Who's gonna save me this time ? feat. Naminé Gordon

Who's gonna save me this time ? feat. Naminé Gordon Joshhartnetticon004

© cherrylips & CityLove

Who's gonna save me this time ?
feat. Naminé Gordon & Lucas Miller

Une soirée qui se terminait seul dans sa chambre, n'était pas pour autant une soirée de gâchée. Pas pour Lucas Miller, ce jeune homme qui s'arrangeait toujours pour ne jamais s'attacher et garder ses distances tout en étant capable de s'approcher suffisamment pour obtenir ce dont il avait besoin. Il avait trouvé la partenaire parfaite en la personne de Juliet Mallory, son alter ego féminin. Tout comme lui, elle n'avait que faire des sentiments des autres - bien qu'à la différence de Lucas, seuls les siens comptaient, alors que pour Lucas, les sentiments n'avaient tout simplement pas leur place – et ne prenait en compte que son petit plaisir personnel. Pour Lucas, c'était surtout une question de besoins naturels, d'ennui à combler, d'envie d'être comme tout le monde, ce qu'il n'avait finalement jamais été. Que demander de plus qu'une jeune femme attirante, charmante, entreprenante, et qui était d'accord pour partager sa couche de temps à autres sans conséquences ni engagements, et encore moins émotions ou sentiments ? Tout homme en aurait rêvé au moins une fois, même le plus éperdu. Parce que les sentiments amenaient souffrance, complications, revanches. Lucas avait mis tout cela au placard dans sa plus tendre enfance et se contentait donc des femmes qui passaient pour combler sa nature humaine et mâle. Mais avec Juliet, c'était différent. Non qu'il éprouve un quelconque attachement. Au contraire, il savait à cent pour cent qu'avec elle, les choses en resteraient toujours là... ou qu'elles finiraient le jour où elle trouverait son prince charmant.

Couché dans son lit, Lucas regardait le plafond sans vraiment le voir, un bras sous la tête, l'autre posé sur les draps que la jeune blonde venait de quitter quelques minutes plus tôt. Il pensa à ce sa vie sur terre et inévitablement, l'image de sa mère lui apparut. Il ne l'avait pourtant plus vue depuis tellement longtemps. Lorsqu'il était parti étudier à l'université, il avait décidé de lui tourner définitivement le dos. Peut-être était-ce pour cela qu'il avait finalement ouvert son cœur à Lana, sa meilleure amie. Peut-être avait-il eu besoin de remplacer sa mère, d'une quelconque manière. Le besoin qu'une personne au moins sache qui il était vraiment. Puisque sa mère ne le saurait désormais plus jamais.
Elle lui manquait, il le savait au plus profond de lui et jamais, au grand jamais, Lana ne pourrait remplacer ce vide qui s'était créé avec les années. Non qu'elle n'était pas suffisamment aimante, ou pas assez attentionnée. Elle était bien plus que tout ce que n'importe quel gamin pourrait espérer d'une mère... elle était bien plus. Là était le problème. Elle ne pouvait pas être une mère, parce qu'elle était une jeune femme attirante, attentionnée, aimante, conseillère et... charmante.
Non, sa mère ne pourrait jamais être remplacée. Sans doute même ne le voulait-il pas. Avait-elle été à la hauteur ? Jamais. Pourquoi diable voudrait-il la remplacer alors qu'elle n'avait pas su remplir son rôle ?

Lucas se gratta distraitement le bras, et le regarda sans vraiment le voir. Pourtant, la rougeur affichée attira son regard. Fronçant les sourcils, il alluma sa lampe de chevet et s'inspecta avec plus de précision. C'est avec stupeur qu'il réalisa que la plus grande partie de son corps était recouvert de plaques rouges et irritantes. Inquiet, il se releva, enfila son caleçon, et s'inspecta dans le miroir. Cela allait en s'aggravant et il comprit rapidement de quoi il s'agissait lorsqu'il se mit à manquer d'air. Son allergie, par il ne savait quel moyen, venait de refaire surface. Alors qu'il essayait désespérément de trouver son beeper, il se rappela qu'il avait oublié de prendre son médicament ce matin-là, pour la simple raison qu'il n'en avait plus. Il avait bien pensé appeler l'infirmière qui s'occuperait de son traitement sur l'expédition, mais il avait ensuite été appelé pour un travail et ça lui était totalement sorti de la tête.
Ce qu'il ne comprenait toujours pas, c'est comment il avait été en contact avec cet alcool. A sa connaissance, il n'en avait pas utilisé pour se désinfecter, il n'avait aucune blessure. Il n'avait évidemment pas utilisé de produit en contenant puisque tout était vérifié avant de les lui fournir. Il en était de même pour sa nourriture, distribuée avec soin, et spécialement pour lui. Il ignorait bien évidemment que le parfum de sa petite amie de la soirée était un de ceux qui comportaient cet alcool, et qu'elle s'en était aspergée avec générosité juste avant de venir le voir. Il avait bien senti sa ravissante odeur mais tout ce à quoi il avait pensé en la reniflant était plutôt à tout ce qu'il pourrait faire à cette jolie peau si joliment parfumée.

Son manque d'air de plus en plus intense le sortit de ses pensées, et il mit enfin la main sur son beeper, tandis qu'il s'affalait sur son lit, transpirant. Il se sentait vraiment mal à présent et eut bien du mal à composer le numéro de son infirmière tant il avait du mal à lire les numéros. Son regard flouté se perdit et il s'évanouit alors qu'il venait de beeper Naminé Gordon, cette jeune femme qu'il avait un jour rencontrée au Texas, avec qui il avait passé la nuit, et qu'il n'avait plus jamais revue depuis, pas même sur les deux années d'entrainement en Guyane. Ils n'étaient que 400 et pourtant, ils ne pouvaient tous se connaitre. Mais il était presque certain que Lucas aurait grandement apprécié de savoir que sa petite conquête d'un soir, et sans nom, faisait partie de l'expédition pour laquelle il s'engageait pour plusieurs années. Elle serait difficile à fuir, ici...

Naminé jeta un coup d'œil à l'horloge de l'ordinateur sur lequel elle travaillait. La fin de son service arrivait et elle avait hâte de rentrer prendre une douche et dormir. La semaine avait été rude par moment et elle avait vite accumulé de la fatigue. Elle avait pris du retard et n'avait pas eu le temps de regarder ses derniers dossiers en date. Elle suivait certains patients sur plus ou moins long terme; plutôt à court terme en général, mais quelques uns d'entre eux réclamaient un suivi de plusieurs jours à plusieurs semaines, selon les traitements et les blessures. Mais elle avait eu un dossier plus particulier il y a de-ça quelques jours. C'était un patient « attitré », ce genre de patient avec qui il vaut mieux bien s'entendre parce que vous risquiez de le voir souvent et pendant très longtemps. Elle avait juste mis le nez dans ce dossier pour en connaître les grandes lignes et savait juste qu'il sagissait d'un allergique, et elle ne savait même pas encore de quoi. Elle culpabilisait de ne pas encore avoir eu le temps de le lire. Et si il avait eu besoin de son aide hier ou deux jours auparavant? Elle ne savait toujours pas pour quoi elle devait le soigner si jamais il venait la voir. Naminé était bien décidée à rattraper son retard ce soir, au moins au sujet de ce patient là.

C'était tout bonnement incroyable; comment des gens aussi futés et adroits – que l'étaient les membres de la Tortue – pouvaient passer autant de temps à l'infirmerie? Les patients sortaient et entraient à un rythme constant, et c'était à peine si la nuit était plus calme. Les scientifiques et les protecteurs travaillaient à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, ce qui faisait que le personnel soignant de l'expédition en était arrivé à avoir les mêmes horaires. L'avantage d'être sur Pandora, c'est qu'il y avait suffisamment de membres qui travaillaient pour assurer un emploi du temps correct à chacun. Ce qui n'avait pas toujours était le cas lorsqu'elle travaillait à l'hôpital. Naminé ne regrettait pas le moins du monde d'avoir quitter cet endroit, elle n'avait plus eu le temps d'avoir une vie quand elle y travaillait, et à peine le temps de se consacrer à sa passion; autant dire qu'elle avait arrêté de compter sur son art pour arrondir ses fins de mois. Depuis son arrivée sur Pandora, elle s'était volontairement surchargée de travail; c'était un des seuls moyens qu'elle avait trouvé pour ne pas avoir le temps de ronger son frein.

Naminé était enfin prête à quitter son poste, son écran d'ordinateur tactile dans la main. Elle se dirigea vers son casier pour y récupérer des affaires et y laisser sa blouse quand une personne rentra à l'infirmerie. Elle dut la rediriger vers une collègue qui était encore en service et décida qu'il était grand temps de se faire la malle, avant qu'une bande de scientifiques fous ne fassent exploser une plante vénéneuse dans leur labo et que Naminé fasse partie du cortège qui devrait s'occuper d'eux. Elle ôta donc sa blouse et remit sur ses épaules le gilet qu'elle avait laissé dans son casier bien plus tôt dans la journée, saisit son sac et glissa son ordinateur dedans. Ce qui lui rappela qu'elle n'avait pas tout à fait fini sa journée. La jeune femme soupira; promis, elle prendrait son prochain jour de congé, sinon elle y perdrait sa tête et les pédales à force de s'interdire le temps de penser! Elle s'assit sur le tabouret le plus proche, prit de nouveau en main son ordinateur et accéda enfin au dossier du patient qui l'intéressé. Lucas Miller. Elle connaissait ce nom... du moins, elle pensait. Elle avait connu plusieurs Lucas dans sa vie et elle n'était pas à une erreur près. Elle y lut que le jeune homme était allergique à un alcool bien précis. Naminé se rendit compte qu'elle avait déjà vu un traitement pour ce genre d'allergique – assez particulière – dans un des placards de l'infirmerie. Elle se leva donc et chercha un moment ledit placard, avant de se rappeler que la base de données du service pouvait lui dire où tout était rangé. La jeune femme maudit sa petite tête et prit enfin plusieurs boites du traitement qui l'intéressait. Avec tout ça, elle avait presque faillit oublier son beeper sur son bureau.

Sa chambre avait connu des jours bien pires, et Naminé était presque fière d'avoir réussi à garder un ordre apparent sur son territoire. Elle posa son sac et son gilet sur son bureau et se déshabilla sur le chemin de la salle de bain. C'était ce genre de soir où une douche bien chaude était la meilleure chose qu'il puisse arriver et Naminé en profita un long moment. Une fois propre et reposée, la jeune femme enfila un short et un débardeur, se coiffa tout en profitant d'une pause musique, puis vaqua à ses occupations quelques temps encore. Alors que son nez avait déjà faillit plusieurs fois rencontrer son bureau, elle se décida enfin à aller dormir. Elle ne reprenait son service que dans l'après-midi, ce qui lui laisserait le temps de dormir le lendemain matin. Elle sombra rapidement, et s'égara dans un sommeil agité par des rêves étranges, mais assez paisibles. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'un étrange son lui parvint dans son sommeil. Naminé mit plusieurs secondes avant de comprendre que ça n'avait rien à avoir avec son rêve; et il lui en fallut quelques unes de plus pour enfin comprendre ce que c'était.

La blonde se redressa immédiatement dans son lit, cherchant vivement son beeper des yeux. Il était sur son bureau et sauta de son lit pour y jeter un œil. Elle espéra de tout son cœur que c'était une erreur de l'infirmerie, que l'on n'aurait pas besoin d'elle. Mais elle vit apparaître sur le petit écran, le numéro d'une chambre et un nom. Lucas Miller. Et ça, c'était bien une urgence.
« Merde! »
Naminé attrapa son sac et un long gilet en côte épaisse à l'arrachée et sortit pied nu dans le couloir. Elle vérifia au passage que les traitements étaient bien avec elle, puis enfila son gilet, histoire de ne pas courir à moitié dénudée à la vue de tous. Près de deux minutes après que son beeper ait sonné, Naminé poussa la prote de la chambre de Lucas, et le découvrit en caleçon, étendu sur son lit, inerte et les yeux fermés. Elle regarda son visage mais n'eut pas le temps de s'attarder. Oui, elle le connaissait bien! Elle détestait paniquer, mais face à Lucas, ses automatismes d'infirmière reprirent le dessus. Elle alluma la lumière, ouvrit son sac et prit une fiole de traitement. Naminé déballa une seringue, mit du sérum dedans tant dis que son autre main désinfectait le creux du bras du jeune homme. Elle avait fait cela en un temps record, mais c'était en grande partie parce qu'elle avait travaillé dans un service d'urgences pendant quelques temps. La blonde put enfin lui faire l'injection.

Une dizaine de minutes s'étaient écoulées. Naminé s'était installée par terre contre le mur opposé au lit, un coussin sur les genoux qu'elle avait emprunté du lit de Lucas, elle pouvait observer ses réactions de là. Elle avait contrôlé sa tension et son pouls; tout était normal. Il n'y avait plus qu'à attendre qu'il se réveille maintenant... En espérant qu'il ne tarderait pas ou Naminé finirait par s'endormir sur place. Mais elle avait un doute sur l'identité de son patient. C'était certain, elle le connaissait de la Terre. Mais où?