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La Tortue avait le droit à un souffle d'allégresse qui semblait porter tout le monde. Le message de la Terre n'avait certes pas apporté que des bonnes nouvelles mais le positif était assez fort pour l'emporter et tout ce petit monde piaillait de bonheur. Mais pour une fois Ethan ne se mêla pas à cette petite agitation, bizarrement le responsable de la communication toujours si prompt à mettre son grain de riz dans les petites fêtes avait décidé de regagner sa chambre. Certes la fatigue qu’entrainait son travail sur les communications des mercenaires était assez conséquente, ou du moins était devenu non négligeable mais cela n'aurait pas suffit à l'attirer dans sa chambre alors que ça papotait dur dans les couloirs. Et pourtant, voila Ethan, allonger sur son lit, les mains croisées sous sa nuque à observer sans grande conviction le plafond. Ne pensant à rien, il laissa juste écouler le temps. Lui n'avait pas de petit dossier personnel joint où du moins il n'aurait rien de véritablement personnel là dedans. Personne pour lui envoyer un mot ... Oui, c'est bien là la raison de son insolemment passager, une mélancolie teintée de tristesse dont il attendait sagement la fin, allongé sur son lit. Et finalement, peu à peu, il sentit ce brouillard se dissiper pour lentement faire place au renouveau de sa réflexion. Ses essaies de décryptage lui revinrent à l'esprit et s'installèrent peu à peu à la place du vide. Il était étrange qu'un tel système lui résiste autant, il savait qu'il en arriverait au bout, il finissait toujours par arriver au bout. Mais cette résistance l'agaçait autant qu'il pouvait s'extasier devant ce challenge de taille. Toujours immobile, Ethan réfléchissait à ce qu'il n'avait pas encore essayé et qui avait une chance de réussite. Retrouvant la totalité de ses facultés, il jeta un coup d’œil à l'heure et estima qu'il avait le droit de rester là encore quelques temps et puis si on avait besoin de lui on savait comment l'attraper. Ramenant ses idées sur les mercenaires et leur communication Ethan repensa au soir où il avait était interrompu par Mnémosyne qui l'informait de l'arrivée d'un message de la Terre. Si cela l'avait dérouté de ses recherches, Ethan avait aussi découvert par la même occasion la présence d'une chose qui n'aurait pas dû être là. Un logiciel espion qui n'avait aucune raison de se trouver dans son poste, fait étrange qu'Ethan avait décidé de ne pas toucher dans l'immédiat tout en prenant tout de même des précautions pour que rien de véritablement intéressant ne tombe dans le bec de cette bestiole. Ce logiciel n'avait eu qu'un court répits et sans un mot pour quiconque, Ethan remonta le fil jusqu'à celui qui avait apparemment mit cela ici. Autant dire qu'il fut assez étonné de découvrir que Seth Sullivan était derrière ça, ne sachant pas vraiment à quoi s'en tenir mais assez mécontent de se faire ainsi surveiller, Ethan avait prit la décision d'aller déterrer l'homme de son trou mais cette mélancolie s'était emparé de lui et l'avait quelques peux retarder. Mais à présent il était temps, Freeman se redressa sur son lit et l'instant d'après il quittait sa chambre.
Mains rivées dans les poches, perdu dans ses pensées, il laissa ses pieds le guider dans les couloirs jusqu'à l'antre de Sullivan. Antre devant laquelle il finit par s'arrêter et malgré l'étrangeté de l'affaire qui le tirait jusqu'ici, son sourire amusé étira un coin de ses lèvres. Il sortit une de ses mains de sa poche pour balader ses doigts sur la porte en guise de toc toc et sans attendre, entrouvrit la porte pour y glisser sa tête.

▬ " Helloo " Si Ethan laissa trainer légèrement son "o" il reprit la parole avec une cadence un peu plus soutenu pour tirer Sullivan de son activité. " C'est ici le bureau des plaintes ?"

Le temps de poser la question, Ethan était entièrement entrée dans la pièce. Sa main avait retrouvé sa poche et ses yeux pâles s'étaient fixés sur Sullivan pour ne manquer aucune miette de sa réaction. Car si son sourire était bel et bien là, que son attitude ne changeait pas de la normale, Ethan cherchait. Et autant dire que le mister Seth n'aurait pas un instant à lui temps qu'il n'aurait pas clarifier la situation.

D’ordinaire, Seth recevait très peu de visite en son repaire. Le personnel de la Tortue ayant généralement autre chose à faire que de se soucier du travail de l’informaticien. Cependant, aujourd’hui, par un désagréable concours de circonstances, s’étaient succédés un nombre incalculable de visiteurs. Dans ses rares moments de répit, l’informaticien avait procédé à un diagnostique complet du système en espérant y desseller un dénominateur commun aux problèmes présentés. Une opération complexe qui n’obtint pas de résultats probants, à son plus grand désespoir. Résigné, il passa donc une bonne partie de l’avant-midi et des heures suivantes à écouter ses collègues se lamenter sur les problèmes techniques qu’ils rencontraient (la plupart d’une futilité déplorable) et sur l’inefficacité des systèmes informatiques de la Tortue. Les plus impétueux avait même poussé l’enveloppe en le traitant d’incapable et d’incompétent. Ceux-là avait eut droit à un clouage de bec en bonne et due forme.

Les heures s’enchainèrent et le répertoire de sarcasmes de Seth commençait à s’amoindrir, directement proportionnel avec ses réserves de patience et de bonne humeur. Il marquait davantage son mécontentement à chaque nouvelle arrivée et répondaient aux interrogations de ses invités avec un agacement à peine dissimulé, et même carrément affirmé.

Apparemment le mot se passa car les interruptions se faisaient de plus en plus distancées. Craignant le pire, il profita néanmoins de cette accalmie pour reprendre son travail officieux. Jetant de temps à autre des coups d’œil furtif derrière lui, pour éviter d’être surpris, il lança son programme espion qui lui rapporta les dernières communications cryptées des mercenaires, clandestinement récolté du poste d’Ethan Freeman, son collègue à la télécommunication. Seth savait parfaitement qu’espionner ainsi son confrère était un acte immoral, mais il préférait procéder de la sorte que de proposer son aide à Ethan dans la décryptions des transmissions. Ultimement, son souhait n’était pas d’assister le cryptologue, mais bien de prouver qu’il était meilleur que lui. L’ancien hackeur avait acquis nombre de connaissances utiles dans le domaine lorsqu’il était du mauvais côté de la loi, il n’hésiterait pas à mettre ses connaissances à profit. Après tout, décoder un signal radio ne devait pas être plus difficile que de pénétrer la base de données des « Personnes sous surveillance suspectées de piratage informatique à grand échelle » pour y effacé ces informations personnelles. C’est d’ailleurs par ce petit stratagème d’une simplicité déconcertante qu’il avait échappé au FBI des années durant avant d’être… il ne préférait pas en parler !

« Mnémosyne, tu me convertit ce signal en données numériques, s’il vous plait ? Je n’y comprends rien. Il marqua un temps, Et tu m’effaces la précédente requête des journaux de sécurité. Autorisation spéciale : 98-B; Sullivan, S. »

Le temps de réponse de l’IA fut anormalement long, quelque chose clochait. Seth usa le peu de patience qui lui restait et attendit une réponse.

« L’Opération de conversion est un échec, mode-données non-reconnu. Ordre de suppression partielle du journal reçue et exécutée. »

*Ça aurait été trop facile* pensa Seth prêt à relever ce nouveau défi. Son entrain fut cependant de courte durée:


Citation :
Helloo…C'est ici le bureau des plaintes ?

Seth tressaillit. À sa connaissance, un seul homme ne se conformait pas au principe millénaire de cogner avant d’entrer, même les plus grossiers de ses invités de la journée avaient appliquée cette règle élémentaire. L’informaticien n’eut pas à se retourner pour deviner l’identité de ce nouvel enquiquineur : Ethan Freeman, un nom bien désagréable à prononcer. Seth savait qu’il avait quelque chose à se reprocher, mais tâcha de se montrer le plus neutre possible au cas où Ethan n’aurait pas dépisté son traceur et que son désir de déposer « une plainte » ne résulte d’autres conséquences.

«Première porte à droite», Ironisa Seth qui profita de ce bref moment de distraction pour éteindre, en toute hâte, les quelques programmes qu’affichait son écran.

Les preuves dissimulées, il donna un léger coup de pied et fit pivoter sa chaise pour se retrouver face à Ethan. Ce dernier le regardait avec la même expression qu’à l’habitude. Pour marquer son réconfort, Seth ne peut retenir un léger soupir de soulagement, qu’il masqua bien vite en toux pour dissimuler cette réaction suspecte. Ne sachant que dire, il se contenta de regarder l’homme quelques éternelles secondes, d’ordinaire, son interlocuteur ne se gênait par pour meubler la conversation. Trop mal à l’aise pour supporter davantage ce silence oppressant, Seth lança :

« Ethan, je suis vraiment occupé *à te jouer dans le dos* aujourd’hui, je n’ai pas le temps de t’aider à ouvrir tes mails »

Ses deux mains avaient retrouvé ses poches, Ethan avait prit son air de touriste qui fonctionnait assez bien et ainsi ses yeux papillonnaient un peu partout comme s'il découvrait ou cherchait quelques choses de nouveau dans la pièce. Mais était-il utile de préciser que son principal intérêt était Seth Sullivan qui lui tournait de le dos. Son regard pâle se posa sur l'extension de cerveau de Seth et eu juste le temps de trouver familier ce qui figurait sur l'écran avant que informaticien de ne se jette presque dessus pour retirer cela de l'affichage. Mauvais commencement, rien qu'avec cela les fortes présomptions d'Ethan s'envolèrent pour devenir des convictions. Et mister Sullivan n'arrangea pas son cas par la suite.

▬ " Première porte à droite. " Le sourire amusé d'Ethan prit un peu plus de place sur ses lèvres tandis que son regard feignait une surprise plus vrai que réelle.
▬ " Oh vraiment ? Moi qui croyais connaître tous ces couloirs par cœur ... "

Ethan avait finit par s'immobiliser à quelques pas de sa cible qui après avoir dissimulé son forfait, daignait se retourner vers lui. Il l'accueillit avec son éternel air amusé ce qui sembla soulager Seth. Soulagement qu'il dissimula vers une bien mauvaise simulation de quinte de toux, non vraiment il enchainait. Autant qu'il porte une affiche "Regardez moi ! Je suis fautif.". Et puis regardez le ! Une véritable boule de nervosité, certes on aurait put mettre cela sur un excès de travail ou quelques choses de ce genre mais ce prétexte fondit lorsqu'il s'empressa de combler un silence.

▬ " Ethan, je suis vraiment occupé aujourd’hui, je n’ai pas le temps de t’aider à ouvrir tes mails. "

Si le fait de meubler le silence prouvait bien qu'il y avait de la nervosité dans l'air, le fait qu'il se foute ainsi de lui n'était guère nouveau. Heureusement Ethan était bon joueur et ne se formalisait jamais de ce genre de réplique. Après tout il aimait jouer les benêts alors il était évident que cette image lui colle à la peau. Seth était donc libre de jouer avec ça mais pour petite précision, il ne l'avait jamais solliciter pour ce genre de chose. Il n'était pas encore arrivé le jour où il apprendrait au vieux singe qu'il était à faire la grimace. Si le travaille qu'avait abattu l'informaticien lui donnait sans souci le respect de son paire, il était dommage qu'il reste en quête d'affirmer sa supériorité face à lui. Malheureusement pour lui, si en matière d'informatique il pouvait prétendre être plus doué qu'Ethan il risquait de vite de déchanter en entrant dans son véritable domaine de compétence. En cryptologie il n'avait aucunes leçons à prendre de lui et il était peut-être temps qu'il s'en rende compte pour éviter de s'éparpiller. Quoiqu'il en soit Ethan s'amusa de ces paroles et son sourire amusé investit un peu mieux sa bouche.

▬ " Voila qui est bien dommage. Je suis certain que un de ces messages doit venir de toi pour m'informer j'allais à présent partager mes données avec toi. " Ethan ne se départagea pas de son air serein et marcha tranquillement en direction de Seth en jetant ostensiblement un regard intéressé vers l'écran qui était à présent dos à son interlocuteur. " J'ai du louper ce petit mot et c'est bien regrettable. "

Ethan était curieux de savoir si mister Sullivan était tombé dans le panneau qu'il lui avait tendu après qu'il se soit aperçu de cet espionnage. De tout évidence cela n'était pas le cas car il ne jouerait pas au innocent en sachant parfaitement qu'il avait été démasqué. Alors soit il n'avait pas tenté de fouiller dans ses données depuis, soit il n'avait toujours pas décrypté le fichier, ce qui n'était pas spécialement glorieux ou du moins prouvait qu'il n'était sans doute pas de taille à seconder Ethan dans sa tâche. Progressant vers son interlocuteur, un air de bonne foi magnifiquement exécuté qui tenait à son visage tandis que son regard se baladait sur Seth et l'écran incriminé.

Seth tentait tant bien que mal de conserver son calme et de rester imperturbable aux insinuations d’Ethan. Mission impossible dans les circonstances. Nerveux au quotidien, les pulsassions cardiaques de Seth atteignaient-là des records. Impuissant, il regardait ses pires craintes se concrétiser devant ses yeux. Le hackeur n’avait pas su protéger convenablement ses arrières sur ce coup. Cette faute, il l’avait déjà commise sur Terre. S’en était suivit un procès hautement médiatisé auquel il avait comparu sous des accusations de piratage informatique à grande échelle, consultation illégale de document secrets, détournement de fond gouvernementaux… la totale. Si, la dernière fois il avait eu la chance de joindre l’équipe de sécurité informatique du Pentagone, il doutait qu’un arrangement du type pouvait avoir lieu sur Pandora. D’ailleurs, il n’avait aucune idée du genre de sanctions qu’on réservait aux criminels. Il s’imaginait trop bien être ligoté, nu et badigeonné de miel, sur un arbre en pleine forêt à attendre qu’une quelconque créature ne rendre la sentence.

Il soutint le regard inquisiteur d’Ethan quelques interminables secondes avant que celui-ci ne daigne lui répondre. Sa réplique était soigneusement calculée, songée pour infliger le maximum de dégâts psychologiques.


Citation :
Voila qui est bien dommage. Je suis certain que un de ces messages doit venir de toi pour m'informer j'allais à présent partager mes données avec toi. J'ai du louper ce petit mot et c'est bien regrettable.

À mesure qu’Ethan s’approchait, le rythme respiratoire de Seth s’accéléra dangereusement. Il respira bruyamment, cherchant désespérément la moindre parcelle d’oxygène qu’il lui aurait permis de reprendre son souffle. « De l’air, de l’air » l’implorait ses bronches atrophiées par les séquelles d’une infection pulmonaire contractée sur Terre, il y a bien longtemps. Lorsqu’il vivait encore dans un minuscule bourg pollué par l’échappement des usines à proximité. C’est encore le gouvernement qui avait défrayé les coûts astronomiques de l’opération. Mais, depuis, il devait garder en permanence son inhalateur pour éviter qu’une crise comme celle-ci ne lui soit fatale. De la motricité qui lui restait, il attrapa le médicament de sa poche et l’appliqua sur sa bouche. La première dose fut pour lui un souffle de vie inespérée, comme si sa tête émergeait de l’eau après plusieurs minutes d’immersion. Les suivantes ne furent que pour le calmer, il en aurait besoin pour confronter Ethan.

Ses sens lui revinrent peu à peu, la tâche floue et difforme en face de lui reprit l’aspect du visage d’Ethan, même s’il aurait préférer voir n’importe qui d’autre se précipiter vers lui. Ce salaud, lui, n’avait même pas esquissé un geste pour lui venir en aide, ou du moins il ne l’avait pas remarqué dans sa condition.

« J’ai oublié de prendre ma prescription ce matin » tenta-t-il sans grande conviction, encore sous le choc.

D’ordinaire, deux doses par jour lui assuraient la santé avec un rappel facultatif en situation de stress.
Cependant, les accusations d’Ethan avaient réveillé en lui un vieux traumatisme longtemps contenu provoquant un surplus de nervosité, et, donc, la crise. Si les inspecteurs médicaux avaient assistés à sa crise, il l’aurait renvoyé sur Terre par poste prioritaire ou, plutôt, l’aurait gardé sous observation 24h sur 24h. Il devrait effacer les données vidéos de Mnémosynes pour qu’aux yeux de tous, cette crise n’est jamais eu lieu. Sauf si Ethan ouvrait sa grande bouche, comme d’habitude… À moins qu’il ne trouve autre chose à lui mettre sous la dent, il serait peut-être obligé d’avouer son infraction pour acheter son silence. Finalement entre se faire attacher à un arbre ou à être épié par des médecins indiscrets à longueur de journée, il préférait encore la première option. Cependant, s’il restait une chance de s’en sortir, il préférait la prendre. Seth devait faire tourner la situation en sa faveur, faire tomber l’imperturbable Ethan Freeman pour le rendre d’autant plus facile à manipuler par la suite :

« Regrettable, en effet. Puisque ce petit mot était accompagné d’une autorisation officielle de la part de nos supérieurs. Je crois qu’il commence à s’impatienter, ça fait combien de temps, maintenant, que tu tentes de décrypter ce signal ? Ah oui, depuis notre arrivée. »

*Et l’accusateur devint l’accusé… accusé d’incompétence*

Après ses paroles, Ethan s'approcha de quelques pas de son interlocuteur mais s'arrêta lorsqu'il détecta une bizarrerie. On aurait dit que le stress qui l'habitait et qui à présent était plus que palpable, l'étouffait littéralement. Sous les yeux assez stupéfiés du cryptologue, Seth donna l'impression d'être un poisson hors de l'eau si ce n'est que dans le cas présent il cherchait l'air qui pourtant les entourait en aussi bonne quantité qu'habituellement. Prit au dépourvue par une telle réaction, Ethan mit quelques temps à retrouver l'information adéquate sur la santé de l'informaticien. Il est vrai que maintenant qu'il y pensait, il avait eu vent des sérieux problème respiratoire du jeune homme mais il l'avait apparemment un peu trop prit à la légère car il ne se serait jamais douté qu'il puisse provoquer une crise avec de simple sous entendu. A moins que Seth est la culpabilité étouffante où qu'il cache bien d'autre chose qu'un logiciel espionnant son travail. Quoiqu'il soit Ethan ne savait pas vraiment quoi faire pour aider l'informaticien, il sortit les mains de ses poches et s'approcha un peu plus mais avant qu'il ne dise ou fasse quoi que se soit, l'homme avait réussi à mettre la main sur ce qui pouvait le soulager et respirer à grande goulée d'air. La situation ayant été rapide mais assez stupéfiante, Ethan sembla reprendre son souffle en même temps que Seth et l'air inquiet qui s'était installé dès les premières suffocations de son interlocuteur, disparut pour retrouver quelques choses de plus neutre. Il se redressa aussi en s'apercevant qu'il s'était légèrement penché vers l'homme et il sentit le regard de ce dernier se stabiliser et revenir à lui.

▬ " J’ai oublié de prendre ma prescription ce matin. "

Moui, c'est ça où il avait la culpabilité facile. Quoiqu'il en soit Ethan ne dit rien, préférant que Seth reprenne correctement ses esprits. Il était évident que la santé de l'informaticien n'était pas au beau fixe et même si son espionnage n'était pas acceptable, il n'y avait pas de quoi vouloir mettre sa vie en péril. Et puis se n'était pas son truc de torturer les gens, bon même si, quand il s'y mettait, il pouvait être le roi de la torture psychologique mais si la psychologie avait des répercutions sur le physique de sa victime il commençait à avoir quelques problèmes de bonne volonté. Ethan attendu donc, ne quittant pas des yeux l'informaticien qui gardait le silence en se remettant de sa crise.

▬ " Regrettable, en effet. Puisque ce petit mot était accompagné d’une autorisation officielle de la part de nos supérieurs. Je crois qu’il commence à s’impatienter, ça fait combien de temps, maintenant, que tu tentes de décrypter ce signal ? Ah oui, depuis notre arrivée. "

Alors là autant dire qu'Ethan ne s'y attendait pas à celle-là. Ses sourcils se froncèrent légèrement avant que son air amusé reprenne rapidement le dessus. Il le croyait véritablement incapable d'ouvrir ses messages ? C'était tout de même décevant de s'apercevoir qu'il culminait à d'aussi bas étages dans l'esprit de Seth. Non mais franchement ... Et puis il cherchait quoi en faisant son narquois ? Essayait-il vraiment de l'accuser d'incompétence ... Ethan réussi à retenir son rire mais il ne lui aurait pas fallu grand chose. A croire que monsieur se croyait supérieur, il était peut-être temps de remettre les pendules à l'heure histoire qu'il ne rêvasses pas trop à ses rêves de grandeur.

▬ " Intéressant ... Et tu crois être capable de faire ce que j'ai à faire en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ? Tu es sur que ce n'est pas une histoire d'égo. Tu as le droit de me prendre pour un imbécile fini mais il est dommage que ce ressentiment obscurcisse ton jugement. " Se rappelant que ses paroles avaient une probabilité de stresser à nouveau l'informaticien, Ethan décida de le laisser respirer en éloignant son visage du sien et en se redressant. " Je lis et je réponds à tous mes messages Sullivan, aucuns ne venaient de toi et en aucune manière on a jugé une quelconque incompétence dans mon travail qui justifie que l'on m'ôte le choix de mes collaborateurs. Et de toute manière si quelqu'un doit m'aider ce n'est pas toi, il y a plus qualifié dans ce domaine ici. Occupe toi donc de ton travail et ne perd pas de temps avec celui des autres. "

Ethan n'avait rien contre Seth, que cela soit bien clair. Il le respectait comme il respectait la majorités des personnes ici, il était peut-être l'un de ceux qu'il respectait le plus car son travail était véritablement splendide mais le problème c'est que ce respect n'était pas réciproque et le cryptologue n'aimait pas que l'on abuse de sa confiance, et il aimait encore moins que l'on critique son travail alors que l'on n'était pas capable de faire mieux.

S’introduire dans le poste d’Ethan n’avait pas représenté un réel défi pour Seth. Au contraire, l’opération avait été d’une facilité presque déconcertante. L’Ancien hackeur, même si l’adjectif « ancien » ne convenait pas toute à fait dans les circonstances, s’était attendu à plus de difficultés, à des algorithmes d’encryptions complexes dressés pour protéger le travail du cryptologue. Cependant, aucune barrière virtuelle n’était venue barrer sa route, si ce n’est les quelques logiciels d’anti-intrusion que Seth avait fait installé sur tous les ordinateurs de la base comme protection contre d’éventuelles tentatives de piratage de la part des mercenaires. Une initiative chaleureusement accueillit par le Conseil d’administration. Ces compétences auraient été saluées d’une toute autre manière si les dirigeants avaient pris la peine de faire relire le code par un autre informaticien. Ce dernier, s’il avait été le moindrement compétent, aurait remarqué une ligne de code en trop qui permettait à quiconque possédant le mot de passe, de pénétrer n’importe quel ordinateur personnel de la Tortue. Seth était bien forcé de se l’admettre, il touchait, avec ce dernier coup, aux frontières de la mégalomanie. L’hackeur n’en n’était pas nécessairement fier, mais il reprenait peu à peu ses vieilles habitudes : de celles qui l’avaient fait condamner à une vie de servitude à l’emploi du gouvernement américain.

Seth, silencieux et l’œil alerte, jaugea la réaction d’Ethan aux accusations qu’il venait de proférer. D’ordinaire, il suffisait de peu que ses interlocuteurs, insultés par ses allégations, ne basculent sur la défensive en oubliant presque les raisons de leur visite. Cette tactique avait fait ses preuves, mais, manifestement, Ethan n’était pas réellement impressionné par ce soudain revirement dans le comportement de l’informaticien. Un bref éclair de surprise, sans plus, pas de colère, pas d’indignation. Rien à l’exception de ce sourire jovial qui, invincible, persistait sur le visage d’Ethan. Ce n’était pas gagné d’avance, d’ailleurs, se n’était jamais gagné d’avance avec Ethan Freeman, Seth lui reconnaissait au moins ça. À lui seul, cet homme incarnait le dicton millénaire : « Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ».


Citation :
Intéressant ... Et tu crois être capable de faire ce que j'ai à faire en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ? Tu es sur que ce n'est pas une histoire d'égo. Tu as le droit de me prendre pour un imbécile fini mais il est dommage que ce ressentiment obscurcisse ton jugement.

Seth laissa Ethan continuer son monologue sur la lecture assidue de ses messages et la répartition des tâches. Son collègue avait emprunté un ton beaucoup plus calme, presque enclin à la conversation comme si il avait peur de lui provoquer une autre crise d’asthme, peut-être mortelle, cette fois.

*Aucune chance, pas avec la surdose que j’ai inhalé, mais s’il me ménage, c’est toujours ça de gagné *

Il maintint le silence qui avait suivit l’intervention d’Ethan. Encore quelques secondes se répétait-il. Seth devait avoir l’air parfaitement détendu pour ce qui allait suivre. Il devait prononcer sa prochaine réplique avec un calme olympien, dont seul un innocent (ou un très bon menteur) était capable :

« Je n’ai jamais prétendu être meilleur que toi, Ethan, ne me rend pas coupable de paroles que je n’ai pas prononcées *mais que j’ai pensé très très fort *. Je dis seulement, qu’avec une approche différente du problème on pourrait arriver à avancer. Manifestement, tu as épuisés tes ressources, laisse-moi essayer les miennes. Et, en parlant d’égocentrisme, ce n’est pas moi qui suis venu faire mon petit numéro dans ton bureau. Pour ce qui est de la répartition des tâches, sache que nous sommes ultimement tous investi de la même mission sur Pandora, alors que j’assume tel rôle ou tel rôle ne devrait faire aucune différence pour toi, du moment où j'aide à la poursuite de ce but commun. Peux-tu comprendre ça ? »

Si, une fois ses paroles dites, Seth avait été à la place d’Ethan, il n’aurait pas pu retenir un coup de poing qui aurait fracassé le nez de son interlocuteur (où du moins qui aurait tenté d’atteindre ladite cible). Heureusement pour lui, Seth voyait son collègue comme un homme plus posé, en maîtrise de lui-même et donc pas du type à s’élancer sur l’impulsion du moment, du moins, il l’espérait…

Perte de temps, voila ce qu'il était en train de faire. En s'apercevant de l'espionnage illicite de son poste de travail par Seth, Ethan avait décidé d'en discuter avec l’intéresse dans l'espoir de trouver autre chose qu'une histoire d'égo et que surtout il prenne conscience de la bêtise qu'il commettait. malheureusement ni l'un ni l'autre ne semblait être au rendez-vous aujourd'hui et le fait que Seth essaye naïvement de le trainer par le bout du nez était particulièrement lassant. Le cryptologue resta quelques instants à observé Seth pensif, après les dernières paroles de celui-ci. Il se livrait assez souvent à ce genre d'observation calme mais bien souvent désagréable pour le commun des mortels. Comment présenté la chose à cette tête de linotte pour qu'il prenne conscience de sa bêtise, il avait beau être un petit génie dès que l'on s'éloignait de son domaine et que l'on se tournait vers le sociable, on perdait un peu trop d'intelligence.

▬ " Je te retournerais bien ça. Ne me dit pas auteur de ce que je n'ai pas dis. Tu ne le prononce peut-être pas à voix haute mais tu le crie tellement fort là ..." Ethan pointa sa tempe pour illustrer son propos. " ... Qu'il ne faut pas être extralucide pour avoir les oreilles qui bourdonnent. " Un sourire amusé voir très légèrement moqueur, étira les lèvres de l'homme avant qu'il n’enchaine. " Alors si j'ai bien compris, on peut demander au chef cuisto de te remplacer quelques jours. Je suis sur qu'il serait dans son élément et ravi d'être investi de ce rôle pour arriver au but de notre mission. "

Et oui après tout, si Seth se croyait dans son bon droit en faisant son boulot, pourquoi les autres ne pourraient pas faire le sien. Assez satisfait de son illustration Ethan laissa avec plaisir son sourire amusé trainé sur ses lèvres. Même si la situation commençait à être lassante et qu'il regrettait déjà de devoir remettre les pendules à l'heure d'une autre façon, Ethan essayait encore de gentillement ouvrir les yeux de Seth. Ce ne sera pas faute d'avoir essayé mais si pour raisonner cette tête de linotte il devait passer par la menace il le ferait. Avec regret, mais avec conviction car si Seth commençait à se croire au-dessus des règles cela risquait de faire assez mal pour lui en retour. En plus ce n'était pas faute d'avoir un aperçu de ce qui pouvait l'attendre ... Une vrai tête de mule ce petit bonhomme.

▬ " Si on a estimé que ma présence était valable c'est bien parce que chacun étaient déjà bien assez occupé comme ça et n'avaient pas mes compétences. Tout le monde ici à un rôle bien précis, si l'archéologue se met à la place du médecin, le médecin à la place du technicien, le technicien à la place des gardes et exetera, tu conviendras que l'on filera droit dans le mur. "

Calme et posé, Ethan essayait d'éviter un ton trop "donneur de leçon" qui pourrait égratigner l'égo de monsieur et donner un résultat inverse à celui qui était espérer. C'était la dernière chance pour Seth de faire machine arrière sans perdre des plumes, il n'y paraissait pas, mais c'était la dernière offre amicale d'Ethan, après il passerait aux menaces. mais bien sur le jeune homme allait être raisonnable et retourner à sa place qui était déjà bien assez prestigieuse comme ça sans qu'il n'ait envie de grappiller autre chose un peu plus loin.

Seth n’avait jamais eut droit à l’innocence de la jeunesse. Pour survivre à la cruauté de son monde, un quartier défavorisé des États-Unis, il avait dû sacrifier sa naïveté et apprendre très vite, trop vite, à devenir un homme. Cette « maturité précoce » n’avait eut pour effet que d’amplifier sa perception de la nature humaine. Aussi, il avait rapidement compris que l’Homme était une créature fondamentalement cruelle et peu compréhensive. D’où il venait, faute avouée n’était jamais à demie pardonnée, au contraire, chaque erreur ne servait qu’à enfoncer un peu plus celui qui l’avait commise. Aucune solidarité, aucune pitié, aucune considération pour son prochain : la loi de la jungle… urbaine. Évidemment, les industries avoisinantes avaient toujours entretenu ce comportement bestial entre employés, ainsi, elles n’avaient jamais eu à craindre les mouvements syndicalistes et les révoltes. Au fil des années, la méfiance et le « chacun pour soi » était devenu les mots d’ordre et s’étaient imposés la seule manière de subsister.
Élevé comme tel, Seth n’avait fait, au long de sa vie, que reproduire et appliquer le même schéma. Ainsi, dès qu’Ethan l’avait accusé de piratage, il avait regagné sa carapace, celle qui, à coup de mensonges et de répliques cinglantes, l’avait protégé toute sa jeunesse. Comment aurait-il pu réagir autrement à l’égard d’Ethan alors qu’on lui avait enseigné que la seule façon de ne pas être la victime était d’être soi-même le bourreau ?

Pourtant, à la tournure que prenait la conversation, l’informaticien voyait bien que sa méthode comportait de sérieuses lacunes. Cependant, il ne pouvait pas se permettre de rebrousser chemin car ça revenait à avouer à son collègue qu’il était réellement le fautif. Après avoir encaissé ses accusations, Seth doutait qu’Ethan soit vraiment disposé à accepter ses excuses. Ce dernier était humain, après tout.



Citation :

… Alors si j'ai bien compris, on peut demander au chef cuisto de te remplacer quelques jours. Je suis sur qu'il serait dans son élément et ravi d'être investi de ce rôle pour arriver au but de notre mission.


Seth aurait pu argumenter sur la recevabilité de l’argument, mais préféra se taire. Il était déjà en assez mauvaise posture et ne pouvait pas se permettre de protester davantage. Sinon, il aurait signifié à son collègue que sa thèse était fortement caricaturée. À la différence du chef-cuisinier, l’informaticien possédait quelques bases en décryptage, même si lui était accoutumé à décoder des données informatiques, le procéder restait, selon l’hypothèse de Seth, essentiellement similaire avec un signal radio… en théorie.



Citation :

…tu conviendras que l'on filera droit dans le mur.


L’hacker perçu cette dernière réplique comme un ultimatum et comprit très vite que, s’il souhaitait régler ce différent de manière civilisée, c’était l’unique chance à prendre. D’ordinaire, Seth se fichait bien des avertissements de ses collègues, mais, cette fois, les circonstances étaient différentes… terriblement différentes. Ethan avait toutes les cartes dans son jeu : les preuves, la détermination et le culot pour rapporter les évènements au Conseil. L’expression de Seth changea brusquement et radicalement : on y devinait un profond malaise. Il balbutia :

« Imaginons, ne serait-ce qu’un instant, que j’ai commis un geste répréhensible. Qu’attendrais-tu de moi et que ferais-tu par la suite ? Je dis ça de manière complètement hypothétique, bien-sûr. »