Au beau milieu de la nuit - PV Craig Emerson

La nuit. C'était le moment qu'Indira appréciait le moins. Tant d'heures qui s'écoulaient interminablement, à tourner et se retourner dans son lit... C'était quand même terriblement agaçant, ces insomnies qui la prenaient par périodes et l'empêchaient de trouver le sommeil. Heureusement, cela ne durait jamais bien longtemps : deux, trois nuits d'affilée, et elle était tranquille pour un bon mois. Sauf que là, cela faisait déjà la cinquième nuit qu'elle ne pouvait dormir que quelques heures, et son travail s'en ressentait. Ses ennuis de vertige se manifestaient d'ailleurs plus fortement à cause de la fatigue, et elle savait bien que cela ne jouait pas en sa faveur...

Pourtant, Indira aimait tellement ce qu'elle faisait qu'elle ne savait pas ce qu'elle deviendrait si on le lui ôtait. Le meilleur de ses journées, c'était quand elle rejoignait son Avatar et testait les limites de ce nouveau corps. Bien sûr, la course de branche en branche n'était pas vraiment au goût du jour, avec ses problèmes d'oreille interne, mais elle appréciait néanmoins de traverser la forêt en humant les senteurs inédites de la jungle de Pandora. Elle aimait ce calme souverain qui la prenait lorsqu'elle marchait comme ça à l'aventure, le nez au vent, oubliant parfois jusqu'à la mission qu'elle s'était attribuée et qui consistait à en découvrir plus sur les coutumes sociales des Na'vis.

Bien sûr, c'était passionnant - même si les autochtones ne se montraient pas particulièrement enthousiastes à la perspective de partager leurs coutumes avec elle. Évidemment, leur expérience désastreuse au siècle précédent expliquait cette attitude, et un petit défi ne lui faisait pas peur. Elle avait noué quelques relations de travail avec un ou deux Na'vis, et malgré leur méfiance, en avait appris beaucoup. Étrangement, elle se sentait comme chez elle dans cet environnement étrange et exotique. Sans doute parce qu'elle avait eu la tête dans les étoiles dès son premier souffle et que les légendes de Pandora avaient bercé ses rêves d'enfant. Tellement de paysages déroutants, de sons étranges et de couleurs qui n'existaient pas sur Terre... Indira était consciente de la chance qui était la sienne. Et même affligée d'un vertige qui, bien que paralysant, allait en s'améliorant, elle profitait pleinement de ces nouveautés grisantes qui lui faisaient tourner la tête et allumaient l'espoir dans ses yeux. L'espoir de trouver matière à étancher sa soif se savoir et sa curiosité insatiable, espoir de trouver en ce nouveau monde une place qui lui conviendrait vraiment, une place faite pour elle, un rôle et une mission qui lui permettraient de s'accomplir...

Pour le moment, elle restait un peu à l'écart de ses collègues. Elle sentait bien qu'ils n'avaient plus confiance en ses capacités après la découverte de son nouveau souci de santé, et même si elle s'efforçait de comprendre leur point de vue, elle se sentait blessée pat leur attitude. Elle qui s'était toujours promis de devenir une personne fiable... ce n'était pas gagné. Voilà pourquoi Indira préférait les endroits un peu dissimulés, les pièces délaissées : son goût de la solitude s'y plaisait parfaitement.

Harcelée par l'insomnie, elle avait quitté son lit au beau milieu de la nuit, passant un châle le débardeur et le short dans lesquels elle dormait - les nuits étaient froides dans les couloirs de la base. Pieds nus dans l'obscurité, elle se rendit silencieusement dans le mess, désert à cette heure dédiée au repos. La sentinelle de garde à une intersection du couloir ne lui prêta pas la moindre attention - il avait certainement l'habitude des scientifiques un peu tarés qui surveillaient leurs expériences à toute heure du jour et de la nuit. Encore que la jeune femme, avec ses cheveux emmêlés cascadant dans son dos, n'avait pas vraiment l'air d'une scientifique au travail. Après quelques minutes d'errance dans la vaste salle vide, elle finit par stopper près de l'immense baie vitrée qui offrait une vue splendide sur le paysage de Pandora.

Que c'était beau...

Certain évènement marque à tout jamais une vie, c'est le cas pour Craig. Ses nuits n'étaient plus calme et paisible comme elle l'était il y a dix ans. Maintenant la simple idée de dormir pouvait l'angoisser car il savait qu'il allait faire des cauchemars. Malheureusement le corps humain à besoin de sommeille et le soldat ne pouvait pas y échapper malgré toute sa bonne volonté. Les bras de Morphée finissait toujours par le faire sombrer qu'il le veuille ou non. Il luttait pour ne pas s'endormir pendant une heure plus ou moins. Puis, sans s'en rendre compte ses paupières se fermaient inévitablement tellement elles étaient lourde pour le faire entrer dans cette état de "coma". Chaque nuit ou presque c'était la même chose, il rêvait ou plutôt il revivait le moment le plus marquant et terrible de sa vie. Les évènements ne se passaient pas toujours de la même façon, il pouvait aussi bien être spectateur, qu'acteur ou même les deux.

Sur le siège passager de sa voiture, il regardait la route sans rien dire encore emprunt à la tristesse, sa femme au volant ne disait rien non plus. Les enfants derrière se contentaient de regarder le paysage constituait exclusivement d'immeuble défiler. Un sourire avait réussir à passer sur ses lèvres en regardant ses enfants, l'instant ou il retournait son regard sur la route, un choc brutal l'envoya en avant vers le tableau de bord. Son corps devait bien peser le double de son poids normal, la ceinture le retenait et lui faisait mal à la poitrine. Le choc était tel qu'il cru entendre un craquement venant de son torse, surement une ou plusieurs cotes de cassés. Puis il retomba vers l'arrière au fond de son siège avec la même violence et la même force. Sa tête heurtant l'appuie tête, sa nuque lui donna l'impression de se briser mais non, elle avait tenue le coup. Est-ce que la voiture avait fait des tonneaux, ou qu'ils avaient juste percutés un mur, il n'en savait rien. Tout ce qu'il voyait été trouble, les sons résonnaient tous comme s'il était dans une église. Des cris, oui c'était ce qu'il croyait entendre. Quelque chose de chaud coulait le long de son visage, en passa la main dessus il vit que le rouge sur ses doigts devait être son propre sang. Il voulait jeter un coup d'œil dans le rétroviseur intérieur mais celui ci n'était plus là. Le toit de la voiture complétement défoncé et enfoncé par endroit, ses jambes coincés sous le tableau de bord il commençait à avoir peur. C'est dur de réaliser ce qui vient de se passer. Sa femme aussi saignait au niveau du visage et elle était inconsciente tout comme les enfants. Ce n'est surement qu'à ce moment là qu'il réalisa, un accident, ils venaient d'avoir un accident. Son cœur s'emballa sous l'effet de la panic et du stress. Un horrible mal de crane le foudroya tout comme une subite envie de vomir. En même temps ses yeux le brulait et des larmes coulaient toutes seul. La suite était plus flou, est-ce que c'est lui qui criait ? En regardant de l'autre coté de la rue, il vit une nouvelle voiture arriver à toute allure droit sur eux, le stress qui monte, ses mains cherchant à détacher la ceinture mais en vain et "BOOM".

En sursaut et en sueur, Craig se réveilla d'un coup. Son cœur battait si fort qu'il aurait presque pu sortir de sa poitrine. En passant une main sur son visage, il remarqua que celle ci tremblait comme une feuille, en faite son corps entier tremblait. Il déglutit et parvint à se lever de son lit pour s'asperger le visage avec de l'eau dans la salle de bain. Immédiatement après, il prit son pantalon, un t-shirt, enfila chaussette et chaussure pour quitter la chambre et partir se vider l'esprit pour ne plus penser à se cauchemar. Son psy allait encore lui dire que c'est normal de revivre un moment traumatisant de sa vie, que c'est le moyen que l'esprit à pour évacuer. Le soldat lui en était moins sur. Il se dirigea directement dans la cuisine du réfectoire. Manger quelque chose pourrait lui faire oublier un court instant son passé et ça lui ferait également du bien. Un rêve si brutal ça fait perdre des forces, le seul moyen d'en retrouver c'est d'absorber des calories. Le jeune homme privilégia ce qui est sucrée, des barres de chocolat et des céréales. Tout ça en main, il alla à l'intérieur du réfectoire complétement désert, se mit à une table dans un coin et ouvrit la barre de chocolat. Le chocolat, le meilleure moyen de remonter le moral. Si ça continue comme ça, il va manger tout le stock, surtout que c'est tellement bon. Ses pensées l'occupaient tellement qu'il ne remarqua pas la présence de la jeune femme.