai pour eux à condition qu’ils laissent mon père et ma sœur en paix. C’est comme ça que j’ai commencé à… rembourser la dette… »


    Elle n’avait pas explicitement dit quel travail elle exerçait pour la mafia. Etait-ce évident ? Pas sur… Mais elle ne savait comment le formuler, elle savait très bien ce qu’elle avait du faire mais comment raconte-t-on ça à une amie ? Ces mots n’avaient encore jamais franchi ses lèvres, elle les connaissait, les entendait à la télévision, dans les conversations mais elles ne semblaient pas représenter l’horreur de ce qu’elle avait vécu. Prostitution, vendre son corps, être une pute, une prostituée, combien la passe ? Et tiens, garde la monnaie, traînée. Elle sentit sa gorge se serrer car elle ne savait quoi dire mais elle sentait qu’elle devait le faire. Elle sentait maintenant que ce n’était pas simplement une question de courtoisie, pas simplement parce qu’il fallait terminer l’histoire commencée mais surtout, elle avait besoin que ces mots franchissent ses lèvres. Elle inspira profondément et conclut :

      « Pour ça, j’ai du me prostituer. Pendant des années. »


    Ne craque pas, ne craque pas. Il serait stupide de craquer maintenant, devant Leanne alors que tu n’as jamais craqué en public depuis toutes ces années. Même quand tu passais encore tes nuits avec ces vieux libidineux, tu souriais à ta sœur, tu discutais avec ton père et tu faisais mine de préparer ton sac pour aller en cours. Personne n’était dupe, même si tu avais interdit à ta sœur d’avouer à ton père que tu la laissais devant le portail de l’école et que tu partais seule dans les rues de Rio. Ils savaient tous les deux, mais ils ne cherchaient pas à ce que tu avoues, ils étaient tristes mais soulagés que la mafia ne vienne plus. Et toi, tu ne pleurais pas devant eux, ils avaient peut-être fini par croire que tu n’en souffrais pas et que tu allais bien. Alors ne craque pas.

    Andrea incapable de contenir la vague d’émotion qui la submergea, détourna le regard, le planta sur un mur lisse et propre. Un néant blanc, un vide, un rien du tout pour évacuer la tristesse et la colère qui la gagnaient. Elle réussit rapidement à retrouver une once de calme, à afficher une mine impassible et se retourna vers Leanne pour ajouter afin de boucler l’histoire et de dédramatiser la précédente révélation :

      « Mon père est mort avant que sa dette ne soit effacée, un de mes… clients est tombé amoureux de moi et je l’ai suivi à Los Angeles avec ma sœur. Il a été bon pour moi et Lola, je l’ai épousé. Puis, j’ai divorcé quand j’ai estimé l’avoir assez remercié. »


    Elle avait retrouvé son expression impassible, voilà c’était sorti. Elle avait enfin raconté son histoire. Bien sur, elle avait omis des milliers de détails et pas des plus heureux. Elle était passée très vite sur la période de « service » à la mafia, elle n’avait pas évoqué toutes les situations affreuses dans lesquelles elle s’était retrouvée, tous ces clients pervers et cruels et ses patrons toujours insatisfaits et violents. Elle ne se sentait pas beaucoup mieux, peut-être un tout petit peu mais c’était infime. Certainement faudrait-il encore de nombreuses discussions, d’autres révélations plus précises et plus douloureuses. Peut-être qu’il faudrait qu’elle s’abandonne à pleurer dans les bras de Leanne et Andrea ne s’en sentait pas capable.


Revenir en haut Aller en bas
Leanne Campbell
- Leanne Campbell -
Co-Admin | Let the sun fall down

Messages : 1287
Points : 654

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Anthropologue.
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeDim 18 Juil - 11:10

« Je n'ai encore jamais rien raconté à personne... »

Comment avait-elle pu supporter de ne rien dire ? Comment Andrea avait-elle été capable de continuer à vivre et d'aller de l'avant sans que quiconque ne soit là pour la soutenir chaque jour ? Se savoir dans le collimateur de la mafia n'avait pas du être de tout repos. Leanne était assez intelligente pour se douter que tout ne se passait pas comme dans les films, mais elle était certaine que le côté effrayant et dangereux n'était en rien de la fiction. Secrètement, les autorités mettaient de nombreux meurtres - souvent commis dans d'horribles circonstances et nécessitant la souffrance de la victime - sur le dos de cette organisation. La famille d'Andrea avait du vivre un véritable enfer, tous les jours durant des années. Lee n'avait aucun mal à imaginer son amie tremblante à l'idée que l'on envoie son père à l'hôpital, ou qu'il arrive quelque chose à sa petite soeur.
Et durant tout ce temps, elle n'avait rien dit. A personne. Aucun ami d'école sur qui compter, aucun membre de sa famille compréhensif qui aurait pu l'aider à traverser cette terrible épreuve. Leanne admirait déjà beaucoup Andrea : elle était quelqu'un de fort et de courageux. Mais jusqu'à aujourd'hui, elle ne savait pas encore à quel point. A sa place, la blondinette aurait craqué depuis longtemps, elle n'aurait certainement pas su comment faire face à une telle situation. Se serait-elle enfuie ? Ou pire encore ? Elle n'en savait rien, mais était persuadée d'une chose : jamais elle n'aurait été capable de garder tout ce poids sur ses épaules sans le partager, comme Andrea.

La preuve, suite à son enlèvement, elle avait eu ses parents à ses côtés, mais aussi une psychologue. Cette dernière lui avait fait beaucoup de bien et si aujourd'hui Leanne avait retrouvé une vie normale, considérant cet événement comme son plus mauvais souvenir et rien d'autre, c'était grâce aux gens qui avaient su l'entourer au bon moment. Elle reprenait le dessus, petit à petit, et puis lorsque Saona entra dans son existence, tout fut mille fois plus facile. Celle qui était aujourd'hui sa meilleure amie, sa confidente et même sa soeur de coeur, l'avait aussi épaulée pour que ses cauchemars disparaissent. Pour être soutenue par toutes ces personnes qui comptaient - ou avaient compté - pour elle, Lee ne comprenait pas comment Andrea avait pu garder le silence. De son point de vue, la seule solution afin d'aller mieux était de parler, de mettre un nom sur les sentiments que l'on ressentait quand ces périodes sombres nous revenaient en mémoire. Andrea était la preuve vivante que Leanne n'avait pas forcément tort. Certes leurs deux situations ne pouvaient pas vraiment être comparées, mais les faits étaient là : Lee allait mieux, et Andrea semblait encore hantée par ce qu'elle avait vécu, tellement même que les membres de l'expédition avaient du mal à aller vers elle, la pensant froide et mauvaise. En se renfermant sur elle-même, Andrea s'était isolée. Lee restait persuadée que si elle avait eu quelqu'un à qui raconter ses problèmes, les gens la verraient autrement désormais. Elle-même serait peut-être différente ; plus joyeuse, car elle n'aurait pas à porter seul l'immense poids du secret de son existence.

Aujourd'hui changerait peut-être les choses, qui sait ? Andrea avait fait un pas de plus, et Leanne aussi d'ailleurs. Elle qui n'avait jamais partagé son histoire avec quelqu'un d'autre que Saona, venait de tout raconter à la protectrice. Cette dernière prit la main de Lee, et s'exprima avec colère, espérant que son agresseur croupissait en taule. Elle ajouta même que s'il était juste devant elle, elle ne se retiendrait pas, le tout agrémenté d'une expression dans sa langue natale qui arracha un sourire à Leanne. Elle aimait Andrea pour cela, aussi. Elle n'était pas du genre à vouloir la prendre dans ses bras pour la réconforter ou la plaindre. Même si c'était la première fois que les deux jeunes femmes évoquaient des sujets si graves, Lee l'avait compris au fil du temps. Parce que ce n'était pas dans son caractère, mais aussi parce qu'elle avait elle-même son lot de tragédies, Andrea ne plaignait jamais personne. Cela faisait du bien à Lee de savoir qu'elle avait une amie comme ça, ici. Si un jour elle se relâchait, si elle avait besoin qu'on lui mette un coup de pied aux fesses, elle savait désormais vers qui elle se tournerait. Saona pourrait très bien remplir ce rôle également, toutefois Andrea, avec sa franchise sans aucun tact, serait probablement plus efficace. So' était là pour les conseils, et Andrea pour les coups de boosts.

« Et bien si ça peut te rassurer, il est mort. Il a été abattu par les forces de l'ordre, alors qu'il essayait de s'enfuir quand ils ont enfin réussi à lui mettre la main dessus. C'était des années après mon enlèvement, et il avait eu le temps de faire bien d'autres victimes, » avoua Lee, la gorge serrée. « Mais au moins maintenant, il ne fera plus jamais de mal à personne. »

Le jour de sa mort n'avait pas été facile pour Leanne. Elle avait passé des heures à pleurer dans les bras de sa meilleure amie. Evidemment, elle était bien contente que la police l'ait retrouvé, et abattu. Mais ils avaient également déniché tout un champ en friche loué par ce fameux Max. Après avoir creusé, ils avaient découvert plusieurs corps d'enfants, dont la mort remontait à diverses années. Des gamins qui étaient comme Leanne, mais qui, contrairement à elle, n'avaient pas eu sa chance. Eux, personne ne les avait aidés, les flics chargés de les chercher ne les avaient pas retrouvés à temps - et même pas du tout, jusqu'à la découverte de ce terrain vague. Lee s'était renseignée. Il semblerait qu'elle ait été la seule à avoir pu se sortir des griffes de Max. Elle était sa première victime, mais lorsqu'on l'avait délivrée, et que Max avait failli être capturé, il avait redoublé d'ingéniosité et de prudence. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable en un sens. C'est parce qu'elle lui avait échappé qu'il s'était décidé à prendre d'autres précautions, des précautions si grandes que les enfants suivants n'avaient eu aucune chance. Aucune.
Sans rien dire de tout cela car c'était un peu trop, Leanne serra la main d'Andrea dans la sienne, et l'encouragea d'un regard à continuer sa propre histoire. Elle aussi avait besoin d'entendre autre chose que le son de sa voix racontant son enlèvement pour ne pas craquer.

La brunette avança un peu plus dans l'horreur. Elle expliqua à Lee que la mafia les terrorisait, elle et sa famille, allant jusqu'à torturer son père devant elle et sa soeur. Et que pour que tout cela cesse, Andrea s'était sacrifiée : elle avait été voir la mafia seule, proposant ses « services » en échange de quoi ils devraient laisser son père et sa cadette tranquilles. Lorsque la jeune femme évoqua le remboursement de la dette, Lee s'interrogea sur le marché qu'elle avait du passer avec ces criminels. L'idée qu'elle soit devenue leur exécutrice attitrée lui traversa l'esprit mais s'envola aussitôt. Andrea n'était pas une meurtrière, ça non. Jamais elle n'aurait pu mettre fin à la vie d'innocents, même dans ces circonstances. Leanne ne pouvait pas croire ça. Finalement, elle appris quelques secondes plus tard que le prix à payer était son corps. Andrea avait du se prostituer pendant de nombreuses années. Lee baissa les yeux et secoua la tête, horrifiée de savoir ce que son amie avait vécu. Elle ne dit rien cependant, restant silencieuse. Elle ne voulait pas plaindre Andrea non plus, elle savait que la brunette n'attendait en aucun cas un tel comportement de sa part. Elle ne voulait pas de pitié, il suffisait de la connaître un peu pour le deviner aisément. Parce qu'elle s'était sans doute un peu trop lâchée, Andrea planta son regard dans le mur qui lui faisait face et reprit une voix complètement neutre pour terminer son récit. Elle avait rencontré un homme qui, grâce au mariage, lui avait permis de vivre à Los Angeles, accompagnée de sa soeur. Certes ils étaient désormais séparés, mais au moins aujourd'hui Andrea pouvait vivre pour elle, reprendre son existence en main ainsi que celle de Lola.

« Ces épreuves ont du être terribles, » souffla Lee, avant de plonger ses yeux dans ceux d'Andrea et d'esquisser un petit sourire. « Mais j'aime les histoires qui se finissent bien. Maintenant tu peux penser à toi. Que fais ta soeur à Los Angeles ? Et puisque je m'étais trompée sur la raison de ta venue ici... Qu'est-ce qui t'a poussée à rejoindre Pandora ? »

Elle avait pris un ton plus léger, déviant la conversation sur quelque chose de moins tragique. Andrea apprécierait certainement, de toute façon elle connaissait assez bien Lee pour savoir que son amie était désolée. Que si elle n'en parlait pas, ce n'était pas parce qu'elle s'en fichait mais parce que cela ne servirait à rien de ressasser le passé et se la plaindre. Leanne avait donc choisi d'en apprendre plus sur sa vie actuelle, sur ce que faisait sa soeur dans la vie et pourquoi Andrea se trouvait ici. Elle aurait bien aimé lui demander des nouvelles de son père - probablement resté à Rio - mais n'osa pas. Elle avait le sentiment qu'il s'agissait d'un sujet délicat, après tout, si la vie d'Andrea et de sa soeur n'avait pas été rose comme celle de la plupart des autres enfants, c'était à cause de lui et de ses choix. S'il n'avait pas été voir la mafia pour qu'ils lui prêtent de l'argent, rien de tout cela ne serait arrivé. Andrea lui en voulait sûrement. A sa place, Lee aurait coupé les ponts.
Revenir en haut Aller en bas
Andrea Moreno
- Andrea Moreno -
Look straight ahead,
go forward and never look back


Messages : 278
Points : 198

- Dossier du Personnel -
Grade : Membre
Rôle: Protectrice
Relations :

Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitimeDim 5 Sep - 22:11

    Andrea ne cacha pas son soulagement quand Leanne lui assura que son agresseur avait été abattu par les forces de l’ordre. Elle se figura dans quelle terreur avait du vivre Lee enfant en sachant que son bourreau était en vie, libre et qu’il pouvait assez aisément la retrouver s’il en avait envie. Le savoir mort, hors d’état de nuire définitivement devait être apaisant. Mais Andrea remarqua bien que lorsque son amie ajouta qu’il avait eu le temps de faire bon nombre de victimes, elle se sentait coupable et responsable. Elle ne fit pas de remarque supplémentaire, elle se contenta d’acquiescer avec une expression neutre sur le visage qui signifiait simplement qu’elle était satisfaite d’apprendre que ce criminel était six pieds sous terre. Rapidement, Andrea laissa de côté l’histoire de Leanne pour se concentrer sur la sienne et délivrer son passé au prix d’efforts qui lui parurent surhumains. Quand la révélation sur sa prostitution franchit ses lèvres, elle vit Leanne baisser les yeux et secouer la tête certainement accablée par l’horreur de la situation. Cependant, aucune trace de pitié ne se manifesta chez la jolie pilote. Bien entendu, Andrea ne pouvait s’attendre à ce que Leanne parte d’un grand éclat de rire après cette révélation et passe à autre chose. Elle avait un passé lourd et violent, il était normal que Lee ait du mal à encaisser la nouvelle. On n’aimait pas apprendre qu’une personne proche avait du vendre son corps pour sauver sa peau et celle de sa famille.

    Pendant qu’Andrea se reprenait en essayant de maîtriser ses propres émotions, Leanne encaissait la nouvelle et quand la Brésilienne finit son récit, ce fut avec optimisme que la blonde lui répondit. Elle concluait que tout finissait bien au final malgré les épreuves terribles que la famille Moreno avait du subir. Lee avait changé de ton, la conversation prit un tour plus léger quand elle demanda à son amie ce que faisait sa sœur sur Terre et les vraies raisons de son départ pour Pandora. Une certaine nostalgie envahit la Brésilienne, elle pensa à Lola en espérant qu’elle allait aussi bien que lorsqu’elle l’avait laissée à l’aéroport de Los Angeles où elle était revenue pour lui dire au revoir avant le grand départ. Cinq ans… Cela faisait cinq ans qui s’étaient déroulés depuis que Lola avait pleuré toutes les larmes de son corps avant la zone de contrôle sécurisée. Andrea n’avait pas eu de larmes mais elle était aussi dévastée que sa chère petite sœur. La quitter avait été un déchirement, elle qui veillait sur elle depuis qu’elle était née. Mais Lola avait insisté pour qu’elle tente sa chance pour l’expédition, elle l’avait poussée à réaliser ses rêves et c’était une gamine si équilibrée qu’Andrea savait qu’elle s’en sortirait sans elle. Mais elle lui manquait terriblement, alors que devait-elle ressentir sur Terre, cinq ans s’étaient écoulés… Quand elle l’avait quittée, Lola était en train de passer une formation en restauration. Elle avait hérité du don de sa défunte mère pour la cuisine et son rêve était d’avoir un jour son propre restaurant. Elle ne demandait pas à aller sur la lune comme Andrea, elle ne voulait pas à tout prix servir une cause particulière, se sentir utile, faire quelque chose d’important. Ce qui lui tenait à cœur c’était de se contenter de ses petits plaisirs, de cuisiner pour ses amis, de gagner assez d’argent pour aller au cinéma et au théâtre et de rendre fière sa grande sœur. Elle était tellement plus stable et simple qu’Andrea, elle ne se sentait pas obligée de prouver sans cesse sa valeur, elle acceptait ses failles et ses lacunes. Andrea se demandait parfois comment elle pouvait être aussi sereine. La brésilienne était aussi fière de Lola qu’on pouvait l’être et elle lui faisait une entière confiance, c’est pour cette raison qu’elle l’avait laissée sur Terre. Perdue dans ses pensées, elle en avait oublié de répondre à Lee, aussi quand elle se rendit compte que la blonde l’observait en patientant, elle eut un sursaut et s’empressa de répondre avec beaucoup plus de verve que lorsqu’il s’agissait de parler d’elle-même :

      « Oups, excuse-moi, je pensais à ma sœur, elle me manque vraiment. J’aimerai que tu puisses la rencontrer c’est une gamine extraordinaire, bien plus stable et intelligente que moi. Elle faisait des études de cuisine quand je l’ai laissée, mais maintenant, elle a peut-être ouvert son restaurant, qui sait ? Un vrai cordon bleu cette petite tout comme notre mère l’était. Elle a bien plus les pieds sur Terre que moi - sans mauvais jeu de mots Wink – les petits plaisirs de la vie lui suffisent. Et elle est d’une maturité ! C’est elle qui m’a poussée à tenter ma chance pour cette expédition, elle savait que j’en rêvais… »


    Elle marqua une pause et remonta des années en arrière bien avant que leur vie soit chamboulée. Elle se souvenait de son père et de sa mère qui racontaient alternativement une histoire chaque soir à leurs deux petites têtes brunes. Les contes les plus classiques et les plus archaïques y passaient tels que Les trois petits cochons ou le Chat Botté. Mais celles que les deux enfants préféraient étaient au sujet de la lune bleue, de la magnifique Pandora et des héroïques Jake Sully et Grace Augustine. Les parents rivalisaient d’imagination pour décrire les paysages qu’ils n’avaient vus qu’à la télévision et pour rendre palpables les aventures de ces humains qui avaient fusionné avec la luxuriante lune. Andrea se souvint qu’avant l’infection pulmonaire de sa mère, elle était très douée en classe et qu’elle étudiait avec un acharnement particulier tout ce qui touchait à Pandora. Si les évènements tragiques ne s’étaient pas enchaînés, peut-être aurait-elle postulé en tant que scientifique ou pilote d’avatar pour l’expédition. Cette pensée laissa un goût amer dans la bouche de la Brésilienne. Elle en voulait énormément à son père de ne pas avoir fait preuve d’assez de discernement. Si il n’avait pas contracté ce prêt, ils auraient vécu des galères financières, ils auraient supprimé un repas par jour peut-être mais Andrea n’aurait pas eu à délaisser ses études pour vendre son corps… Le visage légèrement plus tendu, Andrea ajouta :

      « Tous les soirs, nous réclamions l’histoire de Jake Sully sur Pandora et à l’école, j’étais super calée dès que ça touchait à ce sujet. C’était une passion en quelque sorte, en même temps quand tu vis dans les quartiers pauvres de Rio, comment ne pas rêver de ça ? »


    Pour accompagner ses paroles, elle désigna les vitres très hautes de la salle d’entraînement qui laissaient entrevoir la flore sublime de Pandora. Quelques branches scintillaient et voletaient au loin, au bord du lac sur lequel la base était établie, il était facile d’apercevoir des éclairs bleus électriques flottant dans l’air. Ces minuscules ouvertures vers la féérie de l’extérieur avaient déjà fait s’extasier les membres de l’expédition avant leur première sortie et lorsqu’ils s’étaient trouvés réellement sur le terrain leur admiration avait été centuplée. Aucune image et aucune histoire pour endormir les enfants ne pouvait reproduire fidèlement l’environnement de Pandora. Les mots manquaient pour décrire les odeurs boisées, florales, révolutionnaires qui flottaient dans l’air. Comment traduire l’émotion ressentie quand la faune s’allumait telle un néon au contact humain et quand les méduses volantes vous entouraient par centaines ? Pandora n’avait encore jamais déçue Andrea, c’était un peu son El Dorado, son Eden et elle remerciait chaque jour sa sœur de l’avoir poussée à croire en sa chance.

    Un instant rivée sur le paysage, elle se rendit compte qu’elle tremblait presque de tout son corps dans son immobilité. Elle baissa les yeux et observa ses mains tressautant comme si elle avait morte de froid. Le récit de son passé semblait avoir été aussi éprouvant pour son corps que pour son cœur. Les quelques paroles prononcées l’avaient envoyée en arrière de plusieurs années, la replaçant dans des situations cauchemardesques, lui faisant ressentir à nouveau la honte et la peur. Elle décida alors que cette conversation devait prendre fin, elle allait peut-être retourner se coucher pour quelques heures, la journée ne commencerait vraiment que dans trois heures. Il fallait qu’elle se retrouve seule à présent. S’ouvrir comme ça devant Leanne lui donnait l’impression d’être mise à nu pour l’éternité. Elle n’avait plus rien pour se cacher et elle avait besoin d’éviter le regard de quiconque pendant un bon moment. Elle ne savait pas si elle aurait le courage de quitter sa chambre quand il serait l’heure, elle se sentait très faible. Elle se redressa sur ses jambes avec précaution et eut l’impression qu’elles avaient perdu tous leurs muscles, elle chancela légèrement puis se rétablit en prévenant Leanne :

      « Je… Je vais retourner dans ma chambre maintenant. J’ai besoin d’être seule. Histoire de zapper un peu c’qu’on vient de déblatérer. Tu devrais en faire autant, ça sert à rien de ressasser toute cette merde… »


    Elle ramassa ses gants, son sac de sport et s’éloigna de Leanne. Une fois arrivée vers la porte, elle se retourna et ajouta avant de claquer la porte derrière elle : « Merci. »
Revenir en haut Aller en bas

- Contenu sponsorisé -



Don't watch my tears - Leanne Vide
MessageSujet: Re: Don't watch my tears - Leanne Don't watch my tears - Leanne I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

Don't watch my tears - Leanne

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Back to Pandora :: Base Humaine :: Quartier Nord - Quartier Défensif :: Salles d'Entrainement-
Navigation
PVs des Membres






Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit