I trusted you ! What the hell is that ? ♦ feat. Seth

I trusted you ! What the hell is that ? ♦ feat. Seth Iconzs2

© Mymz & Psychadelya

I trusted you ! What the hell is that ?
feat. Seth Sullivan & Saona Kalani

Deux Avatars devaient partir en mission cet après-midi là et Saona était de corvée. Non qu'elle n'aimait pas son travail mais en ce moment elle avait l'impression d'y passer sa vie entière – oui en fait, c'était le cas, elle vivait sur son lieu de travail et était à 5 années de sa maison – et de ne plus avoir aucune autre occupation. Elle voyait rarement Lee, ce qui lui manquait énormément car elle était la seule qui parvenait à détendre Saona d'une seule parole, et n'avait même pas l'occasion de faire quelques trucs amusants, comme danser, aller boire un pot au bar de la Tortue de temps à autres pour parler avec les membres de l'expédition... ou voir Lorenzo. Lui aussi lui manquait terriblement, elle se sentait vraiment seule en cette période et ne prenait que peu de plaisir à venir travailler. Elle était à cran, de mauvaise humeur et plutôt nerveuse, ce qui rendait son travail plus difficile encore, et lui demandait un effort de concentration supplémentaire.
Bref, elle avait besoin d'un break. Chose qu'elle ne risquait cependant pas d'avoir de sitôt, ce qui la déprimait encore plus. Si au moins elle avait un petit ami pour se défouler le soir venu. Mais ce qu'elle avait de plus proche, c'était Lorenzo, et ils ne s'étaient même pas encore embrassés ! Autrement dit, sa vie amoureuse était lamentable.

Soupirant, la jeune femme s'avança dans la salle des connexions, qui était encore calme à cette heure-ci. Elle devait préparer le matériel, s'occuper de tout avant que les pilotes n'arrivent. En marchant vers le quartier des Avatars, elle avait croisé un couple de personnes qui riaient et semblaient accoutrés pour sortir. Elle avait profondément soupiré en les voyant passer du bon temps. Cela lui arracha un nouveau soupir.
Elle s'affaira sur les différents appareils, vérifiant les données des deux pilotes qui étaient censés se connecter à leur Avatar et sortir ce jour-là, puis prépara leur coffre. Enfin, l'heure H arriva et les deux pilotes ainsi que deux assistants pour la connexion la rejoignirent dans la salle. Elle les salua d'un ton plus morne qu'elle ne l'aurait voulu et donna ses différents ordres, tandis que les pilotes s'installaient.

Elle connecta la femme en premier, et tout se passa normalement. Les constantes étaient normales, la connexion parfaite, le processus était en route et régulier. Elle se dirigea donc vers l'homme d'un pas nonchalant, referma le couvercle sur lui et lança la procédure, tandis que les assistants vérifiaient les constantes de l'un et l'autre pilote. La femme était toujours dans la normale et attendait sagement son coéquipier. C'est alors que l'assistant, d'une voix tremblotante, affirma qu'il pensait qu'il y avait un problème. Fronçant les sourcils, Saona grommela sur un ton qu'elle seule pouvait entendre et abandonna le pilote pour venir vérifier les dires de son assistant.

Qu'est-ce qu'il y a ? Vous pensez, ou vous assurez qu'il y a un problème ? Dans ce métier, on n'a pas le temps pour les simples pensées, il nous faut du concret ! Qu'est-ce que c'est que ça ?? Arrêtez-moi le processus tout de suite, vous allez le tuer ! s'emporta-t-elle en constatant avec effroi que le pilote était dans un état grave. Le processus de connexion était déficient et mettait en danger la vie du pilote si on ne l'arrêtait pas immédiatement.

Dès que l'assistant eu tout débranché et que le processus fut stoppé, Saona se rua vers le pilote. Elle ouvrit le capot, et inspecta l'homme qui était inconscient. Il était vivant, mais les séquelles d'une telle dose de stress et de ce qui s'était produit dans ce caisson étaient un mystère pour l'instant.

Appelez l'infirmerie et dites-leur qu'on leur envoie un pilote en état comateux ayant subi une déficience de connexion ! Qu'ils préparent le scan ! Vite !

Saona se dépêcha, à l'aide des deux assistants, de transporter le pilote sur un brancard afin de l'emmener à l'infirmerie. Ils se hâtèrent pour l'y conduire et une fois là-bas, de nombreux examens furent effectués. Cela prit plusieurs heures et ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'elle retourna enfin vers la salle des connexions, à présent vide, à nouveau. Le pilote n'avait rien, mais il était toujours inconscient, ce qui inquiétait la jeune médecin. Elle s'assit un moment sur une chaise et réfléchit, se demandant ce qui avait bien pu se passer. Sachant qu'elle ne pourrait pas dormir après une telle après-midi et qu'elle n'avait pas le cœur à aller s'amuser, elle décida d'appeler un technicien pour effectuer les réparations et les tests nécessaires au système de connexions.

Elle fouilla dans un tiroir et trouva enfin la liste qu'elle recherchait. Elle parcourut rapidement les différentes colonnes et tomba sur Seth Sullivan, le créateur du système informatique de la Tortue. Haussant les épaules, elle pensa qu'il devait pouvoir l'aider puisqu'il s'en connaissait en informatique. Elle composa donc son numéro rapidement sur l'écran tactile, et attendit que la personne réponde.
Un jeune homme brun apparut peu après sur l'écran, les cheveux ébouriffés et l'air fatigué. Sceptique, Saona mit quelques secondes avant de parler.

Hum... Monsieur Sullivan, c'est bien ça ? Je m'appelle Saona Kalani, je suis médecin et responsable des connexions des pilotes avec leurs Avatars. On a un souci ici qui requiert l'intervention de quelqu'un, pourriez-vous venir ? C'est assez urgent et important ! Merci beaucoup !

Elle réalisa alors que l'image ne bougeait pas et qu'il s'agissait du « répondeur » de son interlocuteur. Raccrochant, elle jura en traitant les informaticiens de paresseux et d'incompétents, et lança la liste du personnel à travers la pièce. Puis elle finit par reposer ses bras sur le bureau, la tête sur ces derniers... et s'endormit.

Seth ignora totalement l’alarme d’appel entrant lorsque celle-ci se mêla à la cacophonie ambiante. Coups de lance, tir de mitraillette, rugissement de Thanator, cris d’agonie et autres effets sonores du meilleur jeu vidéo du siècle dernier: Pandora Conquest masquait totalement la sonnerie. En grand amateur qu’il était, Seth n’avait pas pu s’empêcher d’acquérir ce trésor de divertissement paru quelques semaines avant le départ de l’Expédition. Évidemment, les grandes compagnies de sport électronique avaient carrément dénaturé l’objectif réel de la nouvelle mission Pandorienne pour qu’elle corresponde davantage à sa clientèle: une bande de rustres avides de sang. Inutile de spécifier que l'hémoglobine était présente en quantité industrielle.

De sa collection, c’était le seul jeu vidéo qu’il avait pu faire passer comme « Matériel de travail » plutôt que comme « Effets personnels » (ces derniers étant strictement limités). « C’est dans la cadre d’une étude qui compare l’image médiatique reçue par le public avec le mandat officiel de l’ONU par rapport à notre mission sur Pandora» avait-il expliqué au contrôleur avec, en coin, un sourire espiègle qui s’était voulu angélique. Le pauvre bougre, sans doute intimidé par la quantité d’universitaire surdoué qui avait défilé devant lui cette journée-là, n’avait pas osé poser davantage de question, au grand désespoir de Seth qui s’était préparé une solide argumentation (et une copie des données du jeu soigneusement dissimulée dans la base de donnée de Mnémosyne).

« Prenez ça bande de Terriens sanguinaires et retournez détruire votre misérable planète » cria-t-il, totalement obnubilé par le jeu.

Son enthousiasme fut bien vite réduit à néant devant les 8 lettres les plus redoutées du monde du jeu vidéo: GAME OVER. Un air mélancolique raisonna des hauts-parleurs haute qualité avant de le silence ne revienne dans la pièce. Mnémosyne profita de ce court moment de répit entre deux parties pour interrompre l’informaticien dans ses activités hautement… professionnelles.

« Un nouveau message de Saona Kalani t’attends dans ta boîte de réception depuis 24 minutes, Seth. »

Véritablement surpris et inquiet d’avoir manqué un appel qui pouvait être important, le principal intéressé demanda à entendre le message. Il avait déjà entendu parler de Saona par l’intermédiaire d’une amie commune: Leanne Campbell, mais se demandait pourquoi la médecin souhaitait le contacter. Leurs domaines d’expertise étant si différents qu’aucun lien logique évident ne pouvait les rassembler. Sauf si le motif de son appel n’avait rien de professionnel… à cette heure avancée de la nuit, tous les gens sensés avaient arrêtés de travailler depuis un bon moment déjà. Son répondeur émit son refrain caractéristique si chaleureux:

« Bonjour, vous êtes bien au numéro que vous avez composé, articula la voix enregistrée de Seth avant que celle de Saona ne prenne le relais, Hum... Monsieur Sullivan, c'est bien ça ? Je m'appelle Saona Kalani, je suis médecin et responsable des connexions des pilotes avec leurs Avatars. On a un souci ici qui requiert l'intervention de quelqu'un, pourriez-vous venir ? C'est assez urgent et important ! Merci beaucoup ! »

« Urgent et important », des mots qu’il entendait si souvent dans son métier, surtout lorsqu’il devait faire du dépannage. Il y a quelques années, il prenait ce genre de terme au sérieux, mais, à force d’expérience, il avait appris à ne plus trop s’en faire. Combien de « problèmes urgent et important » avait-il réglé en appuyant sur une seule touche ? Dans le jargon, on appelait ces faux-problèmes des « codes 40 ». Dans ces cas, l’unique problème auquel on était confronté se trouvait à 40 centimètres de l’écran: l’utilisateur. Miss Kalani ne s’était pas étalée sur les détails, mais Seth restait persuadé que rien ne pressait vraiment. Si ça n’avait pas été son boulot de répondre au téléphone à toute heure du jour… ou de la nuit dans le cas échéant, il aurait simplement ignoré l’appel et remit le dépannage (si s'en était bien un, il y avait encore la possibilité que se soit un faux prétexte) au lendemain, mais comme il était un bon petit travailleur il attrapa sa tablette tactile de diagnostique et fila en direction du Quartier Sud où l’attendait Saona.

Il trouva cette dernière dans une des salles de surveillance médicale. Seth entra sans cogner et lui adressa mécaniquement les salutations les plus cordiales qu’il pouvait à cette heure. De vaines politesses, la pauvre s'était endormie et avait la tête penchée sur son bureau. Pour avoir consulté son dossier et la photographie qui y était rattachée, il savait que la docteure était assez jolie: grande et mince, la peau couleur d’ébène, mais manifestement très épuisée par sa journée de labeur.

*Ouais, elle est pas mal, mais pas trop mon genre, pensa Seth qui redoutait toujours des raisons de Saona pour l’avoir convoqué si tard, il s’emporta après quelques secondes de réflexion, elle ne veut quand même pas faire ça dans les alcôves de connexion ! *

Il chassa du mieux qu’il put cette idée de la tête tout en se disant qu’il serait peut-être intéressant de revenir sur les lieux en compagnie de Mireia, la véritable et unique élue de son cœur. Seth se reprit en tentant d’adopter une posture et une prestance un brin officielle et professionnelle.

« Vous avez appelez un technicien, mademoiselle ? » d'une voix assez forte pour la sortir de son sommeil.

Il s'agissait d'un rêve étrange. Seth Sullivan, l'homme qu'elle avait contacté pour régler le problème de la mécanique de connexions des Avatars, était dans son rêve un abruti de première classe qui ne savait même pas de quoi elle lui parlait. Il avait une voix morne, semblait peu passionné par son métier, et peu intéressé par l'aide qu'il pouvait amener à la jeune femme. En fait, il n'en avait strictement rien à faire, il se fichait pas mal que des vies soient en danger tant que cet appareil n'était pas réparé, et lui riait au nez. Elle était tout aussi fatiguée dans son rêve que dans la réalité, et s'énervait sur lui, disant qu'il était un incapable, qu'il ne savait même pas ce qu'il faisait et qu'il aurait sur la conscience les conséquences de ses actes sur des vies humaines. Même cela, il s'en fichait, et Saona l'avait alors frappé. L'homme, au lieu d'être en colère, avait semblé tout à coup émoustillé par ce contact violent. Il avait alors plaqué la jeune femme contre le mur et l'avait embrassée avec passion, passion à laquelle Saona répondait non sans ardeur. Ils finissaient au lit, dans les bras l'un de l'autre, se promettant de s'aimer jusqu'à la mort. Dans la tête de Saona, dans son rêve, elle savait que cet homme était idiot, pourtant elle ne parvenait pas à s'empêcher de l'aimer, alors qu'elle le connaissait depuis, à tout casser, 30 minutes. Soudain, toujours dans son rêve, il la plaquait à nouveau, contre le matelas cette fois, lui tenant les bras, et un air de dominateur sur le visage, et lui demandait d'une voix forte et virile : « Vous avez appelé un technicien, mademoiselle ? ». Elle ne sut pas la suite, se réveillant en sursaut.

Elle mit quelques secondes à réaliser où elle était et ouvrit les yeux péniblement, aveuglée par la lumière du bureau sur lequel elle s'était endormie. Elle releva légèrement la tête et se frotta les yeux, puis se tourna vers le dossier sous son bras, à l'opposé de Seth, qu'elle ne vit donc pas immédiatement. Le dossier tomba sous le mouvement, et elle se pencha pour le ramasser. Elle le remit en place sur le bureau, se leva de sa chaise et fit enfin face au jeune femme. Sursautant à nouveau, un petit cri de stupeur se fraya un chemin entre ses lèvres sans qu'elle ne puisse le retenir à temps.

Bon sang, vous m'avez fait peur !!! grommela-t-elle, sa bonheur humeur n'étant pas revenue pendant sa petite sieste. Elle se souvint alors d'un coup de son rêve et regarda Seth bizarrement. Une sorte de dégoût l'envahit, elle ne comprenait pas pourquoi dans son rêve, elle avait été attirée par lui, d'autant qu'il était stupide et... dégoûtant, avec son « Vous avez demandé un technicien, mademoiselle ? ». Rien que d'y penser, ça lui filait la nausée. Comment pouvait-elle être attirée par si peu de classe et de romantisme, même dans un rêve ?
Elle se détourna de Seth, préférant chasser les images qui lui venaient en tête avant de reprendre la conversation. Elle ne savait pas exactement depuis combien de temps elle avait appelé ce jeune homme à l'aide. Elle regarda sa montre et constata qu'une bonne demi-heure était passée, déjà. Elle bailla en refaisant face au technicien.

Ça fait une demi heure que je vous ai appelé ! N'avais-je pas précisé que c'était urgent ? dit-elle en l'inspectant et en le fixant droit dans les yeux. On a un problème avec le système de connexion des Avatars, du moins avec l'un d'eux. Je suis de garde et vous aussi, semble-t-il, alors j'ai pensé qu'on pourrait régler ce problème maintenant, histoire que tout ça soit réglé pour demain.

Elle avait cette fois adopté un ton un peu plus aimable, bien qu'elle soit agacée par la nonchalance apparente du jeune homme. C'était peu professionnel de se pointer avec une demi-heure de retard quand il s'agissait d'un cas urgent, sans même prévenir. Elle se rendait bien compte qu'elle était de mauvaise humeur et qu'elle n'avait pas à la passer sur lui, mais son exigence habituelle la poussait à agir de la sorte. Elle éprouva néanmoins un élan de compassion pour son « collègue », vu qu'elle venait prendre connaissance de l'heure. Elle se dirigea donc vers la machine à café.

Je vous en fais un ? demanda-t-elle gentiment, cette fois. Lait ? Sucre ? Le système de connexion déficient est juste sur votre gauche. Je ne sais pas de quoi vous avez besoin !

Seth était loin d’être le modèle à suivre pour quiconque aurait aspiré à une brillante carrière dans le prestigieux domaine de l’assistance technique. Si ces compétences en informatique ne pouvaient être remises en question, l’homme se savait très maladroit quand venait le temps de communiquer avec le client sans le froissé. Simplement, il manquait cruellement de tact et de doigté pour travailler dans le domaine. Bien-sûr, à force d’expérience, il avait mémorisé quelques formules clés censées le sortir des mauvaises situations. Des phrases aussi futiles que « Merci, grâce à vos explications, je comprends le problème » ou, encore, « Vous avez bien fait de m’appeler » lui étaient inestimables. D’ailleurs, il avait pour habitude de les déclarer à intervalles réguliers aussitôt arrivé dans le bureau d’un client. D’un dépannage à l’autre, il donnait toujours le même discours préprogrammé sans en déroger. Aussi, quand il était entré dans la salle de surveillance médicale et qu’il y avait trouvé Saona endormie, c’est presque malgré lui qu’il avait prononcé son introduction habituelle, qui, dans ce cas particulier, ne convenait manifestement pas.

« Vous avez appelez un technicien, mademoiselle ? »

Seth savait qu’il y avait mieux pour réveiller une femme endormie, et Miss Kalani semblait elle aussi de cet avis car elle s’était levée d’un bond, apparemment en colère. Une réaction parfaitement justifiée dans les circonstances.

Citation :: Bon sang, vous m'avez fait peur !!!

Évidemment une fois les premières émotions passées, elle lui reprocha son retard. Il lui rappela l’urgence de la situation. Le profil type du médecin chevronné qui, visiblement, avait de la difficulté à suivre le rythme de travail sur Pandora. Seth ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Au contraire, il la comprenait parfaitement, lui-même trouvait imposant le rendement que demandait le Conseil à chacun des membres de l’expédition. Officiellement, il n’existait aucun syndicat ici, aucune norme pour protéger les travailleurs de la fatigue professionnelle. Heureusement que Raven Galloway était un homme bon, car d’autres que lui auraient pu profiter de la situation et utiliser à mauvais escient ce manque de législation.
Elle lui expliqua ensuite le problème au mieux de ses connaissances. C’est loin d’être exhaustif comme descriptif, mais il s’en contenterait. Du moins, n’importe quel ingénieur certifié, s’en aurait contenté. Lui, ne connaissait que très peu de chose à la mécanique et au fonctionnement du système de connexion. L’informatique et l’électronique restaient deux domaines bien distincts qui étaient souvent confondu, à tort, par les novices. Bien-sûr, il était bien trop fier pour admettre son manque de connaissances en la matière.

*Ça ne doit pas être si complexe* se consola-t-il.

« Veuillez excuser mon retard. À cette heure, j’ai moi-même eu un peu de difficulté à lever la tête de mon bureau, mentit-il, la situation me semble, en effet, extrêmement urgente et sera réglée au meilleur de mes compétences. Et oui, je prendrais bien un café s’il vous plait. »

Voilà qui avait été un joli petit discours. Peut-être, qu’après ça, il avait réussit à regagner la considération de sa collègue. Il se dirigea donc vers l’alcôve déficiente et se réconforta que cette réparation soit la seule raison de sa visite dans le Quartier Ouest, lui qui s’était préparer à repousser les ardeurs d’une médecin en manque. Mais était-ce réellement une consolation ?

*Bien-sûr que si, tu n’aurais pas trompé Mireia tout de même*

Il chassa rapidement cette pensée parasite et ouvrit le panneau d’accès aux composants du système. L’informaticien eut un frisson en constatant l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Il resta figé devant la quantité impressionnante de fils, de composants et autres éléments qu’il ne savait définir, mais s’efforça de ne laisser paraitre aucune surprise pour éviter de perdre une fois de plus la face devant Saona. Il toussota légèrement pour se donner du courage. Puis, sur un ton qui trahissait un manque total de confiance en ses moyens, s’adressa à l’IA de la base :

« Mnémosyne, tu me fais un scan complet de ce système et tu le compares avec ses plans techniques originaux, je cherche les anomalies. Résultats sur ma tablette, s’il vous plait.»

Quelques secondes de patience et s’afficha sur la tablette tactile, que Seth gardait toujours près de lui, les plans de l’engin. En rouge était indiqué le composant à remplacer et une brève description du rôle de la pièce dans le système. En bon petit technicien, il présenta le problème à sa cliente en ayant pris soin, au préalable, de faire disparaître la description pour ce donner un brin de crédibilité.

« Il va falloir remplacer ce composant, lui expliqua-t-il en montrant ladite pièce du doigt, c’est en fait ce qui permet de réguler les échanges neuronaux entre l’Avatar et son prioritaire. En temps normal, c’est censé protéger le cerveau humain durant le transfert de conscience. »

Il fit une pause pour laisser le temps à Saona de bien absorber l’information, et de considérer les risques pour le pilote si cette pièce venait à faire défaut comme c’était le cas présentement. Sur un air beaucoup plus grave, il ajouta :

« Je déteste l’admettre, ou même le penser, mais si quelqu’un avait voulu tuer votre pilote, c’est exactement le genre de pièce sensible qu’il aurait dû saboter. »

Sur ces mots, Seth ne pu s’empêcher de penser aux mercenaires et à la récente autorisation de l’ONU les concernant. Peut-être que l’ennemi était encore plus violent et déterminé qu’il ne le laissait paraître.

- Contenu sponsorisé -