Miriam est née en 2226 aux Etats-Unis et n’a jamais connu l’Allemagne que par ses évènements cinématographiques, notamment le fameux Festival international du film de Berlin. Elle a toujours vécu et a fait ses études aux States.
Ses parents ont fait en sorte qu’elle ait une vie plutôt « équilibrée » dans le sens où elle ne devait pas subir mille et un déracinement. Car la petite était la fille du célèbre acteur Kurt Wagner et de la productrice Christa Wagner. Immergée dès sa naissance dans le monde du show business, Miriam avait droit à toutes les attentions. Elle fut la première et unique fille du couple. On attendait donc qu’elle reprenne le flambeau et c’est dans cette optique que sa famille et leurs proches l’élevèrent.
Son père usa de ses relations pour la lancer dans le cinéma. Elle débuta à 5 ans en tournant dans des spots, des pubs et aussi dans des clips aux sujets écologiques. Ce fut à 9 ans qu’elle se fit une place dans une série télévisée puis à 12 ans Miriam décrocha son premier rôle au cinéma. Elle n’était pas en tête d’affiche mais faisait des apparitions significatives et appréciées du public.

Miriam pouvait pleinement profiter des cadeaux de ses parents tant qu’elle restait sage et photogénique. Elle usait autant de son charme de gamine rôdée à la comédie que de son argent pour obtenir ce qu’elle voulait. Une petite vie rose et sans heurts.
De leur côté, ses parents lorgnaient avidement sur le scénario qu’était « l’affaire Pandora » et imaginaient ce que pourrait leur ramener un tel film. Quelle aura et quel argent. Et qui sait ? Peut-être Kurt serait-il le nouveau Jack Sully. Mais le projet trop ambitieux et délicat leur fut refusé, faute de droit. Ils invoquèrent le devoir de mémoire en ultime recours mais n’obtirent pas plus de succès.

La vie de Miriam prit quant à elle un tournant brutal en février 2240. Un violent tremblement de terre dévasta Mexico, en plein Festival International du Cinéma Contemporain. Ses parents furent parmi les nombreuses victimes. Christa mourut sous les décombres tandis que Kurt rendit son dernier souffle sur son lit d’hôpital. L’adolescente d’alors assista impuissante à la mort de son père, qu’elle idolâtrait, sans avoir pu échanger un seul mot.
Elle fut envoyée dans le Massachusetts chez son oncle maternel, Eric Böhmer, un homme dont elle n’avait quasiment jamais entendu parler. Celui-ci était professeur de mathématique et physique à Harvard ainsi qu’un veuf austère. Ils se regardèrent comme deux étrangers pendant de longues années.

Pour Miriam, sa carrière d’actrice ne devait pas s’arrêter avec la mort de ses parents. Elle n’avait pas l’intention de lâcher si facilement un avenir qui lui tendait les bras. Quoique puisse en dire son oncle. Elle continua donc à entretenir ses relations dans les studios et postula pour des séries et des films. Jusqu’à ce qu’un jour Eric entre dans une colère noire, agacé par les caprices de sa nièce et l’argent qu’elle dilapidait dans des projets hasardeux. Il menaça de lui retirer le compte de ses parents et de l’envoyer en pension. Du haut de ses 17 printemps, Miriam répondit à cet ultime affront en fuguant.
Son évasion ne la mena pas très loin. Elle chercha refuge chez son manager, Alan, qui l’accueillit à bras ouvert, trop heureux de voir de la chair fraîche se présenter si poliment à son domicile. Ils discutèrent un bon moment, abordant les choix qui se présentaient à la jeune actrice. Alan la fit boire, plus par habitude d’offrir de la boisson que par vice, et il but aussi. Et il tenta d’abuser d’elle.
Il serait sans doute arrivé à ses fins si Eric n’était pas intervenu à temps. Le tonton, qui n’était pas né de la dernière pluie, n’avait eu aucun mal à retrouver la fugueuse. Juste quelques carnets d’adresses à fouiller. Dire qu’il cassa la figure à Alan serait un peu trop doux. Il l’agressa tant physiquement que verbalement que le manager allait sans doute être à jamais guéri de sa soif d’actrices en herbe.
Les quelques jours qui suivirent, Miriam les passa dans un mutisme quasi-total. Elle finit par reprendre le dessus, tant bien que mal, et alla faire ses excuses à son oncle qui les accepta avec plus de chaleur qu’il n’avait été capable jusqu’à présent. Ce fut leur façon de faire la paix et ils n’eurent plus alors d’altercation grave. La jeune fille décida de laisser tomber ses projets de cinéma, sans pour autant abandonner sa passion pour la comédie, et de se tourner vers un métier plus « utile ».

Prenant sa vie à deux mains et son tempérament se modelant sur ses nouveaux objectifs, elle partit s’installer dans un petit appartement dans le centre-ville de New-York et débuta des études de médecine. En même temps, elle s’inscrit à des cours de self-défense où, malgré ses maigres aptitudes, elle fit la connaissance de Wulan Abbey avec qui elle sympathisa rapidement. Enfin elle s’épanouit pleinement lors des stages en milieu hospitalier organisés par l’école.

Miriam venait à peine de rejoindre son oncle pour ses préparatifs de remariage quand elle entendit parler de la nouvelle expédition sur Pandora.

De retour dans le Massachusetts, Miriam était en compagnie d’Eric et de sa fiancée, Jane, quand l’ONU lança l’appel à candidatures pour la mission. La jeune médecin pas encore diplômée, considéra cette annonce avec curiosité et envie, sans oser se prononcer sur le sujet. Bien sûr comme beaucoup, elle y vit une chance de faire quelque chose de « grand ». Pourtant, et sans déprécier ses propres compétences, elle jugeait que d’autres personnes seraient bien plus aptes qu’elle pour ce type d’expédition. Ce fut une des rares fois de sa vie où elle hésita vraiment.
Eric la prit à part durant son mariage et finit par la convaincre. Elle avait bien le droit de tenter le coup elle aussi. Son oncle lui fit comprendre qu’il croyait en ses capacités, qu’ils auraient besoin d’un brin de soleil là-haut et que l’air y était de toute façon plus pur qu’ici. Enfin c’était une source de savoir qui l’attendait. Miriam ne comprit qu’un peu plus tard qu’il voulait surtout qu’elle vive loin de la Terre si jamais la comète Halley leur jouait un mauvais tour.

Miriam décida de s’accrocher à ce projet, plus par soif de connaissances que par ambition. Tout en poursuivant ses études, elle commença par potasser le sujet principal de cette expédition : la planète Pandora. Elle profita de ses week-end pour revenir chez son oncle pour pouvoir profiter de la vaste bibliothèque à l’université d’Havard, ainsi que de la présence de professeurs chevronnés. Elle souhaitait être capable d’aligner quelques théories sans arriver comme un cheveux sur la soupe. Parmi les nombreux ouvrages qu’elle dénicha, il y avait le livre d’une certaine Grace Augustine et des rapports sur la faune et la flore.
Dans sa lettre de motivation, Miriam mit en avant ses études en médecine, et l’apport qu’aurait un tel « stage », mais aussi et surtout son intérêt pour la biodiversité pandorienne. Elle cita évidemment les Na’vis mais s’attarda plus longuement sur les possibilités d’études qu’offraient les plantes. Songeant que la franchise était encore le meilleur chemin à suivre, elle n’hésita pas à indiquer sur son CV son expérience en tant qu’actrice avec ses études et ses stages. Mais elle ne cita pas sa précédente carrière dans sa lettre, préférant se présenter comme quelqu’un qui ne craint pas de bosser en équipe et qui dispose d’un certain aplomb face à autrui. Un de ses tuteurs de stage insista pour glisser un petit mot en sa faveur dans le dossier qu’elle envoya aux instances de sélection.
Puis eut lieu l’examen psychologique, son premier contact direct avec les organisateurs du projet. Miriam parvint à contenir son bavardage habituel, tout en restant enjouée, et se laissa docilement disséquer par les psychologues.
Ils notèrent autant sa réticence à parler de son passé d’actrice que l'enthousiasme avec lequel elle comptait exercer son métier de médecin. Ils la questionnèrent à propos des « possibilités d’études » fournies par la biodiversité de Pandora. Miriam leur expliqua qu’on avait déjà pu faire des vaccins à partir de venin de serpents sur Terre, dans ce cas ils pourraient tirer quelques chose de bénéfique pour les humains de la flore hostile de la planète. Les psychologues gardèrent cette information et durent reconnaître que la miss faisait preuve d’une certaine assurance tout en gardant un esprit ouvert et en quête constante d’apprentissage. Ils précisèrent aussi dans son dossier qu’elle était persévérante dans son travail, passionnée et sociable.

Il faut croire qu’elle parvint à convaincre. Miriam participa donc à la deuxième vague de sélection et se rendit au Texas où elle allait suivre toute une batterie de tests comme les 2000 candidats retenus. Elle s’en tira bien mieux sur les questions de mise en situation que sur la culture Na’vis. Certes elle avait étudié mais ne possédait pas le niveau pour postuler au rang envié de pilote d’Avatar. Et quand bien même, son ADN se révéla négative. Au final, elle valida son évaluation psychologique et remporta le questionnaire avec environ 70 à 75%.
Miriam passa le reste de l’été et le début de l’année scolaire à courir dans tous les sens pour calmer son impatience, même si ses études occupaient déjà une bonne part de son temps. Elle pensait ne pas être acceptée et en même temps elle ne voyait pas où elle avait pu foirer, à part les questions sur les Na’vis. Miriam songeait aussi au possible mémoire qu’elle pourrait réaliser pour son doctorat en médecine, si elle se lançait dans la recherche sur Pandora. Jane Böhmer dut jouer les mère-poules pour la contenir tandis que son oncle levait les yeux au ciel devant tant de nervosité typiquement féminine.

En novembre 2247, le mail qu’elle reçut failli provoquer une vilaine chute dans les escaliers. Eric montait à l’étage quand il sursauta en étendant le cri, non le hurlement de joie qui sortit de la chambre de sa nièce. Il bougonna plus qu’il ne la félicita quand elle se précipita à travers toute la maison pour transmettre son bonheur à tous les êtres vivants présent dans un rayon d’un kilomètre.

Miriam débarqua en Guyane le cœur léger au cours du mois de janvier suivant. Et même si elle conserva toute son énergie pendant cette phase d’entraînement, ces deux années ne furent pas de tout repos.
Elle fut évidemment intégrée au corps médical. Il y eut les élections des responsables par sections puis les apprentis, dont Miriam faisait partie, furent confiés à des tuteurs. C’est ainsi que la jeune femme fit la connaissance d’Ingrid Omdahl, médecin et chercheur de son état. Une femme un peu trop stricte selon l’aspirante mais elle pensait la même chose de son oncle la première fois qu’elle l’avait rencontré. Sans s’y connaître vraiment dans le domaine de la stérilité, Miriam porte un regard intéressé sur les recherches de son aînée. Elle souhaiterai pouvoir procéder à des recherches en parallèle, peut-être plus larges.

La demoiselle s’impliqua du mieux qu’elle put aux cours, notamment ceux sur l’environnement. Ce fut lors d’une séance de self-défense qu’elle retrouva Wulan, non sans un certain plaisir. Elle n’avait pas trop de difficultés à échanger avec les autres mais tomber sur quelqu’un qu’elle connaissait un peu plus la rassura.
Pleine d’attention, Miriam alla jusqu’à présenter des activités pour les périodes de temps libre sur la future base de Pandora. Elle proposa entre autres de créer un groupe de théâtre, excellent moyen selon elle d’évacuer le stress et de communiquer différemment avec les membres de l’équipe.
Durant un cours de mise en application de leurs pratiques, la miss apprit à connaître un peu mieux le « vilain petit canard » du groupe de sécurité, Shawn Cleveland. Il se fit étonnamment plus calme que de coutume, ce qu’elle ne manqua pas de relever en silence. Elle se comporta alors comme elle le faisait avec tout le monde, naturelle et joviale comme s’il ne s’était jamais comporté autrement. A priori le courant passa plutôt bien. C’est le premier homme, en dehors de son oncle, que Miriam côtoie avec autant d’aisance, même s’il a besoin d’une claque de temps en temps.

Puis arriva le jour J. Début d’année 2250, les heureux élus devaient s’apprêter à quitter la Terre. Miriam ne put s’empêcher de tirer une petite larme en lançant un dernier au revoir à sa famille, Eric et Jane. Une volonté inébranlable l’animait. Elle sentait qu’elle pouvait enfin faire quelque chose de bien de sa vie.

Le voyage interstellaire dura environ cinq ans qu’elle n’eut même pas le loisir de voir passer. Comme c’était étrange de si bien dormir pendant tant de temps et de se réveiller comme si on s’était couché la veille. A ceci près que les muscles avaient besoin de retrouver un peu de tonus. Déjà que Miriam n’était pas épaisse…

Le débarquement sur Pandora lui coupa le souffle au point qu’elle fut incapable d’articuler des phrases correctes pendant les deux heures qui suivirent son arrivée sur la Tortue. Elle se demanda alors comment des hommes avaient pu oser porter la main sur tant de beauté juste pour un bout de métal gris et moche. Poursuivant ses études dans ce nouvel « internat », et à deux ans du doctorat, Miriam s’est depuis fait une petite place dans les labo et à l’infirmerie, gardant une part de son temps libre pour son mémoire et une autre pour le théâtre. Comme une boule de bonheur qui ne cesse de briller.