Né à Koursk, ville située dans l’ouest de la Russie, Aleksei a toujours été un enfant turbulent et extrêmement curieux. Ainé de deux filles, il est le seul garçon de la famille et, très tôt, son père lui a confié ce rôle de chef de famille et d’aîné de la tribu, espérant qu’un peu de responsabilité assagirait son garçon. Il n’en fut rien, malheureusement pour lui, et Aleksei a longtemps traîné, que ce soit au sein de sa famille ou de ses divers établissements scolaires, une réputation de petit diablotin qui ne parvenait pas à rester en place plus de cinq minutes.
Son père étant militaire et très souvent absent, le jeune garçon a très vite appris à se débrouiller par lui-même, ne voulait pas ajouter une charge supplémentaire à sa mère qui, en plus de s’occuper de ses jeunes sœurs, devait également composer avec son boulot d’infirmière dans l’un des hôpitaux de la ville. Indépendant, débrouillard, Aleksei a passé beaucoup de temps à fouiner un peu partout, dès qu’il le pouvait, histoire d’apprendre par lui-même. Calme et très concentré, si toutefois le sujet qu’il étudiant retenait un tant soit peu son attention, ses parents comme ses professeurs ont vite compris que le seul moyen de calmer le turbulent petit garçon était de l’intéresser à quelque chose. Cela a commencé par les trains, Koursk étant une ville au trafic ferroviaire important, puis cela a continué avec d’autres moyens de locomotions, beaucoup plus pourvoyeurs de rêves que de banals trains : les avions, les hélicoptères, bref, tout ce qui permettait de s’envoler et de découvrir d’autres horizons.

Si on lui avait demandé ce qu’il voulait faire dans la vie, alors qu’il avait seulement dix ans, Aleksei aurait sans doute dit qu’il voulait être pilote. Ou medecin / pilote d’hélicoptère. Oh oui, ça, ça lui aurait bien plus. Mais ses parents ne disposaient pas des moyens financiers nécessaires pour lui payer un brevet de pilote, alors, le petit Aleksei a du se conformer à son deuxième souhait : il serait médecin !
Cette envie l’a pris très tôt, lors de la naissance de sa petite sœur, Yvana. Les blouses blanches, la folie qui caractérise le service des urgences de l’hôpital, la passion de ses hommes et de ses femmes… qu’est-ce qui a pu intéresser et retenir l’attention du gamin de sept ans qu’il était alors ? Nul ne le sait. Quoi qu’il en soit, le petit avait vite trouvé le sujet intéressant, et quand sa passion des appareils volants ne put plus être satisfaite par manque d’argent, il se tourna vers son second choix.

Sa ville natale possède un grand centre universitaire, y compris médical : l’orientation de ses études fut vite décidée. Malgré le fait qu’il ne tienne guère en place, Aleksei avait toujours été un bon élève, pour peu que le sujet retienne son attention. Ses parents lui avaient toujours répété que seules les études l’emmèneraient loin d’ici, et le jeune homme les avaient écouté : il obtint une bourse d’étude, et une carrière médicale se vit toute tracée devant lui.
Mettant au service de ses études la même curiosité, le même tempérament de fonceur qui lui avait valu des reproches étant enfant, Aleksei se distingua bien vite de la masse de ses camarades. Bien intégré, consciencieux et acharné dans les études, il l’était tout autant dans les différents stages qu’il avait mené. C’est d’ailleurs l’un de ses professeurs qui lui offrit cette chance, une chance de voir un autre horizon que son monde, que sa terre même. Les bases humaines se développaient, la lune, Mars… et là-haut, on demandait des médecins. Les hommes avaient de l’ambition, mais ils restaient des hommes, et le corps humain avait de nombreux besoins.
Vingt-cinq ans. C’est l’année de ses vingt-cinq ans qu’Aleksei décrocha son diplôme de médecine, et décida de sa spécialisation : loin. Il n’avait jamais eu l’ambition de devenir le plus grand chirurgien de Russie, ni même de fonder sa propre clinique dans sa ville natale. Il voulait soigner les gens, être au plus près d’eux, sur le terrain, là où on avait besoin de lui. Spécialisé en « bobologie », traumatisme et autres problèmes, Aleksei décrocha une place dans le plus réputé des hôpitaux de Koursk, travaillant d’arrache-pied au service des urgences, dans l’espoir d’être enfin accepté ailleurs, de pouvoir quitter ce pays qui, s’il restait cher à son cœur, commençait à l’étouffer.

Le jeune médecin décrocha enfin son ticket pour ailleurs. L’un de ses anciens professeurs le retint pour une mission sur l’une des bases de Mars, nécessitant du personnel médical motivé et, surtout, désireux d’apprendre. Sa candidature fut retenue, et Aleksei, enfin, réalisa son rêve de partir au loin, de goûter à l’aventure tout en exerçant ce métier qu’il aimait, celui de soulager les autres. Longtemps, d’ailleurs, il s’est demandé d’où venait cette vocation d’aider, et de ne pas simplement chercher à gagner de l’argent : médecin, après tout, était une profession enviable. Mais le jeune homme devait bien l’avouer : il aimait l’aventure, le changement, la découverte. Cette amour pour l’exploration ne l’avait pas quitté, même s’il avait grandi, et cette nouvelle expérience qui s’offrait à lui, il se promit de la prendre comme toujours : plein de passion.
Il passa un an et demi sur Mars, principalement comme assistant du médecin-chef, à assurer tous les petits à-cotés : bobos (allant de la simple entorse à la fracture, en passant par les contusions et coupures), rhumes, grippes… tout ce qui ne nécessitait pas de déranger son supérieur, ou alors, si ce dernier avait besoin de son aide. Ce boulot lui procurait pourtant une intense satisfaction, et il en avait la certitude : c’était cela qu’il lui fallait, cela qu’il voulait faire : être au cœur de l’action. Mars regroupait en grande majorité des scientifiques, et Aleksei s’intéressa lui aussi à ce qu’ils étudiaient. L’astronomie devint bientôt l’un de ces hobbies, et à l’en croire, les étoiles vu de Mars avaient une toute autre apparence que celles qu’on ne voyait presque plus sur terre, à cause de la pollution.

En rentrant sur Terre, il était impensable pour le jeune médecin de ne pas retourner au cœur de l’action. Le médecin qu’il avait assisté lui fit part de la mission qui se préparait sur Pandora, et enjoignit Aleksei d’envoyer sa candidature, accompagné d’une recommandation. Ce que fit sans hésiter le jeune Russe, avide de découvrir de nouveaux horizons. Il ne s’était que peu renseigné sur Pandora, mais fit davantage de recherches lorsqu’il envoya son dossier. Ce dernier était sans tâche et plutôt prometteur, il le savait, mais il n’était pas sans ignorer que ceux qui enverraient eux aussi leur dossier auraient sans doute la même pensée. La lettre de motivation ferait la différence, il le savait… mais pourtant, il s’attacha à ne pas se présenter de façon erronée ou mensongère.
Dedans, il décrivit sa passion pour la médecine, son envie de découverte et de faire avancer les choses, de se trouver au cœur de l’action aussi, là où on avait besoin de lui. Totalement sincère, il ne lui restait plus qu’à croiser les doigts, et à reprendre ses gardes : à son retour de Mars, il avait décroché un poste de médecin urgentiste dans un hôpital américain. Une fois que l’on a goûté au bonheur d’être loin, c’est plutôt difficile de rentrer !
La réponse, et son admission au programme, lui arrivèrent comme une promesse pour une aventure palpitante, et comme un nouveau défi à relever. Bien qu'il est encore beaucoup à prouver en tant que médecin terrestre, le futur apparaissait encore plus prometteur sous le ciel Pandorien!

Après avoir reçu une première réponse le présentant comme l’un des 20 000 sélectionnés, Aleksei savait que tout n’était pas joué pourtant. Les candidats à l’expédition devaient subir une batterie de tests, tant physiques que psychologiques, et rien ne lui promettait la réussite. Sauf une confiance en soi et en son potentiel inébranlable !
Et puis, tout s’enchaîna : le mail annonçant sa réussite, son arrivée en Guyane, pour y rencontrer ses futurs collègues, mais aussi pour y subir un entraînement intensif.

Deux ans : deux années pour que les candidats puissent enfin être déclarés prêts. Durant ces deux années d’ailleurs, Aleksei n’avait, comme à son habitude, pas tardé à se faire remarquer pour son attitude ouverte et son désir irrépressible de se faire des amis !
Et puis vint le jour J : le transfert vers Pandora, terre de promesses. Pour un passionné d’astronomie tel que le jeune russe, ce fut un véritable crève-cœur que de se dire qu’il n’allait rien voir de toutes les merveilles que recelaient l’extérieur du système solaire, mais hélas, c’était pour la bonne cause ! Et puis, après tout, rien ne l’empêcheraient après d’étudier les étoiles vues de Pandora !

Dès son arrivée, et comme à peu près dans chacun des endroits où il avait été appelé à vivre ou à exercer, Aleksei se sentit comme un poisson dans l’eau à l’intérieur du complexe. Volontiers serviable, il n’hésitait pas à donner un coup de main à ceux qui le nécessitaient, se rendant utile dès que possible. Sa bonne humeur, son franc-parler et ses compétences en firent vite quelqu’un qu’on croisait souvent, et le russe ne mit pas longtemps avant de connaître l’endroit comme sa poche. Dès que possible, il trouvait un endroit pour voir de ses yeux la splendeur de la planète qui les accueillaient, et étudier la richesse de la culture autochtone. Et de la langue, également : malgré les cours intensifs, Aleksei était conscient d’avoir encore quelques lacunes.
Bref, sans nul doute, le médecin se sentait clairement dans son élément, et il était difficile de ne pas le croiser quand il n’avait rien d’urgent à faire, dans les couloirs de la base ou dans la zone autorisé.