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A taste of Hell [PV]

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Andrea Moreno
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MessageSujet: A taste of Hell [PV] A taste of Hell [PV] I_icon_minitimeSam 11 Sep - 23:42

    Andrea avait appris la nouvelle comme tous ses collègues par un communiqué de Raven Galloway juste avant l’heure du déjeuner. Il y avait d’abord eu des rumeurs pendant toute la matinée à propos d’une communication qui aurait été effectuée avec la Terre pendant la nuit, puis il s’était murmuré que leurs proches sur Terre avaient pu leur envoyer des nouvelles. La tortue semblait parcourue par un frisson d’excitation. Tout un chacun espérait et redoutait à la fois ce qu’ils allaient pouvoir apprendre mais la plupart n’étaient pas sûrs qu’il ne s’agissait pas d’une simple rumeur et tempéraient donc leurs espoirs. Andrea pensait à sa sœur, elle savait que si elle avait effectivement reçu quelque chose, ça proviendrait de la petite Lola. Mais elle ne s’autorisa à y croire que lorsque l’annonce officielle fut faite. Un mouvement de foule inévitable s’amorça dès que la voix de Raven cessa de résonner dans la base. Certains couraient, d’autres, marchaient rapidement, Andrea en vit plusieurs traîner longuement à son image. Elle avait très envie d’avoir des nouvelles de sa sœur mais, elle avait très peur d’apprendre que sa sœur était malheureuse. Elle se laissa bousculer dans le couloir menant aux chambres où chacun pourrait visionner son dossier d’informations sur son ordinateur personnel. Elle ne s’énerva pas, ne protesta pas, elle continua à marcher d’un pas lent jusqu’à sa porte plus calme que jamais.

    Lorsqu’elle fut enfin dans sa chambre, elle ferma la porte doucement, ac tionna le système de verrouillage et s’installa au bureau devant l’écran tactile de l’ordinateur individuel. Il était allumé, elle effleura du doigt la zone tactile qui s’illumina. Elle ouvrit la boîte de messagerie interne de la base, le dossier était là, intitulé « Nouvelles de la Terre ». Elle déglutit en approchant son doigt de l’écran, après une profonde inspiration, elle sélectionna les données qui s’ouvrirent toutes simultanément en inondant le fond d’écran. Elle mit de côté tout ce qui avait trait aux nouvelles générales de la Terre : renseignements politiques, données environnementales, informations sur les mercenaires présents sur Pandora, avancées scientifiques… Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait, un document Word dont la première page comportait un nom en lettres capitales. LOLA MORENO. Elle s’apprêta à faire défiler le texte quand elle entendit un cri de désespoir dans le couloir. Ca devait provenir d’une chambre voisine. Andrea se sentit mal à l’aise, elle jeta un coup d’œil à son écran et se demanda si elle devait lire le contenu de cette lettre… Bien sur qu’elle le devait. Mais si elle apprenait une mauvaise nouvelle, alors elle s’effondrerait. Avant de se confier à Leanne, elle n’avait jamais pleuré ou craqué devant quelqu’un, elle était forte pour cacher ses émotions pourtant violentes. Mais s’il était arrivé malheur à Lola, il n’y aurait aucun rempart assez fort pour contenir son chagrin. Un rire s’éleva dans un logement voisin, plus fort et plus retentissant que le cri de détresse, cela donna du courage à la protectrice. Elle afficha enfin le texte numérisé rédigé de la main de sa cadette et se plongea dans sa lecture.

    **************************************

    Andrea sortit de sa chambre, le visage blanc, les yeux rouges, les phalanges ensanglantées. Cela faisait une heure qu’elle avait pris connaissance de la lettre de sa sœur. Tout d’abord, elle était restée stoïque, ne croyant pas ce qu’elle lisait. Elle avait parcouru une dizaine de fois la missive. Les mots faisaient à chaque fois plus mal et les larmes coulaient sans interruption sur ses joues. Elle pleura tant qu’elle sembla se dessécher totalement. Puis une fois les larmes épuisées, la colère s’était mêlée à la tristesse, plus puissante, grondant dans la poitrine de la Brésilienne. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça lui arrive à elle ? Pourquoi le sort s’acharnait-il sur cette famille ? Sa mère, victime de la pollution, son père, dont le cœur n’avait pas supporté les soucis avec la mafia, elle-même qui avait perdu toute innocence en se sacrifiant pour les siens. Et maintenant, Lola ? Sa douce Lola, sa tendre, belle et fière Lola. Cette personne extraordinaire pour qui elle pourrait tout donner et qu’elle avait abandonnée à son triste sort sur une planète à la dérive… Tout ça, c’était sa faute, elle avait provoqué son malheur, elle n’avait pas su la protéger. Cette pensée lui avait fait pratiquement perdre l’esprit. Elle avait hurlé de rage, jeté chacun des objets contenu dans sa chambre, frappé les murs dans l’espoir de détruire cette base militaire ridicule. Il fallait qu’elle anéantisse tout cela pour qu’ils puissent regagner la Terre. Sa sœur avait besoin d’elle, il fallait qu’elle parte sur le champ.

    Dans le couloir, elle marchait à toute vitesse mais son pas était chancelant, incontrôlé. Elle n’avait plus du tout l’allure fonceuse et sûre d’elle qui la caractérisait. Même si sa colère était palpable, la tristesse recouvrait tout son être. Elle n’était plus qu’un fantôme. Elle savait exactement qui aller voir. Ce ne serait pas Leanne, elle n’avait pas le temps de pleurer sur son épaule, de continuer cette thérapie inutile. Non, elle n’irait pas non plus voir Opal pour passer ses nerfs, elle n’y prendrait aucun plaisir et ça ne la soulagerait pas. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait l’aider à présent et elle se trouvait devant son bureau. Il était absent, elle s’apprêta à repartir avec l’intention de fouiller chaque recoin de la base à sa recherche quand une proche collaboratrice lui indique qu’il se trouvait dans l’observatoire. Elle hocha la tête en guise de remerciement, incapable qu’elle était de prononcer un mot sans être regagnée par ses sanglots. Elle repartit du même pas malhabile vers le sommet de la tortue où se trouvait les grandes baies vitrées permettant d’observer la lune bleue. Les gens qui la croisaient, étaient troublés de la voir dans un pareil état. Cette protectrice avait toujours eu l’air si forte, si imperturbable, presqu’un robot dont la seule émotion aurait été la colère. La brésilienne ne les voyait pas, elle ne captait pas leurs regards compatissants, elle n’entendait ni leurs questions empreintes d’inquiétudes, ni leurs railleries timides sur la déconfiture de son visage. Elle était enfermée dans sa propre souffrance, emmurée dans sa culpabilité, enterrée sous une montagne d’impuissance. Car, elle n’y pouvait absolument rien, elle ne pouvait pas protéger sa sœur.

    Il ne fut pas difficile de trouver le responsable de l’expédition. Raven Galloway était au point culminant de la Tortue, au meilleur poste d’observation, il scrutait l’horizon l’air pensif. Andrea n’avait rien lu du dossier général : mercenaires, sciences, politique et tout le tintouin. Peut-être était-ce ce qui préoccupait l’esprit de l’homme… Mais Andrea n’avait pas de place pour les préoccupations des autres, les siennes étaient déjà bien trop lourdes à porter. Elle se trouva devant lui, reconnaissante qu’il soit seul et attendit qu’il ne la remarque. Quand il la vit, elle plongea son regard dans le sien. Tristesse, abattement, colère, culpabilité, impuissance… Un cocktail d’émotions diverses ternissait les pupilles de la protectrice. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortit. Elle inspira profondément et réitéra sa tentative de communication. Au deuxième échec, son corps s’affaissa, elle tomba à genoux et couvrit son visage de ses mains. De violents sanglots la secouèrent même si son corps ne semblait plus capable de produire une seule larme. Ses pleurs provoquaient comme des spasmes à la Brésilienne, lui coupant le souffle et l’opprimant totalement. Finalement, elle parvint à relever les yeux vers l’expert et à bégayer, à bout de souffle et de nerfs, d’une voix éraillée :

      « Il faut que je parte… Tout de suite ! Je dois… rentrer. C’est de m…ma faute, je n’ai p-pas su la protéger. Ils l’ont trouvée, ils l’ont souillée… Ils ont fait co-comme avec moi. Il… il faut que vous m’aidiez… »


    Elle le suppliait à genou, elle n’était plus que le reflet d’elle-même, on ne pouvait reconnaître en elle la jeune femme forte et si habile à masquer ses émotions qu’elle avait été. Les épreuves qui avaient jalonnées sa vie l’avait forgée à être indestructible. A chaque obstacle, elle avait choisi de se sacrifier pour alléger la peine de ses proches. Elle avait tout pris sur elle, autant qu’elle le pouvait. Et elle n’avait jamais craqué de la sorte. Mais maintenant que la même souffrance qu’elle avait ressentie était infligée à sa sœur et qu’elle n’était pas près d’elle pour prendre les coups à sa place, elle perdait pied.

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Raven Galloway
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MessageSujet: Re: A taste of Hell [PV] A taste of Hell [PV] I_icon_minitimeDim 19 Sep - 9:14

    Après s'être exprimé pour annoncer l'arrivée des nouvelles de la Terre, Raven avait senti le besoin de s'isoler à son tour. Alors que chacun regagnait en hâte sa chambre pour pouvoir consulter ses messages, il choisit pour sa part de se rendre à l'Observatoire. Peu de monde y venait à cette heure du jour et personne ne s'y trouverait en ce moment précis. Tous n'avaient qu'une chose en tête et nul ne pouvait les en blâmer. Raven, lui, avait déjà pris connaissance de ses messages. Avant même l'annonce à toute l'expédition, il n'avait pu se retenir de consulter son dossier personnel. Il avait besoin de savoir avant de s'exprimer. Et puis il était normal qu'il prenne connaissance des nouvelles de la Terre en général et des informations supplémentaires qui leur avaient été envoyées, afin de pouvoir résumer et briefer le personnel. Alors comment résister à sa propre famille ?!

    Contournant le télescope, Raven s'installa sur les marches arrondies face à la baie vitrée lui donnant une vue imprenable sur le lac et, au-delà, la forêt pandorienne. A chaque fois que le doute le prenait sur leur mission, il venait se recueillir ici. Ce paysage avait le don de le calmer et de lui permettre de réfléchir sereinement. Face à cette beauté naturelle, il se remémorait leurs objectifs et la raison de leur présence en ces lieux. Il se souvenait qu'ils étaient là pour le bien de l'humanité, et que cela valait bien quelques sacrifices. En particulier celui d'être si éloigné de sa famille et de ses proches... Bien sûr, dans un moment comme celui-ci, où les nouvelles de la Terre leur rappelaient plus que jamais ce qu'ils avaient laissé derrière eux, ce n'était pas une attitude aisée à adopter. Raven s'attendait à ce qu'une bonne partie du personnel de l'expédition soit troublé pour de nombreux jours par ce qu'ils avaient appris. C'était naturel, et il était de son devoir de les comprendre et de les aider à passer ce cap. Plus que jamais, la nécessité d'organiser une soirée pour permettre à tous de se distraire et de se détendre lui apparaissait clairement.

    Passant distraitement une main sur sa barbe d'un jour - réveillé en hâte ce matin par l'annonce de la communication, il n'avait pas pris le temps de se raser - Raven observait les silhouettes ailées à l'horizon. Cela le ramena aux nouvelles de ses enfants. Jade, sa petite puce (qui devait fêter ses 27 ans cette année), lui avait annoncé avoir terminé ses études de médecine avec succès en se spécialisant dans la psychiatrie. Cela ne l'étonnait pas de sa part, elle avait toujours été brillante et aussi passionnée que son père par les mystères de l'âme humaine, tout en se concentrant plus sur les explications médicales. Elle semblait avoir été prise dans un hôpital de grande renommée. Il était si fier d'elle... mais il était un peu triste pour elle qu'elle n'ait pas encore trouvé l'âme soeur. Certes, la médecine (et surtout les hôpitaux) n'était pas une voie qui facilitait les relations sociales durables, mais il espérait qu'elle ne souffre pas trop de la solitude. Elle avait beau dire qu'elle se trouvait bien en célibataire, il la connaissait mieux que ça. Heureusement, il n'avait pas à s'inquiéter de ce côté là pour les jumeaux, Keith et Andrew, âgés de 25 ans, étaient tous deux engagés. Ils lui avaient même envoyés une photo d'eux et de leurs chéries, c'était gentil à eux d'y avoir pensé, il pouvait ainsi rester à la page... Ce qui l'avait étonné, c'était la voie qu'avait choisi Keith : pilote d'avions... de la part du jeune homme lancé dans des études d'économie à Oxford lorsqu'il l'avait laissé, Raven ne s'était pas attendu à ce choix. Mais il semblait heureux, tant mieux. Et Andrew, lui, travaillait dans un cabinet financier. Voilà qui correspondait au moins aux prévisions de son père.

    Raven pressa ses paumes l'une contre l'autre. Tout semblait bien se dérouler pour ses enfants. Il en était extrêmement heureux. Il devinait que ce ne serait pas le cas de tous ses collègues. Mais même ainsi, les regrets et la nostalgie s'étaient insinués dans son cœur. Il avait quand même raté cinq ans de la vie de ses enfants, et cela ne s'arrêterait pas là. Mais il devait s'y faire, c'était son choix, il savait dès le début à quoi il s'était engagé plus que quiconque. Il n'avait, de toute manière, jamais brillé par son rôle de père modèle. Il avait laissé ses enfants à son ex-femme et n'avaient eu également des nouvelles d'eux que de manière indirecte, notamment pendant son travail à l'ONU. Il ne les voyait qu'environ quatre fois par an à l'époque... évidemment, chaque moment ensemble avait été un véritable bonheur et il n'avait même plus ces quatre jours de bonheur intense désormais... Mais il le faisait pour eux aussi, pour qu'une stupide comète ne mette pas fin à leur vie du jour au lendemain.

    Plongé dans ses pensées, Raven ne vit pas le temps passer. Sa famille seule n'occupait pas uniquement son esprit. Les rapports sur les mercenaires et la raison de leur présence sur Pandora ainsi que leurs capacités militaires tournaient comme un disque rayé dans sa mémoire. Il se releva à un moment et s'approcha de la baie vitrée. Les mains dans les poches, il observa la base en contrebas, suivant des yeux les contours de la structure. L'ennemi semblait donc avoir quelques avantages matériels... mais ils avaient pour eux la volonté et la motivation, bien que la réticence au combat. Serait-ce assez ? Bien sûr, ils n'étaient pas seuls, les Na'vis se battraient aussi, mais Raven était réticent à les inclure à tout plan sans en savoir tout d'abord plus sur leur position par rapport à l'expédition.

    Il n'entendit pas le coulissement pneumatique de la porte de l'Observatoire et se furent des bruits de pas qui le sortirent de ses pensées. Il tourna la tête pour identifier le nouveau venu et fur surpris de voir Andrea. Surpris par son état notamment, était-ce bien la même guerrière volontaire et caractérielle qu'il avait devant lui ? Lorsque leurs regards se croisèrent, il ne lui fut pas difficile de comprendre qu'elle avait reçu de très mauvaises nouvelles de la Terre. Il attendit qu'elle prenne la parole pour lui annoncer la raison de sa présence, mais aucun son ne sembla pouvoir franchir ses lèvres. Elle s'affaissa soudainement et Raven, médusé et inquiet, eut un instant de flottement. Devant les sanglots qui la saisirent, il mit finalement genoux à terre, s'abaissant à son niveau. Il aurait voulu la réconforter mais il la connaissait assez peu et ne savait comment agir, si elle accepterait un quelconque geste de sa part...

    Lorsqu'elle réussit finalement à parler, le coeur de Raven se serra à ses premiers mots. Elle savait bien que repartir sur Terre n'était pas une option, et que même si c'était le cas, elle arriverait probablement bien trop tard pour interférer, quelque soit la raison de sa détresse. Mais les émotions dictaient ses paroles et Raven décida de ne pas la contrarier directement. S'il pouvait déjà comprendre de quoi il retournerait, il pourrait peut être trouver une solution. Il se rapprocha doucement d'elle et saisit gentiment ses mains, qu'il serra doucement dans les siennes pour la réconforter.
      « Ssssh. » souffla-t-il doucement pour la calmer. « Je suis là Andrea et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider, mais vous devez m'expliquer ce qui se passe. »
    Il avait pris son ton de diplomate le plus affable et strict à la fois, comme pour donner la force à la jeune femme de prendre sur elle pour lui raconter ce qui la troublait ainsi. Bien qu'il connaissait le passé complexe et ténébreux d'Andrea, ses explications étaient bien trop troubles et ambigues pour qu'il devine de quoi il retournait. Une chose était sûre : comme il le lui avait assuré la dernière fois qu'ils en avaient parlé ensemble, il ne la jugeait pas sur son passé et il la respectait tout autant qu'une autre. Il compatissait cependant face aux difficultés qu'elle avait traversé.
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MessageSujet: Re: A taste of Hell [PV] A taste of Hell [PV] I_icon_minitimeLun 11 Oct - 23:06

    Abattue, bouleversée. Agenouillée, tremblante. Pleurant si fort que ça semblait humainement impossible, incapable de laisser les larmes couler silencieusement mais secouée de violents sanglots. Face à cet homme droit et respectable qui était chargé de l’expédition. Elle pleurait devant un être humain pour la première fois depuis des années. Voilà où elle en était. Andrea avait toujours été une personne forte, même peut-être trop. Elle avait engrangé tellement de souffrances et de tragédies sans partager ses émotions que c’en était difficile à croire. Bien sur qu’elle avait pleuré, souvent même, mais elle s’était cachée au regard des autres. Aucun de ses clients libidineux ne pouvait se vanter de l’avoir vue verser une larme, même ceux qui lui avaient fait subir les situations les tordues. Son défunt père et sa chère sœur non plus n’avaient plus vu ses sanglots depuis que la mafia était entrée dans leurs vies. Mais là, elle ne pouvait pas se contenir, elle ne trouvait pas la force de parler calmement de ce qu’elle venait d’apprendre. Il n’était plus question d’elle à présent mais de sa fragile petite sœur et de l’enfant de l’amour qu’elle portait en elle. Cette petite avait déjà vécu tellement de deuils et ils venaient de lui ôter l’amour de sa vie condamnant son enfant – s’il venait à naître – à être orphelin. Sa sœur était veuve, enceinte et faisait les trottoirs pour la mafia Brésilienne.

    Comment rester calme ? Comment refouler sa colère et son désespoir ? Elle n’y parvenait pas et son discours en devenait donc particulièrement incompréhensible. Elle vit l’inquiétude dans le regard de Raven Galloway à travers le flou provoqué par ses pleurs. Il saisit ses mains avec douceur dégageant ainsi son visage qu’elle cachait. Se retrouver ainsi, ses yeux humides à nu provoqua un violent malaise en elle et elle eut envie de se défaire vivement de l’étreinte de son supérieur. Mais elle s’abstint, ne pouvant cependant se résoudre à le regarder dans les yeux plus d’une seconde d’affilée. Elle regardait le sol, ses cheveux retombaient en désordre sur son visage, plusieurs mèches étaient mouillées. Elle tenta de se calmer sous l’injonction de l’expert. Il lui promettait de l’aider dans la mesure du possible mais dans ce cas précis, qu’est-ce qui était possible ? Rien du tout, à moins d’inventer un téléporteur. Cependant, elle se concentra réellement pour parvenir à être compréhensible. Elle inspira et expira profondément plusieurs fois de suite, les hoquets s’espacèrent et finalement elle réussit à articuler des mots tout de même animés de colère :

      « C’est ma petite sœur, je ne sais pas comment mais la mafia l’a retrouvée. Elle avait sa vie, son travail, son compagnon. Ils l’ont tué alors qu’elle est enceinte de lui ! Comment ont-ils pu ? Je vais les tuer tous un par un ! »


    La colère la submergea. Si elle s’était trouvée face à ces mafieux qui avaient pourri sa vie et s’employaient à pourrir celle de sa sœur, alors elle ne répondrait plus de rien. Ses mains se crispèrent sur celles de Raven Galloway sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle imaginait comment elle mettrait fin à leurs jours à tous. Elle en étranglerait, en fusillerait, en poignarderait, en battrait à mort. Il y en aurait pour tous les goûts. Ce n’était pourtant pas dans la nature de la jeune femme d’avoir des pensées et des désirs si violents. Elle était tout sauf une meurtrière. Elle souffrait, chaque jour, d’être assimilée à une militaire sanguinaire par toute l’équipe de l’expédition. Elle était une protectrice, pas une tueuse. Et ce qu’elle aimait particulièrement c’était la communication, la médiation, l’entraide. Elle se souvint du jour où elle passa à la télévision et qu’on parla d’elle pour ses talents dans une affaire de gangs à Los Angeles. Son implication auprès d’un quartier peuplé essentiellement de latinos et son entente avec les familles avait permis de nombreux témoignages, des sentences de perpétuité, des protections de témoins… Si tout Américain qui se respecte rêve de célébrité et considère le fait de passer à la télévision comme le plus grand des honneurs, Andrea avait bien plus apprécié de voir des familles à l’abri de ces dangereux criminels. En cet instant, elle ne valait pas mieux qu’eux. Tout ce qu’elle voulait c’était satisfaire sa vengeance et protéger sa sœur par la manière forte. Mais si elle avait du sang sur les mains, comment sa sœur la verrait-elle alors ? Non ce n’était pas la solution qu’elle pouvait envisager. De toutes façons ces salauds n’étaient pas à sa portée, rien n’était à sa portée, elle vivait dans un autre monde que sa sœur, dans un autre temps aussi. Physiquement, les deux sœurs n’avaient plus que deux ans d’écart au lieu de sept et si Andrea faisait le voyage retour immédiatement, sa petite sœur serait plus âgée qu’elle de trois années. Si elle réussissait à survivre dans l’environnement hostile de son quotidien…

    Se souvenant de la présence de Raven Galloway, elle leva enfin les yeux vers lui. Ses larmes s’étaient arrêtées toutes seules de couler comme si penser aux meurtres des bourreaux de sa sœur avait apaisé sa peine. Il y avait encore une chose qu’elle n’avait pas révélé au directeur de l’expédition, quelque chose qui la ravageait de l’intérieur depuis qu’elle l’avait lu. Sa sœur vendait son corps. Ce terme qu’elle n’avait réussi que récemment à employer pour raconter son histoire à Leanne se répétait dans son esprit tel un écho sans fin. Il fallait qu’elle le dise, il fallait que Raven sache à quel point la situation était grave. Elle pinça les lèvres pour empêcher les larmes de jaillir à nouveau, ses yeux encore plus sombres qu’à l’accoutumée étaient plongés dans ceux bleus clairs de son interlocuteur. Il fallait qu’il ressente sa douleur et sa révolte pour qu’il l’aide à trouver une solution pour aider sa sœur. A bout de forces, elle finit par lâcher :

      « Ma petite Lola… Elle est obligée de se prostituer pour eux… Elle est si fragile et puis elle porte un enfant. Si ça ne la tue pas, elle ne s’en remettra jamais. On ne se remet pas de ces choses là… »


    Elle se rendit compte en prononçant ces mots qu’ils lui étaient aussi destinés. Oui elle ne s’en était pas remise, elle ne s’en remettrait jamais. Et même si Leanne lui assurait que parler de son passé allait l’aider à aller mieux, elle savait que jamais elle ne serait une jeune femme normale. Elle était traumatisée et son attitude envers les autres le prouvait irrémédiablement. Elle était plutôt asociale, froide, certains la croyaient dénuée de cœur tant elle camouflait ses émotions. Elle en avait bien un, mais il était brisé en mille morceaux. Elle n’avait jamais été amoureuse, et ça n’arriverait jamais. Si elle ressentait, à l’époque de son mariage, une certaine tendresse envers son époux qui les avaient sauvées, ce n’était pas de l’amour. Elle s’était toujours sentie mal à l’aise dans leur intimité mais l’habitude de la prostitution l’avait poussée à satisfaire cet homme bon qui était amoureux fou d’elle. Quand elle avait estimé avoir payé suffisamment sa dette, ils s’étaient quittés sans pour autant cesser de se voir, il considérait Lola comme sa fille. Et d’ailleurs, que faisait-il alors que Lola se faisait martyriser ainsi ? Sa petite sœur n’avait fait aucune mention de lui. L’avait-il abandonnée à son sort ? Avec son aversion pour le sport, son manque d’héroïsme certain, il n’aurait rien su faire contre la mafia. A part kidnapper une jeune femme et sa sœur en pleine pour leur offrir l’asile dans son pays, dans sa ville. Mais fuirait-il Los Angeles pour protéger Lola ? Toutes ces questions la torturait, il lui fallait des réponses aussi s’empressa-t-elle de plaider sa cause :

      « Il faut faire quelque chose, il sera trop tard quand je reviendrai. Comment… ? Je suis perdue, je ne sais quoi faire… Déjà pourrions nous essayer de joindre mon ex-mari… Mais que ferait-il contre la mafia ? J’étais sensée la protéger, c’était mon devoir. Tout est de ma faute… Je l’ai laissée seule, je l’ai abandonnée… »


    La brésilienne ne pouvait s’empêcher de se reprocher tout ce qui arrivait de mal sur Terre. Mais plus particulièrement, tout ce qui été lié à sa sœur. Ses parents, dès son plus jeune âge, lui confiaient Lola. Ils avaient confiance en elle, ils lui ordonnaient de la protéger et elle avait fait de son mieux… Jusqu’à l’expédition. Et ni son père, ni sa mère n’étaient plus de ce monde pour suppléer à sa fatale erreur de partir sur Pandora. Elle était seule face à la plus grosse bêtise qu’elle puisse jamais faire et c’était irréversible. Les sanglots - moins violents toutefois - reprirent possession d’elle. Pourquoi fallait-il que le sort s’acharne sur elle ? Elle avait abandonné ses rêves de carrière et d’études pour protéger sa famille une première fois. Et il aurait fallu qu’elle en fasse de même quelques années plus tard…

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MessageSujet: Re: A taste of Hell [PV] A taste of Hell [PV] I_icon_minitime

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