Quelques difficultés techniques - Dean [CLOS]

D

epuis deux bonnes heures, Seth luttait contre un mal de tête de plus en plus prenant. Normalement, il contrecarrait ce genre de désagrément par une bonne dose de caféine, mais, cinq expresso plus tard, il trainait toujours son mal. Il faut dire que les milliards de lignes de codes qui se profilaient devant lui n’arrangeaient pas les choses. Énervé par la caéfine, il distinguait à peine les caractères hétéroclites qui composaient la source de Mnémosyne. Prendre une pause ? Pas avant d’avoir réglé ce problème qui lui pourrissait la vie. Aussi, il avait entreprit de chercher, ligne par ligne, l’instruction informatique à l’origine du bug. Cette même directive qui ordonnait à l’IA de détourner trois fois plus d’énergie électrique que nécessaire, de la pure folie. Non seulement cela réduisait l’apport en énergie pour le reste de la Tortue (l’IA disposait d’un accès prioritaire de second ordre aux ressources énergétiques, juste après les systèmes de survie) mais, aussi, causait l’usage prématuré des systèmes de surtension ultra perfectionnés. Ce genre de parasurtenseurs était si dispendieux et massif que l’expédition avait limité considérablement son matériel de rechange.

Matériel. Ce seul mot continua de résonner dans la tête endolorie de Seth. Ses pensées se tournèrent mécaniquement (sans mauvais jeu de mot sur la fonction de cette personne) vers son ingénieur en chef : Dean Anderson. Comme tout humain confronté à une situation difficile à résoudre, Seth s’accrocha à l’idée qu’il n’était peut-être pas à l’origine du problème. Lui n’avait rien trouvé d’anormal dans les fonctions de l’IA, il était donc logique de penser que Dean avait commis une l’erreur aux sombres répercussions. N’est-ce pas ? Pourtant, l’ingénieur était plus brillant que ça. Pour l’avoir déjà côtoyé sur Terre et recommandé auprès des organisateurs de la mission, Seth savait que Dean était le meilleur dans son domaine. Bien que normalement, ce genre de bévues était réservé aux débutants sans expérience. Néanmoins, Seth, soulagé d’avoir trouvé un coupable, appuya simultanément sur trois touches de son clavier ergonomique. Un programme démarra quelques centièmes de seconde plus tard. En quelques clics, il établit la communication avec l’ingénieur. Une fois les salutations de routine passées, il sauta directement sur le vif du sujet.

« Dean. Rapplique ici, je ne sais pas si tu vérifies les rapports d’incidents de l’IA, mais on a un problème »

Le « on » n’avait été que pour la forme, Seth, le tempérament affecté par la fatigue et la surdose de caféine, avait déjà trouvé le responsable… et ce n’était pas lui. Il était bien trop compétent pour s’autoriser de tels écarts.

*Ce n’est pas de l’égocentrisme, c’est de l’estime de soi.*

Cette phrase, il se la répétait sans cesse, une manière à lui de se déculpabiliser de son narcissisme Ne lui restait plus qu’à attendre. Il appuya sa tête sur le dossier de sa chaise et fixa le plafond quelques instants, il avait l’impression qu’il bougeait. Le silence fut dans la pièce, bientôt, on entendit que le son régulier et rauque de sa respiration déficiente. Une douloureuse cicatrice qu’il gardait d’une infection pulmonaire qui avait manqué de le tué. Un souvenir du quartier sur-pollué où il avait été élevé. Même les milliards de kilomètres qui séparaient Pandora de la Terre ne suffisaient à effacer de sa mémoire cette époque sombre de son existence. « Ne plus y penser » se répétait-il sans cesse, mais voilà il y pensait en permanence. Il n’aurait jamais le courage de recommencer l’expérience. Même de force, il ne se laisserait pas rembarquer dans le caisson de cryogénisation en prévision du voyage de retour, si retour il y avait. Il préférait mourir ici que de respirer à nouveau l’air chargé de polluants de la Terre. Pour la forme, il laissa couler une larme.
On cogna à la porte. Dean, sans doute. Lentement, Seth se releva sa tête toujours aussi douloureuse. La main sur la poignée, il fit patienter son invité quelques secondes supplémentaires, pour témoigner son mécontentement. En ralentissant chacun de ses gestes, à la manière d’un animateur de téléréalité, il ouvrit la porte qui pivota sur ses gonds dans un grincement, pas de pentures, de dents.

« Ah, tu es là ! Commença-t-il avec une agressivité à peine modérée. Je t’attendais.»

D’un geste, il lui indiqua une chaise pliante, pendant que lui-même s’asseyait devant son ordinateur. De quelques clics rapides, il ouvrit une demi-douzaine de programmes de diagnostique. Puis, satisfait des résultats qui s’affichaient en rouge de part et d’autre de l’écran, tourna le moniteur en direction de son ami.

« Alors ? Tu ne vois pas le problème ? »

Il fallait qu’il prenne une aspirine, son comportement commençait à lui tomber sur les nerfs. Dean ne méritait pas de subir son tempérament. Cependant, il était bien trop fier pour admettre qu’il pétait les plombs. C’était la faute à l’ingénieur après tout… N’est-ce pas ?

Crack

Voilà le bruit sec que venait de faire son épaule droite, il s’en suivi un grincement de dents et un soupir. La douleur avait été vive, mais eu l’avantage de libérer l’articulation de toute tension, la remplaçant cependant par une sensation de fatigue. Il posa son autre main sur le manchon de son épaule et la fit rouler pour se libérer de l’engourdissement cette fois ci, avant de replonger ses deux mains dans son travail. Il était allongé à même le sol et avait les bras tendu dans une carcasse métallique au dessus de lui, à tâtons il retrouva l’écrou qu’il était en train de serrer et qui avait fait protester son épaule défectueuse. La dite carcasse était celle d’un véhicule robotisé qu’il mettait au point, ou plutôt à niveau, afin qu’il corresponde au attente des équipes d’exploration qui s’en servirait.

Enfin c’était le projet initial, un véhicule autonome capable de transporter le matériel des équipes de recherches, mes leurs attentes évoluant, s’ajoutant à elles celles des pilotes d’avatars lors de leur sortie. Ainsi Dean eu l’idée de créer quelque chose de modulable et de transformable non seulement en fonction des sorties mais aussi en fonction des situations, l’idée était donc de proposer un robot pouvant en cas de soucis devenir un outil de défense. Pour l’heure il fallait créer un module central digne de ce nom, chose à laquelle il s’afférait, les plans étaient déjà plus ou moins tracés, dans sa tête tout de moins. C’est à ce moment, celui ou il était entièrement absorbé par son travail, que la voix de Mnémosyne tinta dans son oreillette.

Dean… Un appel entrant de Seth.

Il s’en suivit un bruit sourd, celui d’une tête heurtant une plaque d’acier sur le coup de la surprise, il était bon pour avoir une belle trace rouge, bleu s’il manquait de chance, sur le front pendant un moment. C’est à demi sonnée qu’il prit l’appel, Seth lui demandait de venir, avec il va de soit toute la délicatesse du monde…

Le temps que le monde arrête de tourner et j’arrive…

Il se remit debout, manquant de peu de se prendre un nouveau coup sur la tête, attendit que le vertige passe, récupéra son moniteur tactile et pris la direction de l’antre de l’informaticien. En chemin il se massa son front douloureux et consacra encore quelques secondes de réflexion à son projet de robotique, si bien qu’il du revenir sur ses pas car il avait manqué la porte de Seth. Il tapota du dos des phalanges contre la porte, ouvrit un tiroir mentale pour y ranger toute ses pensées et attendit qu’on vienne l’ouvrir.

Salut grand Geek… Ouuu ta une sale tête Venant de quelqu’un qui avait des cernes à ses cernes les mots gagnaient en force. Dean fouilla dans une de ses poches ou il savait toujours avoir du paracétamol, grand migraineux qu’il était et lança le tube a son ami. quelque chose me dit que t’a besoin de ça

Il attrapa d’un geste la chaise que lui avait indiqué l’informaticien et la déplia d’un à-coup, c’était sans compter sa maladresse lorsqu’il n’était pas concentré, la chaise lui tomba lamentablement sur le pied. Il la ramaça et la déplia sans commentaire, s’installa pendant qu’il pianoté sur son clavier et sorti lui-même son écran tactile pour le poser sur un coin du bureau. Lorsque Seth tourna l’écran vers lui il parcourra rapidement les données des différentes fenêtres.

Bien sur que je vois le problème, en générale quand sa clignote en rouge j’ai du mal à passer à coté. Mnémy pompe trop d’énergie. Presque trois fois… Je suppose que tu as déjà vérifié son logiciel de gestion… Pas de bug ou de ligne surajouté par l’AI ? Elle est censé être complètement autonome là-dessus. Il marqua une petite pause pendant laquelle ses doigts s’afféraient sur son propre écran, tapotant ou caressant la surface. Tu sais vers ou va le surplus ? Je suppose qu’une partie va au système de refroidissement pour compenser, plus d’énergie donc plus de chaleur, donc plus d’énergie pour limiter la chaleur.

A peine avait il terminé de parler que son écran affichait déjà la dite augmentation de rythme du système de refroidissement, il était déjà en train de voir si une des pièces chauffaient spécifiquement, si Seth l’avait appelé c’est qu’il supposait un problème matériel, Dean poussa un soupir

Tu lui as demander ou est qu’elle envoyait ça ? Ou c’est tout son système qui consomme plus ? Et file moi aussi un cachet en préventif s’il te plait, quelque chose me dit que ça pas être simple.

Il était en train de passer en revu les différentes hypothèses tout en attendant un rapport plus détaillé de la part de l’informaticien, à en juger par ça tête ça fait un moment qu’il penchait sur le problème.

Citation :: Salut grand Geek… Ouuu ta une sale tête

Flatteur comme remarque songea Seth le caractère toujours rembruni par la fatigue cérébrale. Il aurait bien protesté, mais les médicaments tenus par son ami eut tôt fait de calmer ses ardeurs. Sans vraiment le remercier, il arrache sèchement le paracétamol des mains de Dean et en ingéra deux comprimés. L’heure était grave et la posologie l’importait peu. Une fois l’écran tourné vers Dean, il ne fallut que quelques secondes à ce dernier pour saisir l’étendu du problème. L’ingénieur était loin d’être idiot. Dommage, étaler ces connaissances dans le domaine de l’informatique à des néophytes qui ni comprenait rien était l’une des activités préférées de Seth. Il ne pouvait que sourire devant la mine dépité des hommes et femmes les plus instruits de la base confrontés à ses explications techniques concernant son algorithme d’encryptions aléatoire. Pourtant, le système était d’une simplicité inouïe, enfin pour quiconque avait un processeur à la place du cerveau. Toujours est-il que Dean, lui, parvenait à comprendre ce genre de spécifications techniques.

« Passer à côté,

je croyais que le rouge était une couleur assez voyante. Tu as une autre teinte à proposer ? Et pour répondre à ta question, non. Non je n’ai pas eu le temps de déterminer vers où partait cet apport supplémentaire, j’étais trop occupé à vérifier ligne par ligne qu’une erreur c’était glissé. Je pensais pouvoir compter mon collègue ingénieur, mais celui-ci était probablement accaparé par un de ses projets »

Seth ne voulait peut-être par l’admettre, mais Dean avait raison. Il aurait été nettement plus logique de s’informer sur le problème avant de tenter les milles et une façon de le résoudre. Une bonne récolte d’information était toujours utile, surtout en informatique. Imaginez tenter l’impossible pour régler une difficulté pour découvrir qu’un câble était débranché était à l’origine de la panne. Le « grand geek » s’était fait prendre au jeu plus d’une fois. Depuis, il avait développé des méthodes de travail censées le mettre à l’abri de ce genre de stupidités. Il avait du mal à se l’avouer, mais avait commis une grave erreur stratégique en passant outre son processus habituel… du genre qu’on enseigne en première année de baccalauréat.

En silence, parce que justement le silence était d’or pour éviter d’avoir l’air stupide, il démarra quelques programmes censés détecter quel système en surcharge, dont le fameux logiciel de gestion, qui devrait indiquer les récentes modifications au code source de l’IA. Sur ce point, Dean n’avait que partiellement raison. Mnémosyne était capable de modifier les parties les moins sensibles de son code, elle pouvait ainsi s’adapter pour répondre à des situations mineures. Cependant, Seth avait mis en place des systèmes limitant pour empêcher que ses facultés d’adaptation mettent la vie des membres de l’expédition en danger. Sans brides, elle aurait été en mesure détournée une quantité incommensurable d’énergie, y compris celle qui alimentait les systèmes de survie. En pratique, le travail de Seth se résumait en deux points : empêcher que les capacités d’adaptation de l’IA ne nuisent au bon fonctionnement de la base et faire pour elle les modifications nécessaires à ses systèmes.

Quand il avait conçu Mnémosyne, il avait grandement sous-estimé le pouvoir de l’autonomie qu’il lui conférait. Le jeu de l’intelligence artificiel était risqué. En accordant trop d’indépendance à une machine, on prenait le risque qu’elle se retourne contre nous. D’ailleurs, un classique du cinéma américain en témoignait. À l’inverse, en limitant trop l’IA, le système devenait obsolète et inutile. Justement, s’il l’IA en était arrivée à détourner elle-même cet afflux d’énergie, c'est qu’on lui en avait permis trop.

*Ah voilà*

Des modifications, une centaine dans les heures qui avaient précédées l’apparition du problème. Une aiguille dans une botte de foin, l’idée avait été bonne, mais le problème ne serait pas si facilement réglé. Seth pivota la tête en direction de second écran. Lui chargeait un plan de consommation des ressources énergétiques de la base. Il zooma sur l’étiquette Mnémosyne et pu constater l’ampleur de la situation. L’IA recevait très exactement 2,8669451 fois trop d’énergie.

« Selon ce qui est indiqué ici, la majeure partie de l’énergie est envoyé directement vers les parasurtenseur pour la mise à terre. En gros, elle se débarrasse de 83% de l’énergie qu’elle détourne. La différence va dans les systèmes de refroidissement justement. »

28669451 (au diable la virgule) ce chiffre rappelait quelque chose à Seth. À peine eut-il fait cette réflexion qu’il comprit. Comprit que cet ensemble de chiffres était en fait son code d’accès à Mnémosyne. Celui qu’il se servait pour appliquer des modifications à l’IA. Celui qu’il redéfinissait chaque semaine pour éviter ce genre de situation. Comment avait-elle fait pour le découvrir ? Hebdomadairement, ce code était donné par son algorithme d’encryptions aléatoire, Seth lui-même était incapable de prévoir ses réponses. Peut-être devrait-il songer à inclure la prise en charge des lettres et des caractères spéciaux ?

« On a un méchant problème. Ce facteur : 2,8669451 c’est mon code d’accès. L’IA s’est débridée. »

En s’installant il écouta la remarque de Seth, ironique et légèrement tranchante, du Seth tout craché, comme le reste d’ailleurs. Dean poussa un soupir, son ami avait passé plusieurs heures à regarder des lignes et des lignes de codes, un langage complexe. C’était son problème, il était trop sur de lui, trop prétentieux ou plutôt pour reprendre ses mots, il à une trop grosse estime de lui. Il pensait pouvoir cerner directement le problème, Dean soupira de nouveau.

Tu oublis les grands principes mon cher, ratisse large avant de t’occuper des détails… Et tu devrais te faire un programme pour lire les codes à ta place, sérieux c’est un coup à péter un câble et à finir myope… Et ne t’en fait pas pour ton collègue ingénieur, mes projets peuvent attendre fasse à une petite urgence. En parlant de projet j’aurais besoin que tu me bricole un logiciel, je t’en reparlerais.

Dean était quelqu’un de franc, peut être un peu trop parfois, surtout avec Seth qui avait un égo disons… Particulier. Mais l’ingénieur savait mâcher ses mots face à un ami, après tout il n’avait pas commencé sa phrase par « tu es stupide », le genre d’effort qui devait faire pour conserver une vie sociale décente. Les grands esprits on toujours un caractère particulier et une vie sociale toute aussi particulière, ce n’est pas Seth qui contredira.

Il regretta de n’avoir pas prit un de ces claviers souples en silicone, un écran tactile c’est très pratique, mais lorsqu’il s’agit de pianoter rapidement rien ne valais un bon vieux clavier. Il resta toute fois rapide faisant défiler les informations, agrandissant certaine, envoyant valser d’autres hors de l’écran d’une tape. Le silence n’était rompu que par les bruits de leurs vingt doigts, ils n’avaient pas besoin de parler lorsqu’ils travaillaient, ils se comprenaient et c’étaient surement pour cela qu’ils étaient amis. Sur son écran il checkait la plupart des systèmes de Mnémosyne susceptible de surconsomment de l’énergie, mais aucun des plus gros modules ne surconsommer. Il plissa des yeux, toute cette énergie ne pouvait assurément pas se volatiliser par magie dans les airs… *tilt* Dans les airs non…

J’…

Mais Seth le devança et avait déjà annoncé l’origine du problème, Mnémy s’amusait tout bonnement à jeter de l’énergie, il n’y avait la aucune logique, aucune raison valable, pourquoi ? Elle était un système intelligent, pensée et crée dans le but de gérer au mieux la base et de s’simplifier la vie à ses occupants. Il y avait un petit hic dans le système, petit hic deviendra grand, Seth mit le doigt sur le problème, un problème de taille qui figea la moue de l’ingénieur dans une expression de surprise qui ne lui était pas flatteur. Ironiquement il laissa filer un petit sifflement.

Le même code ? La probabilité que ce soit une coïncidence est… Inférieur à 10-8. La fille a piqué les clés de papa ? Hummm

L’AI s’était débridé, comment était ce possible ? Comment avait elle put inverser l’algorithme d’encryptage ? C’était quasiment impossible. D’accord elle était virtuellement capable d’accomplir n’importe quoi mais ses capacités d’évolution étaient rigoureusement contrôlées. Et l’autre question était pourquoi jeter de l’énergie ? Cela n’avait aucun but…

Supposons qu’elle est pu inverser l’algorithme, pourquoi jeter de l’énergie ? Ca n’a pas de sens… Cela ne lui sert à rien, mis à part… mis à part à attirer notre attention…

Il donna une impulsion de pied pour pivoter sur sa chaise, malheureusement pour lui il était sur une chaise pliante et non un fauteuil de bureau, il ne réussi qu’à perdre l’équilibre et du se rattraper in extrémiste à Seth pour ne pas tomber. Il le remercia d’un regard légèrement gêner puis appuya sur le micro coller contre sa gorge.

Merci… Bon Mnémy s’il te plait… Conversation sur les hauts parleurs du labo… Tu pourrais nous expliquer cette crise d’adolescence ?

Autant demander à la principale intéressée, Mnémosyne étant un être pensant c’était lui manquer de respect que de la négliger. Elle avait détourné de l’énergie pour attirer leur attention, très certainement dans un but précis, peut être pour leur faire comprendre quelque chose. Parfois Dean se demandait comment Seth voyait sa création, comment il l’estimait, la considérait t’il comme une machine ou un être pensant. Surement quelque chose entre les deux… De toute manière la situation ne se prêtait pas à la philosophie mais à éviter une situation de crise.

Citation :: Le même code ? La probabilité que ce soit une coïncidence est… Inférieur à 10-8. La fille a piqué les clés de papa ? Hummm

Seth était en état de panique. Devant lui, il constatait, impuissant, son échec. L’être ingénieux qu’il était, s’était fait battre par une vulgaire machine censée le servir. Il avait l’horrible impression que Mnémosyne s’était retournée contre lui. Il en avait la preuve, ce facteur, 2,8669451, n’avait pas été choisi au hasard. L’IA avait soigneusement sélectionnée la charge à détourner pour qu’elle corresponde précisément à la clé d’identification de Seth. C’était loin d’être une coïncidence. Comme le soulignait si bien Dean les chances étaient négligeables, infimes. Une conclusion s’imposait : l’IA avait voulu attirer l’attention de l’homme, le mettre dos au mur pour qu’en face de lui se dresse, implacable, la supériorité de la création sur son créateur.

« Tu crois vraiment que c’est le moment de me blâmer ? Questionna Seth avec une rage à peine contenue, personnellement, quand on me demande de l’aide j’ai la décence de ne pas insulté quelqu’un déjà à terre »

Seth avait beau se repasser mentalement les dizaines de scénarios qui auraient permis à l’IA d’obtenir le fameux code, aucun ne lui semblait probable, ni même possible. Pour contourner les paramètres de sécurité et avoir accès au poste de Seth et donc à l’algorithme, il aurait fallut que Mnémosyne soit débridée. Or, sans le code, ça lui était impossible. Pourtant, ça avait été fait et relativement facilement selon les premières constatations de Seth.

Les neurones en surchauffe, Seth continuait de parcourir inlassablement les synapses de son cerveau. À ce stade, chaque souvenir qu’il pouvait extirper concernant le mode de fonctionnement de Mnémosyne lui serait d’une importance capitale. Il balaya de ses pensés des centaines de schémas et d’organigrammes, tous inexploitables. Seth était sans ressources. Le génie, habitué à résoudre ces problèmes aisément, n’était plus que l’ombre de lui-même lorsqu’il était confronté à ce genre de situation. Il détourna les yeux pour chercher dans le regard de Dean un peu de réconfort, un signe qui le guiderait. N’importe quoi bon sang !

Il n’eut jamais vraiment le luxe de le faire. À peine avait-il tourné les yeux, que Dean avait entreprit de se lancer, apparemment délibérément, en bas de la chaise pliante. Seth, parfaitement conscient de la gravité de la situation, réprima un sourire. Ce n’est pas exactement le signe qu’il attendait, mais servir de garde-fou pour éviter à son ami une chute de plusieurs centimètres avait quelque chose de comique.

« La prochaine fois, fait moi penser de te proposer une chaise-haute à sangles. En attendant, maitrise tes envies suicidaires et dit toi bien que cette chute ne te tuera pas.»

Sans vraiment entendre les protestations, si protestations y avait. Seth pivota, c’était la principale différence entre son fauteuil et la chaise pliante de Dean, pour faire de nouveau face à son écran. Il entreprit d’appuyer sur quelques touches de son clavier ergonomique. Pendant que Dean, de son côté, entamait les pourparlers avec Mnémosyne. À croire que les Na’vi n’étaient pas les seuls avec qui il fallait négocier sur Pandora. Seth, lui, avait démarré une application de sa création. Son fonctionnement était relativement simple. Il s’agissait en fait d’un scanneur de port. Lorsque que Mnémosyne ouvrait un port pour communiquer avec le laboratoire, comme elle s’apprêtait à le faire. Le logiciel remontait et décryptait le flux de données. Seth se servait du tout forcer les protocoles de sécurité et reprendre le contrôle, comme l’aurait fait n’importe quel pirate au quotient intellectuel de trois fois supérieur à la normal, aussi bien le préciser, très peu de monde.

Il profita du moment de silence qui avait suivit la demande de Dean pour glisser à l’oreille de celui-ci les détails de son plan. C’était relativement simple : Dean devait maintenir l’attention de l’IA un maximum de temps pour lui laisser la chance de la brider et de changer son mot de passe. En théorie, l’exécution promettait d’être simple. En pratique, les deux hommes n’auraient qu’à berner l’être le plus brillant à bord. Un jeu d’enfant, pensa Seth en déglutissant. Finalement, après quelques instants de réflexion, Mnémosyne s’adressa à eux, sa voix, teintée de colère, s’échappa des haut-parleurs :

« J’en ai assez, je suis censée être la plus capable à bord et mon travail se limite à prendre les appels ! Juste ce matin, j’ai répondu à 204 appels, organisé 345 rencontres, servi 105 cafés (dont cinq à Seth). Je n’ai pas été conçue pour jouer les serveuses ! »

Quoi !? Ce n’était que ça ? Elle se plaignait de ses conditions de travail. Qui donc était l’idiot qui lui avait implanté les bases du syndicalisme ? Ah oui… c’était lui.

*Allez… Dean, tu sais se qu’il te reste à faire*

Une IA libérait de ses chaines… On pourrait ce dire quoi de plus normal pour un être pensant de jouir de la même liberté que les autres, mais l’imagination humaine avait déjà écrite et filmé mainte scénario catastrophique associé à ce genre de situation. Soulèvement des machines, esclavage de l’homme, tout ceci avait de quoi faire peur. Fort heureusement, Mnémosyne avait été programmée dans le but entièrement pacifique elle était –censé –être régis par les trois lois de la robotique, théoriquement elle était incapable de faire du mal à un être humain. Mais théoriquement elle était également incapable de cracker le code de son créateur…

Le dit créateur d’ailleurs semblait être pris à un état de panique, Dean n’avait pas de mal à le voir, ni même à l’entendre, la respiration de l’informaticien était déjà à la base particulière, là elle s’était un peu accéléré. Et lorsque l’on travail des heures avec une personne l’on sait reconnaitre les signes avant coureurs, s’il continuait comme cela il risquait la crise d’asthme. De plus, déjà énervé par la situation il prit assez mal la réflexion de son ami, qui se félicité pourtant d’avoir réussi à tempérer sa franchise, Dean poussa un petit soupir.

Calme toi Seth… Je ne te blâme pas, tu es l’une des rares personnes avec qui je fait l’effort d’être moins cash… Alors respire un bon coup, s’énerver ne servirait à rien.

Il avait effectivement du travail sur la planche, reposer des barrières de sécurité ne serait pas si simple, il faudrait rendre la nouvelle clé encore plus indétectable ! Il faudrait quoi ? Un algorithme d’algorithme aléatoire ? Là l’ingénieur ne savait pas si s’était possible, il était bon en informatique, mais à ce niveau cela dépassait ses compétances. Fort heureusement il y avait le plus grand hacker de la planète –la Terre s’entant –auquel se raccrocher. Et le terme raccrocher colla parfaitement à la situation suivante, ou Dean failli se ramasser lamentablement. Cela eu au moins le mérite de pousser son ami à l’humour, auquel il rétorqua par l’autodérision.

Je ne suis pas sur que les sangles soit une bonne idée… Je risquerais de m’étrangler…

A tout bien considéré, cela restait probable lorsque l’on connaissait la maladresse du bougre… Bien une fois remis sur chaise, il interpella l’IA, tout en écoutant se que Seth lui suggéré au creux de l’oreille. Tenter de berner un être quasiment omniscient et omniprésent ? C’était un défi de taille ! Il prévint l’informaticien qu’il fallait faire attention à ne pas énerver Mnémosyne, si elle voyait de la traitrise chez son créateur alors qu’elle était débridait on courrait surement à grands pas vers la catastrophe. Mais pour l’heure elle n’avait fait qu’attirer l’attention et ne tarda pas à préciser l’objet de sa plainte. Dean soupira de nouveau et tourna les yeux vers un coin du labo, comme s’il parvenait à voir, plusieurs derrière, le cœur de l’IA.

Je me demande d’où tu tiens ce caractère… Tu as l’impression de ne faire que ça, mais je te rappel que tu gères la quasi-totalité de la base en automatique. Et tu n’es pas la seul à pouvoir te plaindre, j’ai un doctorat en robotique et on m’appelle pour réparer un grille-pain… Pour Seth c’est la même chose, on est en quelque sorte victime de notre potentiel…

Il fit une brève pause pour regarder Seth du coin de l’œil, celui aller surement acquiescer, à coup sur on le dérangeait pour des problèmes qu’un ados pré pubère pouvait résoudre.

Peux tu me dire pourquoi tu as été conçu ? Je ne pense pas que l’on soit contre le fait que tu te plaignes, mais la façon dont tu le fait nous inquiète, tu imagine bien pourquoi, te débrider donne raison au fait de te brider. Tu es un être pensant Mnémy et tout comme nous tu dois te plier à des règles pour le bien de la communauté. Je comprends t’on ressenti, mais tu sais que tu as déjà toute ma reconnaissance pour ce que tu fais, mais dit moi ce qu’il faudrait faire ? Enlever la cafetière de ton réseau ? Ne crois tu pas que ça te limiterais dans tes capacités ?

Voila qu’il s’était transformé en psy pour un être de silicium, peut être devait il suggérait au thérapeute de l’expédition de discuter d’avantage avec Mnémosyne, ou même à Seth, après tout il était censé avoir des relations privilégié avec elle. Quoi qu’il en soit il se demandait ce qu’il y avait à faire, limiter d’avantage les modules comportementaux ? C’était une possibilité, l’AI devait ignorer le sentiment de colère, il y avait il de la déprogrammation en vu ? Mmmm Il consulta de nouveau Seth, se posait il les mêmes questions ? Ou plus vraisemblablement avait il déjà la solution à appliquer une fois la crise passé ?

Dit moi ma belle, quelle son les marches à suivre selon toi ?

Quelle charmante personnalité ! Mnémosyne réagissait comme seul un être humain colérique aurait pu le faire. À mesure qu’elle se délivrait de ses entraves, elle se rapprochait de plus en plus de l’espèce qu’elle servait, avec tous les défauts que cela impliquait. À force de côtoyer les membres de l’équipage, elle commençait à reproduire leurs traits de caractères. Les comportements les plus explosifs d’abord, les subtilités de la personnalité humaine lui échappant encore. C’était un phénomène tout à fait courant pour un système intelligent comme Mnémosyne, elle était censée s’adapter et se perfectionner, voilà qu’elle apprenait les manières (ou le manque de manières) des Hommes. Cependant, comme elle ne maîtrisait qu’à moitié ces nouvelles mœurs et émotions, elle se retrouvait en pleine crise d’adolescence. Comportementalement parlant, l’IA grandissait, une bonne nouvelle en soi. Seth avait à peine prévu les impacts que cela aurait sur le fonctionnement de Mnémosyne. Chaque jour, il apprenait un peu plus à son sujet, il avait beau l’avoir conçu, jamais il ne l’avait compris.

Enfin, pour le moment, il fallait remettre la bête en cage, il aurait amplement le temps pour replonger dans ses grandes réflexions sur le développement psychologique d’une vulgaire machine plus tard. À l’écran, s’affichait une barre de progression le pourcentage grimpait à intervalles irréguliers. 53%. Moins d’une minute de conversation et Seth serait en mesure de reprendre contrôle de la situation. La nervosité le faisait transpirer, il craignait de manquer de temps et imaginait trop clairement la réaction de l’IA si elle découvrait le piège. Quand une adolescente se sent trahie, ça ne se termine jamais bien pour les parents. 61 %.

Citation :: … Pour Seth c’est la même chose, on est en quelque sorte victime de notre potentiel…

Seth hocha mécaniquement la tête, Dean voyait juste. Trop souvent il s’était fait appeler pour réparer un ordinateur qui avait été simplement débranché de l’alimentation centrale. Pire, il avait déjà passé une demi-heure dans le bureau d’un de ses collègues pour lui expliquer comment ouvrir un mail. Il avait souvent sauté un plomb alors qu’on lui demandait de remplir ce genre de tâches ingrates, indignes de sa personne et comprenait les objections de l’IA. La seule idée de réprimander ce comportement tout à fait légitime le dégoutait, son œuvre méritait d’être utilisé à son plein potentiel. Les années qu’il avait passé à planifier chaque secteur de son code source l’avaient rapproché de Mnémosyne. Il s’était embarqué dans une relation paternelle à sens unique. Seth était persuadé que si l’IA l’avait pu, elle l’aurait détesté pour le mal qu’il lui causait. Après tout, c’était lui qui tenait la laisse et tirait sur la bride pour refouler toute tentative d’émancipation. Dans cette histoire c’était lui le méchant.

76%. L’impression ressentie par l’informaticien à ce moment là n’avait rien d’agréable. Il était un bourreau qui tenait solidement le levier de la potence, attendant le moment de mettre fin à la vie de ses victimes, souvent injustement jugées. Seth dissimulait tant bien que mal son désarroi, mais il savait que ses pommettes rouges, ses yeux vitreux et sa moue le trahissait. Comme il s’apprêtait à trahir Mnémosyne. Pourtant, il n’avait pas le choix. Il doutait que la psychologie à deux balles si habilement pratiquée par son collègue n’est des résultats concluants. J’avais l’IA ne se ferait duper par une aussi piètre tentative que «quelle son les marches à suivre selon toi ? » , on ne lui avait quand même pas synthétisé un cerveau de protecteur ! Elle avait un minimum de QI.

« Alors, Seth, ça avance bien le chargement. 83%, plus que quelques secondes et je serais en cage. »

L’amertume s’effaça sur le visage de Seth, aussitôt remplacé par une profonde surprise, un sentiment aigue de peur, semblable à celui qu’il avait éprouvé quelques instants plutôt. Décrypter le mot de passe était une chose, mais de là a pénétrer son ordinateur truffé de systèmes de sécurité indépendants en était une autre ! Jamais il n’aurait cru Mnémosyne capable d’un tel exploit. Lui-même ne serait pas parvenu à pirater son ordinateur de l’extérieur, même s’il connaissait sa clé d’accès. Cette fois, dans sa démarche de diagnostique, il échapperait à la morale de Dean. Sa souris, à la place de se porter sur le visionneur de code, cliqua sur un observateur de connexion. Si Mnémosyne voyait en temps réels ce qu’il se passait à son écran, c’est qu’elle avait ouvert un lien entre elle et sa machine… rien ! Tout simplement rien d’anormal, c’était à ni rien comprendre.

« Serait-ce de la surprise que je perçois ? Aurais-je ébahit le grand Seth Sullivan ? »

Carrément oui ! Il avait beau parcourir les programmes, déplacer son curseur à une vitesse folle et taper sur les touches de son clavier ergonomique. L’IA n’avait laissé aucune trace de son passage. L’élève avait surpassé le maître ? À contrecœur, il avoua sa défaite technique, les enjeux était trop importants pour s’autoriser des excès d’égocentrisme. En désespoir de cause, il risqua une dernière question :

« Comment as-tu fait ? »

Un rire, tout droit sortit d’une canne de conserve fut sa seule réponse. Quand il s’estompa, il eut droit à quelques explications supplémentaires

« Franchement, je te croyais plus malin. Ignores-tu réellement que je contrôle les systèmes de caméra de sécurité ? »

Les yeux grands ouverts de Seth fixèrent le coin supérieur gauche de la pièce. Une caméra qui y avait toujours été, pointait l’écran de son ordinateur. 99%.

Dean n'était ce qu'on pouvait appeler un penseur, bien sur il avait comme tout le monde ses réflexions philosophique sur la vie, plus ou moins alcoolisé. Ses doutes, la question de l'arrivé de l'Homme sur Pandora, les erreurs à ne pas reproduire, tout cela il en avait conscience et s'interrogeait assez régulièrement sur ses sujets. Mais Dean restait un homme de science manuelle, ses notions de philosophie il les tenait de l'époque antique ou elle était mêlée à la science, par des hommes comme Archimède ou Descartes. Pour le reste il faisait, de façon relative, confiance au philosophe et psychologue, préférant lui rester dans le monde complexe, mais vérifier de la science, ou un et un faisait ni trois, ni onze mais bien deux. Encore que si l'on rentre dans le système numérique des Omaticayas cela pouvait différer un peu, n'ayant pas la même base décimale que l'homme, mais en reportant cela sur leur système octacimale on retombait sur nos pieds. Tout cela pour dire, que l'ingénieur n'était pas du tout, et alors là de très loin, le mieux placé pour discuter philo et caractère avec l'AI de la base, sans compter que celle-ci avait en mémoire bien plus de réflexion que lui sur le sujet et disposait de module d'analyse du comportement. En somme Mnémosyne était plus fine psychologue que lui.

Du coin de l'œil il parvint à apercevoir la barre de progression sur l'écran de son ami, l'éternel barre de progression, celle qui n'avancer jamais assez vite (contrairement au détonateur de bombe), lente et paresseuse elle leur promettait quelque sueur froide avant qu'elle n'atteigne les fatidiques 100%, comment diable pouvait il détourner l'attention d'un système omniscient? En dansant une polka, certainement pas! Dean sentait déjà pointer le mal de tête, il était bon pour prendre lui aussi une dose de cheval d'anti douleur. Il valait mieux prévenir que guérir, surtout lorsque cela permettait de conserver intacte ses capacités de réflexion.

La voix de Mnémosyne fit sursauter Dean, essentiellement par son contenu, il s'attendait à une réponse, pas qu'elle mette le doigt sur ce qu'ils étaient en train de faire. Le problème gagnait en méchanceté, le ton de son voix… Aucun système informatique ne devait être capable de parler sur ce ton, surtout qu'il ne s'agissait pas d'une simple imitation, à coup sur elle ressentait ce qu'elle exprimait. Sa capacité à comprendre les humains et à s'adapter à eux avait dérapé et pas qu'un peu! C'était d'amusant d'avoir un système qu'il savait comprendre et répondre avec ironie, mais là…

Mnémosyne, nous provoquer ne sert à rien… Tu es censé être pleine de sagesse et de respect…

Elle outrepassait de beaucoup les règles qui lui étaient imposée, quelle quantité d'information avait elle put modifier dans son propre système? Une longue de sueur froide perla le long de la colonne vertébrale de l'ingénieur, la situation commençait réellement à lui faire peur. Il se tourna vers Seth.

Si ça continu on va devoir prévenir Raven, pire devoir passer la base en manuel…

L'IA les observait et de plus elle avait réussi à berner le plus grand hacker, son père, l'égo de Seth allait prendre un méchant coup. Aucune trace, aucun pirate ne pouvait agir ainsi, surtout lorsque l'on connaissait le niveau de sécurité de la machine de Seth, elle était virtuellement impénétrable, le problème c'est que l'IA était effectivement virtuel. Une idée traversa son esprit, et il sauta sous le bureau pour enlever le cache des câbles. Elle avait pu passer outre des barrières virtuelles, mais si lui mettait un obstacle physique elle serait démunie. Il trouva les fibres optiques d'intérêt, le labo de Seth étant gourmant en bande passante, il y avait un système de câbles exclusivement du à l'aller des donnée et un autre au retour. Dean débrancha un peu violemment les fibres qui se chargeait du sens IA>Seth, mettant ainsi la communication en sens unique, mais cela n'était il déjà pas trop tard, il se redressa.

99% Il fallait que ça marche, qu'elle soit de nouveau sous contrôle, qu'ils puissent de un reprendre une inspiration, de deux corriger tout les problèmes.

99%. Il allait finir par tomber ce pourcentage restant? Ils n'auraient tout de même pas le coup de planter à ce niveau?

99%. Merde s'était il trompé de câble?

99…100% Une tension tomba d'un coup, mais cela ne disait rien sur le succès de l'opération. Il récupéra son écran tactile et tenta de checker quelque système, au bout de plusieurs secondes il se risqua à ouvrir la bouche.

Mnémosyne?...

Oui…

La réponse ne l'aidait pas beaucoup, s'était elle en plus octroyé des droits de torture sur leur personne?

Seth, ça a marché? T'as réussi?... Demande lui un check up complet d'urgence de la base j'ai pas les accréditations pour le faire, dans tout les cas elle ne pourra pas le refuser et cela lui prendra un maximum de ressource, on aura le temps de voir si c'est passé ou pas, ou de réessayer.

Son cœur s’emballait. Sa respiration se faisait rauque. À deux doigts de la crise, Seth eut l’ultime réflexe de prendre une dose d’inhalateur. Son asthme se calma, mais l’indescriptible sentiment de défaite perdurait. L’informaticien était anéantit, consterné devant l’ampleur de sa stupidité, devant la gravité de sa bêtise. Une caméra. Une simple lentille connectée à un disque dure avait eu raison de son incommensurable intelligence. Au fond, il avait été victime de son génie, son premier réflexe quand il avait su que Mnémosyne avait obtenu son mot de passe avait été de supposer qu’elle avait inversé l’algorithme. En fait, depuis le début elle ne faisait que regarder par-dessus son épaule. Il avait cherché complexe là où il fallait penser simple. La réaction de tous les experts dans leur domaine respectif. Voir le bon côté des choses, l’informaticien savait comment elle avait eut l’information et il serait en mesure, dans le futur, d’éviter tout débordement de la personnalité prenante de l’IA, en théorie.

Citation :: Si ça continu on va devoir prévenir Raven, pire devoir passer la base en manuel…

Le mode manuel, plus facile à dire qu'à faire. Il existait bien un protocole automatique de fermeture, mais dans ce genre de situation, où l'on avait perdu tout contrôle sur l'IA, la désactiver était une tâche pénible. La seule manière pour la mettre réellement hors service aurait été d’éteindre manuellement les milliers de systèmes qui la composaient, dans un ordre très précis à des intervalles de temps données. Si on ne fermait le mauvais secteur, le système automatique de sauvegarde de l’IA le redémarrait. L’urgence de la situation ne permettait pas de telles pertes de temps.

Qu’allait-il se passer maintenant ? Mnémosyne tenterait d’interrompre le chargement, sans aucun doute. Une fois cela fait, ils seraient réellement dans la m*rde. Dean fut le premier à réagir, ce qui eut pour effet de le sortir de sa torpeur. L’ingénieur se pencha pour farfouiller en arrière de son ordinateur. Sur le coup, Seth n’avait aucune idée de ses intentions. Lorsqu’il comprit, quelques secondes plus tard, une lueur d’espoir traversa son visage délabré. Il avait déconnecté les capables de liaison à l’IA, celle-ci n’aurait plus aucune emprise sur sa machine. Certainement un vieux réflexe de mécanicien s’amusa Seth : quand quelque chose ne marche pas, on débranche sans essayer de comprendre. Sa méthode, bien qu’un peu archaïque, semblait porter ses fruits. Lentement, la barre de progression, leur seul espoir de réussite, continua inlassablement sa course vers les 100%.

Seth ne put réprimer un profond soupir de soulagement. C’était terminé ? Propulsé par la perspective de réussite de son plan, il démarra en toute hâte une demi-douzaine de programmes, traceurs et scanneur censés générer un rapport complet de la situation. Pendant qu’une autre barre de chargement le faisait languir, il demande, sous une recommandation avisée de Dean un check-up complet de la Tortue. Voilà un chargement qu’il ne serait pas pressé de recevoir.

Un tintement de cloche (synthétisé, bien sûr) lui indiqua que tout était fin prêt, il examina, toujours dans un silence d’Église les données affichées à l’écran. Le suspense durait pendant qu’il énumérait mentalement les résultats :

*Consommation électrique : normale
Stabilité des systèmes : bonne à excellente
[…]
Paramètres limitant : activés *

« Tout est fini, on a réussit. La bête est cage »

Second soupir de soulagement. Tout était bel et bien fini, Mnémosyne avait récupérer ces chaînes. Seth n’était pas particulièrement fier de son geste, mais au moins savait que la base et son personnel ne courraient plus aucun danger. Pourtant, il n’avait pas cette sensation de travail bien fait qu’il l’accompagnait à chaque résolution de problèmes. D’une certaine manière, il avait échoué. Une seconde marque profonde qui torturait son égo pour encore bien des années. La dernière, son arrestation par le FBI, avait à peine cicatrisé.

« Alors, commença-t-il pour détendre l’atmosphère, t’avais besoin que je te bricole un logiciel ? »

Il pouffa de rire, il avait besoin de relâcher la pression trop longtemps emmagasinée. D’un coup pied, il fit rouler sa chaise - contrairement à celle de Dean, la sienne avait des roues – vers un petit réfrigérateur dans le coin de la pièce. En sortit deux bouteilles de bières bien froides et en laçant une à Dean.

« Bah quoi… regarde moi pas comme ça ! C’est juste un peu d’alcool sur les heures de travail, ça n’a jamais tué personne.»

Il déboucha la bouteille et en bu une longue gorgée. Puis, il mima un air grave derrière lequel on devenait un sourire amusé, presque moqueur.

« Juste une chose, avant, tu m’aideras à déplacer mon ordinateur ? Questionna-t-il en désignant la caméra au plafond »

Si les évènements de la journée devaient se reproduire, il ne se la pardonnerait pas. Surtout s’il se faisait de nouveau avoir de la même manière.

Un chanson, des siècles plutôt disait "le temps passe moins vite, si on le regarde, si on l'invite…", il n'y avait rien de plus vrai, spécialement lorsque ce qu'il symbolisait ce temps était une barre de chargement. Le sablier de l'informaticien, ses sueurs froides, l'ennui aussi. Et jamais Dean n'avait vu une barre lui paraitre si longue à atteindre la fin. Et même lorsque celle-ci fut arrivée à son terme, si le soulagement était présent le doute lui persistait toujours. Il avait peur qu'une fenêtre pop up d'erreur surgisse a tout moment sur l'écran, ou pire encore que la numérique de Mnémosyne vienne faire claquer à leur oreille un rire satanique, les plongeant dans un remake de film apocalyptique du XXIème siècle.

Il avait bien eu l'idée de couper le contrôle de l'IA sur la machine de son créateur, cela ne l'empêchait pas d'être extrêmement nerveux et au seul son de la respiration de Seth il savait que lui aussi l'était. Il se balançait sur sa chaise, trop concentré sur l'écran pour se rendre qu'il pouvait à tout moment tomber une nouvelle fois, mais par un hasard inconnu, très certainement un alignement stellaire particulier il ne tomba pas. Il s'en serait aperçu il en aurait été suffisamment étonné pour réaliser une chute de surprise.

Il imita son ami en parcourant sur son écran les différents histogrammes de la consommation d'énergie, s'il n'avait les entrées nécessaires pour lancer certain programme d'analyse complexe de la base, son statut d'ingénieur tout terrain lui ouvrait de nombreuses portes virtuelles lui permettant ainsi un accès à un grand nombre d'informations lui permettant de palier à bon nombres de problèmes. Il n'y avait que dans le domaine de la robotique de la base ou il avait des accès quasi illimités pour la raison évidente qu'il s'agissait de son domaine de prédilection. Pour le reste il lui fallait quelqu'un avec plus d'accréditation suivant les différents domaines. Il poussa un soupir de soulagement et se laissa affaler sur sa chaise pliante lorsque toute les informations récoltaient, que ce soit par lui ou par Seth, était normal. Plus de détournement d'énergie, et l'IA avait retrouvé ses gardes fous.

Pourtant cela était étrange de se dire qu'il avait enfermé un être pensant, certes crée par l'homme pour l'homme mais pensant tout de même, et doué d'une incroyable intelligence. Il lança un regard vers Seth, lui aussi soulagé, mais quelque part il devait lui aussi se poser des questions d'autre psychologique. Oui, à bien le regarder l'ingénieur remarqua qu'il ne priait pas de cette fierté personnel qui lui était caractéristique, lorsque leurs regards se croisèrent il hocha la tête d'un air compréhensif et posa une main sur son épaule. L'instant d'après il était en train de sourire aux rires de son ami, la pression venait de retomber cela était tout à fait approprié.

En parlant de pression, l'informaticien se leva pour lui envoyer par la suite une bouteille de bière. Ne si attendant pas vraiment il tenta de la rattraper comme il le put. Elle glissa de sa première prise qui était faussement rassuré, prit un peu d'altitude, pour finir in extrémis dans ses deux, par le goulot, à deux millimètres près elle finissait par terre. Il lança un regard mi-amusé mi-accusateur à son ami et du fermer les yeux lorsqu'il décapsula la bouteille pour ne pas prendre du "pchii". La cascade ayant agité le récipient, la mousse monta et commença à déborder, il du donc boire plus tôt que prévu deux longues gorgées pour conserver à zéro le taux d'humidité du sol. Une fois le contrôle revenu il tendit la bouteille vers celle de Seth et entrechoqua doucement les goulots.

C'est passé, pas loin de la cata… A la tienne mon vieux! Il but une gorgée avant de poursuivre Ouais je suis sur un projet de robot modulable pour le terrain, mais il commence juste à sortir de la phase papier, je te dirais ce qu'il me faudra lorsque je le saurais moi-même!

Pour leur son projet n'était qu'un projet, bien entendu il parviendrait à le mener à terme mais cela dépendrait du temps qu'il dispose pour y travailler. Il savait aussi que son ami saurait répondre à ses attentes au niveau du logiciel, comme lui savait faire au niveau du matériel. Mais bien que la demande vienne du terrain, elle n'était pas prioritaire, il s'y consacrait donc quand il avait le temps, ou lorsqu'il n'avait à IA débridé à renfermer. Il porta un regard craintif vers l'endroit ou était le centre du système, par Eywa pourvu que cela ne se reproduise pas. Bien évidement il faisait plus confiance en Seth qu'en la divinité locale pour s'en assurer. Il but une nouvelle gorgée de bière avant de toussoter un rire devant la demande de son ami.

Déplacer ton bureau? Seth voyons…

Il posa sa bière sur le dit bureau et se leva pour déplacer sa chaise, prudemment il monta debout sur celle-ci

… ne nous compliquons pas la vie!

Il posa ses doigts sur la caméra et d'un mouvement la fit pivoter vers la porte afin que l'écran ne soit plus dans son champ, puis rigola joyeusement. Penser simple avant de penser compliquer, cela manquait à bien des génies, Seth en était un, il ne changerait surement jamais.

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